Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Marcillat (Guillaume (de))

Verrier et peintre français (La Châtre-en-Berry v. 1467 ?  – Arezzo 1529).

Sa carrière s'est déroulée en Italie : à Rome en 1506, il est distingué par Jules II. De cette époque datent les vitraux de S. Maria del Popolo. Marcillat a travaillé à Cortone (1515-1519), puis de nouveau à Rome (1520) et à Arezzo (1521-1525, fresques et vitraux du Dôme, l'un des ensembles majeurs du vitrail de la Renaissance). Il interpréta des modèles de Raphaël et de Michel-Ange d'une manière qui évoque Genga.

Marco d'Oggiono

Peintre italien (Oggiono, Côme, 1475  – Milan 1530 [?]).

Un des meilleurs et des plus fidèles imitateurs des manières de Léonard de Vinci, il interprète l'enseignement du maître avec une recherche d'illusion plastique qui le rend proche de Giampietrino. Parmi ses œuvres, assez nombreuses, on peut citer l'Assomption, les fresques provenant de la chapelle Bagarotti à Santa Maria della Pace de Milan vers 1519-1522, et Trois Archanges (Brera), la Nativité (Louvre), le Polyptyque Crespi du musée de Blois.

Marcoussis (Ludwik Markus, dit Louis)

Peintre français d'origine polonaise (Varsovie 1878  – Cusset, Allier, 1941).

Élève de l'École des beaux-arts de Cracovie en 1901, il arrive à Paris en 1903. Jusqu'en 1907, son œuvre sera essentiellement marquée par l'Impressionnisme, l'intimisme nabi et le Fauvisme. Dessinateur virtuose, Marcoussis s'arrête de peindre à cette date et se consacre à la caricature journalistique (dans la Vie parisienne, le Journal, l'Assiette au beurre). En 1910, il fait la connaissance d'Apollinaire et de Braque, qui le présentent à Picasso. Il se remet alors à la peinture sous leur influence et, sur les instances d'Apollinaire, change son nom contre celui de la localité de Marcoussis en Île-de-France. Dès ses débuts dans le Cubisme (le Sacré-Cœur, 1910), il affirme sa personnalité par son attachement à la matérialité illusionniste du motif et une sensibilité chromatique éminemment soucieuse de traduire la lumière, ce qui caractérise son œuvre. Il participe, en 1912, à l'exposition de la Section d'or, et l'année suivante au premier Salon d'automne allemand à Berlin, galerie der Sturm. Engagé volontaire, en 1914, l'artiste inaugure au retour de la guerre un nouveau support, le " fixé sous verre ". De 1919 à 1928, il peint une centaine de fixés, dont les meilleurs évoqueront ces mystérieuses correspondances mélodiques entre les rimes poétiques des formes simplifiées, des matières aux résonances tactiles et de la lumière.

   En 1927, il rapporte de Kérity, en Bretagne, huit paysages, où le plan du tableau est refusé au profit de la perspective géométrique traditionnelle ; la cadence immobile des horizontales et des verticales confère à ces œuvres une étrange qualité onirique de silence et d'indéfinissable angoisse ; cette dernière émane de la lumière précise de cet univers, où règne une inquiétante absence de l'homme, semblable à celle des paysages métaphysiques de De Chirico. Marcoussis, qui avait commencé à graver en 1912 (la Belle Martiniquaise, pointe-sèche), se consacra surtout à la gravure de 1930 à 1940 (Gérard de Nerval, Aurélia, 1930, 10 eaux-fortes ; Apollinaire, Alcools, 1934, 35 eaux-fortes ; Planches de salut, 1931, 10 eaux-fortes et burins composés en hommage à ses poètes préférés ; une centaine de portraits, de style linéaire, surtout d'écrivains, de poètes et d'artistes ; Gertrude Stein, v. 1934 ; Miró, par Marcoussis et Miró, 1938). Ses toiles les plus libérées de toute sujétion figurative et participant d'une abstraction géométrisée dénuée de sécheresse se situent en 1937. Son dernier recueil de gravures, les Devins (16 pointes-sèches), avec un texte de G. Bachelard, parut en 1946.

   Marcoussis a imprégné son œuvre des fermes structures géométriques du Cubisme, mais il ne s'est jamais départi d'une extrême sensibilité aux rythmes mélodiques de la nature et de la lumière. Il allie régulièrement à l'expression d'un tempérament inquiet et superstitieux, attentif à tous les signes occultes, la séduction d'un dessin allègre, d'une couleur subtilement modulée et d'une pâte recherchée, en évitant la préciosité décorative. La B. N. de Paris a présenté son œuvre gravé en 1972. Le M. N. A. M. conserve 7 tableaux et des dessins de l'artiste.

