Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Garofalo (Benvenuto Tisi, dit il)

Peintre italien (Garofalo ou Ferrare v.  1476  – Ferrare 1559).

Il fut tout d'abord dépendant de ses aînés Boccaccino et Costa (Adoration des bergers, Ferrare, P. N.). Certains accents témoignent, à la même époque, du rôle joué par Marco Marziale et les graveurs septentrionaux dans sa formation. Après un premier séjour à Rome, l'artiste se rend av. 1510 à Venise, où, selon Vasari, il se livre à une exploration passionnée des innovations de son " ami " Giorgione (Adoration des bergers, Madone sur un trône avec saint Lazare et saint Job, id.) Sa première œuvre signée et datée en 1512, Neptune et Minerve, se trouve à Dresde (Gg). Un nouveau voyage à Rome, probablement en 1515-16 ou en 1513, détermina un notable changement dans son style, fortement marqué par Raphaël, auprès de qui il séjourna. Il se fixe à Ferrare (1517), devenant, jusque v. 1540, le peintre le plus fécond de la ville, produisant des grands tableaux d'autel ou des petits tableaux de dévotion (nombreuses Saintes Familles dans des paysages), des décorations et des compositions profanes. On doit à Garofalo, excellent technicien, d'avoir assimilé les courants contemporains, sans renier la tradition classique de Ferrare, et en particulier d'avoir révélé aux Ferrarais, avant même Dosso Dossi (avec qui il collabora) le climat poétique d'esprit giorgionesque.

   Garofalo, dont l'œuvre est fort abondant, est particulièrement bien représenté à la P.N. de Ferrare, ainsi que dans les gal. de Rome (Gal. Capitoline), G.N. [Gal. Barberini], Borghèse, Doria-Pamphili). La Brera de Milan, le Louvre, la N.G. de Londres, l'Ermitage, la Gg de Dresde, entre autres, conservent aussi des séries de tableaux de Garofalo. On peut également citer les fresques que celui-ci a peintes dans le palais de Ludovic le More (sujets bibliques et décoratifs), dans le palais Trotti (séminaire) en 1517-1519 (allégories et sujets bibliques) et qui rappellent parfois Mantegna (palais Costabili, Ferrare).

Garouste (Gérard)

Peintre français (Paris 1946).

Passé par l'École des beaux-arts et ayant conçu en 1977 un spectacle, intitulé le Classique et l'Indien, qui réunit des aspects du théâtre à l'italienne et de la performance, et qui aura de multiples prolongements dans sa peinture fondée en grande partie sur la mise en scène, il expose pour la première fois à Paris en 1979 et se présente d'emblée comme un des chefs de file du " postmodernisme ". À rebours des " avant-gardes " mais en ayant parfaitement assimilé tout ce qu'elles ont apporté à l'interprétation analytique des moyens de la peinture, connaissance qui lui permet de justifier en termes modernes un art plutôt tourné vers le passé, il renoue avec les modes de représentation classique, les tonalités assourdies, les thèmes de la mythologie savante (Orion le Classique, Orion l'Indien, 1981, M. N. A. M., Paris ; Orthros et Orion, 1982 ; Orion et Céladon, 1983) et ceux de la religion chrétienne (Sainte Thérèse d'Avila, 1983). Tout en s'en distinguant sur bien des points et surtout en se situant dans une période historique bien différente, cette démarche n'est cependant pas sans rapport avec celle d'un Derain ou d'un Severini dans les années 1920-1930 : retour au métier et distance extrême vis-à-vis de l'époque. Garouste a fait œuvre de décorateur pour le Palace (Paris) ; un plafond lui a été commandé en 1983 pour le palais de l'Élysée. Il a aussi réalisé plusieurs sculptures. Ses œuvres ont été présentées en 1987 au C. A. P. C. (Bordeaux) ; une rétrospective a eu lieu en 1988-1989 (Charleroi, Paris, Amsterdam, Düsseldorf), et des expositions lui ont été consacrées à Paris (gal. Durand-Dessert) en 1991 et en 1994 (gouaches récentes et sculptures).

Gassel (Lucas)

Peintre flamand (Helmond av. 1500  – Bruxelles v.  1570).

Van Mander le mentionne comme étant bon paysagiste, en ajoutant toutefois qu'il n'a pas beaucoup produit. On lui attribue en effet moins de 20 tableaux ; 7 d'entre eux portent un monogramme et quelques-uns sont datés entre 1538 et 1550 ; 2 dessins datés de 1560 et de 1568 sont conservés au cabinet des Estampes de Berlin.

   Dans la représentation de la nature, Lucas Gassel se différencie nettement de Joachim Patinir et Herri Met de Bles par un réalisme plus poussé et une vision plus synthétique. L'artiste acquit sans doute sous l'influence des Vénitiens cette vision plus large et cette façon de lier les éléments du paysage en un rythme continu. Une de ses caractéristiques est l'importance qu'il accorde au dessin et à la netteté des contours, ce qui chez lui n'exclut pas les subtilités des jeux de lumière.

   Les personnages de Gassel sont trapus, ils ont l'allure, la démarche de marionnettes et ne s'intégrent pas au paysage. Dans la Mine de cuivre (1544, Bruxelles, M. R. B. A.), un groupe d'arbres sombres au premier plan sert de repoussoir.

   Le réalisme est également recherché dans les scènes pittoresques évoquant les différentes phases de l'extraction du cuivre dans la région liégeoise, où les mines étaient exploitées en surface. Le grand Paysage avec Juda et Thamar (1548, Vienne, K. M.) est plus proche de la manière Herri Met de Bles ; étouffé sous un amas de détails, ce tableau ne possède pas la fraîcheur et la spontanéité du paysage de Bruxelles. Un autre Paysage avec des scènes évangéliques, également à Bruxelles (M. R. B. A.), est curieusement chargé d'accessoires pittoresques. La flore y est composée de dragonniers, arbres rares poussant dans les îles Canaries, colonisées par des Anversois. Ce détail, lié à la présence d'un panorama de la ville d'Anvers dans le fond, permettrait d'indiquer que l'œuvre aurait été commandée par un Anversois.

Gatti (Saturnino)

Peintre italien (L'Aquila ou San Vittorino, Abruzzes, 1463  – L'Aquila ? 1518).

Disciple d'Antoniazzo Romano, il travaille près de lui à Rome, se formant au langage transmis par Melozzo da Forlí et qui caractérise les œuvres, peu nombreuses, qui lui sont attribuées. Il rend toutefois cette manière avec plus de rondeur dans les volumes des figures et moins d'élégance. En 1494, il avait commencé la décoration de la chapelle de S. Giovanni à S. Maria di Collemaggio d'Amalfi. C'est précisément en Campanie, dans la région de Salerne, que la présence de Gatti — introducteur des modes romains de Melozzo et d'Antoniazzo — détermina un courant pictural dont le meilleur représentant fut Francesco Cicino da Caiazzo. C'est à partir d'une Madone au rosaire, peinte en 1509-1511 pour l'église S. Domenico à L'Aquila, que fut reconstituée l'œuvre de Gatti, qui comprend aussi un cycle de fresques à l'église S. Panfilo de Tornimparte (1491-1494). Des documents de 1512 et de 1517 mentionnent également l'activité de Gatti comme sculpteur.