Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Hölzel (Adolf)

Peintre allemand (Olmütz, Moravie,  1853  – Stuttgart  1934).

Il fit ses études à l'Académie de Vienne à partir de 1875, et à celle de Munich à partir de 1882. Ses œuvres de jeunesse révèlent l'influence du réalisme de Leibl. En 1888, il s'installe à Dachau et y dirige un atelier de peinture, où il a Nolde pour élève, jusqu'à sa nomination à l'Académie de Stuttgart en 1906. Ses compositions de grand style — paysages et figures —, qui illustrent le plus souvent des thèmes bibliques, expriment un sentiment de sérénité. Une tendance de plus en plus grande à l'abstraction le conduit, dès 1905, à réaliser des tableaux non figuratifs (Composition en rouge I, 1905, Hanovre, Pelikan Kunstsammlungen ; Abstraktion, 1912 ; Abstraktion II, v. 1913-14, Stuttgart, Staatsgal.). Professeur à l'Académie de Stuttgart jusqu'en 1919, il y exerça une grande influence, à la fois comme maître et comme théoricien. Parmi les artistes qu'il influença, citons notamment O. Schlemmer, I. Kerkovius, O. Meyer-Amden, A. Segal, J. Itten. L'allure monumentale de son style lui valut des commandes de décorations murales et, à partir de 1916, des projets de vitraux ; il a décoré en 1916 la salle des séances de la fabrique de biscuits Bahlsen à Hanovre, en 1929 l'escalier de l'hôtel de ville de Stuttgart et la salle des séances de la fabrique de couleurs Günther Wagner à Hanovre, en 1934 l'escalier de la firme Maerklin à Stuttgart. À partir de 1923, il utilisa presque uniquement le pastel. Ses principes pédagogiques furent en particulier repris par Johannes Itten au Bauhaus et eurent, ainsi que sa théorie des couleurs, un grand retentissement.

Holzer (Jenny)

Artiste américaine (Gallipolis, Ohio, 1950).

Le médium utilisé depuis 1977 par Jenny Holzer est le langage, placé sur des supports variés (affiches, tee-shirts, plaques de métal, dérouleurs lumineux électroniques [" light-emitting diode "]). Après des études classiques d'arts plastiques à Durham (Caroline du Nord), Chicago, Athens (Ohio) et Providence (Rhode Island), Jenny Holzer commence une carrière de peintre abstrait jusqu'en 1977, date où, dans le cadre du programme d'études du Whitney Museum, elle exécute sa première série de Truismes, séquences de phrases déclamatives du type " l'humanisme est obsolète ", réunis par groupes de 14 ou 16 sur des affiches collées sur les murs de Soho.

   De 1979 à 1982, la série des Essais inflammatoires poursuit le même type d'intervention, avec des textes politiques, sur des papiers colorés (Documenta de Kassel, 1982). Parallèlement, les Living Series (1980-1982), commentant des activités de la vie quotidienne, marquent l'utilisation par l'artiste d'un nouveau support, les dérouleurs électroniques (lignes lumineuses de textes ou d'images), pour la première fois à New York (Time Square), au cœur de la ville, en concurrence avec les panneaux publicitaires. Les images électroniques induisent le développement d'une nouvelle série, plus proche de préoccupations personnelles, les Survival Series, qui apparaîtront également sur des pompes à essence ou des parcmètres. À partir de 1986, les signes électroniques sont placés en parallèle avec des bancs de pierres gravées, évocation de la permanence, dans les séries Under a Rock (Sous une pierre) et Laments (New York, Dia Art Foundation, 1989). Jenny Holzer a présenté des expositions à la Kunsthalle de Bâle en 1984 et au Guggenheim Museum de New York en 1989. En 1990, elle occupe le pavillon américain de la Biennale de Venise.

Holzer (Johann Evangelist)

Peintre allemand (Burgeis 1709 – Cologne 1740).