Marden (Brice)

Peintre américain (New York, 1938).

Après une période expressionniste, Brice Marden, vers 1963, commence à systématiser sa pratique, tendant à une abstraction plus géométrique, redevable de l'œuvre des grands maîtres des années 50 (Reinhardt, Newman, Rothko et surtout Kline). Depuis lors, poursuivant la même démarche, il produit des tableaux fondés, à l'exception des monochromes (Private Tille, 1966, New York Guggenheim Museum), sur le principe de la division de la surface en larges plages de couleur (mélange de peinture à l'huile et à la cire) horizontales ou verticales (Red Yellow Blue Painting 1, 1974, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery). Diptyques ou triptyques, les toiles de Marden (dont les bords, souvent non peints, renvoient au processus pictural) reposent sur un jeu de contradictions entre une structuration rigoureuse par zones et une matière sensuelle et subtile (Red, Yellow, Blue III, 1974 ; Join, 1973, musée de Grenoble ; Thira, 1979-80, Paris, M. N. A. M.).

   Marden se révèle également un excellent dessinateur. La ligne, qui n'a pas lieu d'être dans ses tableaux jusqu'en 1985, foisonne dans ses dessins en ramifications sombres qui assurent le recouvrement total de la surface du papier comme dans les Suicide Notes de 1978. Ses œuvres après 1985 évacuent l'austérité de ses monochromes au profit d'un large graphisme envahissant la toile (Blue Horizontal, 1987). Dans le domaine du dessin, la nature et la calligraphie chinoise inspirent l'artiste (Cold Mountain Series, Zen Studies, 1990). Une rétrospective a été consacrée à Marden (M. A. M. de la ville de Paris) en 1992.

Mare (André)

Peintre et décorateur français (Argentan 1885  – Paris 1932).

Il partage son enfance entre le haras du Pin et la plage de Trouville, où il côtoie Boudin, et il peint en compagnie de ses deux amis Henri Viel et Fernand Léger. À dix-huit ans, il s'installe à Paris avec ce dernier pour suivre les cours de l'École des arts décoratifs. En 1907, en contact avec le groupe de Puteaux, la Section d'or, il s'oriente vers un Cubisme directement influencé de Cézanne et se trouve en communauté avec des peintres allant de Villon à La Fresnaye. Il expose à partir de 1906 au Salon des indépendants et deux ans plus tard au Salon d'automne à côté de La Fresnaye, de Marchand, de Dunoyer de Segonzac, de Marinot. À la période cubiste (Prisonniers turcs à Monte Tomba, 1917, coll. part. ; les Chevaux, 1921, id.), où l'influence de La Fresnaye est très marquée, succède une manière plus personnelle, assez expressionniste. Après une interruption de quelques années, Mare revient en 1928 à la peinture, à laquelle il se consacre totalement jusqu'à sa mort. Il peint en 1930 une grande toile à l'occasion des funérailles du maréchal Foch (Versailles).

   Parallèlement, il entreprend en 1910 une carrière de décorateur en dessinant pour André Groult les meubles d'un petit salon exposé au Salon d'automne, auquel, l'année suivante, il participe en son nom propre en compagnie de ses amis peintres, La Fresnaye, Duchamp-Villon, Marie Laurencin, Rouault. En 1912, avec la Maison cubiste, il affirme son appartenance au groupe de jeunes qui rejettent leurs prédécesseurs et cherchent à renouer avec la tradition française, sans pourtant renoncer à l'apport que représente le monde industriel. Il dessine des meubles, des objets, des plats de reliure, dont il enlumine de couleurs vives le vélin blanc ou ivoire, qu'il affectionne. Il est chargé, en 1918, de dessiner le cénotaphe de l'Étoile avec l'architecte Louis Süe, avec qui il fonde, l'année suivante, la Compagnie des arts français. Süe et lui-même constituent une équipe où voisinent peintres, sculpteurs et décorateurs, et ils abordent tous les aspects de la décoration intérieure. S'appuyant sur la tradition, ils refusent un " art de mode " ou " révolutionnaire ", mais cherchent plutôt à créer des ensembles " sérieux, logiques, accueillants... ". Ils publient en 1921 un manifeste, Architectures, pour lequel Paul Valéry écrit Eupalinos. À l'Exposition des arts décoratifs de 1925, ils sont chargés du pavillon Fontaine et du musée d'Art contemporain. La participation d'André Mare aux arts du spectacle est réduite, mais elle lui permet de mettre en valeur son double talent de peintre et de décorateur.

   Après les décors et costumes de l'Heure espagnole de Maurice Ravel à l'Opéra en 1921, Mare réalise avec Louis Süe le montage de Robert et Marianne, une pièce de Paul Géraldy, à la Comédie-Française en 1925.