Originaire du Tyrol, il reçut sa première formation à Saint-Martin (Passeiertal), puis fut apprenti chez J. A. Merz à Staubing de 1728 à 1730, date à laquelle il devint élève de l'Académie d'Augsbourg. Il fut le compagnon de Bergmüller de 1732 à 1736, travailla chez l'éditeur J. A. Pfeffel de 1736 à 1738. Ses nombreuses décorations de façades de maisons d'Augsbourg, dont il ne subsiste que les dessins (musée d'Augsbourg), avaient suscité l'admiration des peintres classiques. Son attachement aux traditions allemandes est sensible dans la fresque de la coupole de Saint-Antoine à Partenkirchen (1736), à travers le réalisme expressif des paysans malades implorant saint Antoine, la simplicité des gestes et le pathos de certains visages. À cela s'ajoute la puissance que confèrent aux figures une facture large et de violents coups de lumière. Dans un genre plus aristocratique, la fresque (1737) de la résidence d'été d'Eichstätt représente l'Aurore et le Printemps, accompagnés de figures légères dans un ciel au coloris clair où seule une petite balustrade joue le rôle de passage. Il mourut à l'âge de 31 ans, alors qu'il s'apprêtait à décorer le pavillon de chasse de Clemenswerth, près de Cologne. Aquafortiste lui-même, il a exécuté des projets pour les graveurs d'Augsbourg et peint des portraits des notables de cette ville (Christian Georg et Maria Magdalena von Köpf, Augsbourg, Staatsgalerie), où l'influence du portrait baroque français l'emporte sur la tradition allemande.

Homer (Winslow)

Peintre américain (Boston 1836-Prouts Neck, Maine, 1910).

Apprenti lithographe (1854-1857), puis illustrateur (jusqu'en 1875) de la revue new-yorkaise Harper's Weekly, pour laquelle il exécute des reportages dessinés pendant la guerre de Sécession, Homer n'aborde la peinture à l'huile que vers la trentaine avec des tableaux de genre inspirés par la guerre de Sécession et la vie militaire (les Prisonniers revenant du front, 1866, Metropolitan Museum) ainsi que par la campagne (la Cloche du matin, New Haven, Yale University Art Gal ; Partie de croquet, 1866, Chicago, Art Inst.). Après un voyage à Paris (1866-67), où ses Prisonniers furent remarqués à l'Exposition universelle, sa manière se rapproche de celle des débuts de l'Impressionnisme : les sujets de plein air (scènes de la vie campagnarde, plages, scènes maritimes) sont traités par larges taches claires, cernées par un dessin nerveux (Long Branch, New Jersey, 1869, Boston, M. F. A. ; Snap the Whip !, 1872, Youngstown, Ohio, Butler Inst. of American Art). Il subit également l'influence des estampes japonaises. À partir de 1881 (en 1881-82, il fait un long séjour en Angleterre du Nord, sur la côte, à Tynemouth), ses tableaux s'assombrissent et s'empâtent. Il est alors installé à Prout's Neck, sur la côte du Maine, d'où il partira tous les ans pour des voyages d'été dans les Adirondacks ou le Canada, d'hiver à Nassau, à Cuba, en Floride ou aux Bermudes. Il peint la vie rude des marins, en mettant l'accent sur l'héroïsme de l'homme en lutte avec les éléments (la Corde de sauvetage, 1884, Philadelphia Mus. of Art ; la Corne de brume, 1885, Boston, M. F. A ; Herring Net, 1885, Chicago, Art Inst. ; Eight Bells (les Heures), 1885, Andover, Phillips Academy ; le Tocsin, 1886, Metropolitan Museum), la puissance de la mer (le Soleil sur la côte, 1890, Toledo, Ohio, Museum of Art ; The Gulf-Stream, 1899, Metropolitan Museum) ou son insolite poésie (Nuit d'été, 1890, musée d'Orsay) ; il décrit aussi la chasse (le Cerf, 1892, Washington, N. G.), les animaux sauvages (Doublé, 1909, id.). À la même époque, cependant, ses aquarelles (il avait exécuté les premières en 1873 et devint en Amérique un des maîtres du genre), qui évoquent ses voyages ou préparent ses compositions (Boston, M. F. A. ; Chicago, Art Inst. ; Metropolitan Museum ; New York, Cooper Union Museum et Brooklyn Museum), restent très fluides et vivement colorées. Homer pratiqua aussi l'eau-forte : Saved (1889). De son vivant déjà, Homer était considéré comme le type même de l'artiste américain ; le réalisme est l'expression spontanée de son génie, mais il est mis au service d'une haute conception de la valeur humaine. Une rétrospective a été présentée (La Haye ; Washington, N. G. ; New York, Metr. Museum) en 1995-96.