Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Lacombe (Georges)

Peintre et sculpteur français (Versailles 1868  – Alençon 1916).

C'est à l'Académie Julian et par l'intermédiaire de Sérusier que celui qui va bientôt porter le surnom du " nabi sculpteur " rencontre les artistes du groupe en 1892. Sculpteur sur bois d'inspiration symboliste, il exécute un Lit sculpté comprenant les panneaux de la Naissance, le Rêve, l'Amour, la Mort (1894-1896, musée d'Orsay), où l'influence de Gauguin est nette. Il doit également au synthétisme de ce dernier et au japonisme fin de siècle le meilleur de son œuvre peint, dont les simplifications sont parfois très hardies (Marine bleue, v. 1892, musée de Rennes ; Falaises à Camaret, v. 1892, musée de Brest ; la Mer jaune, id.). Il se tourne ensuite autour de 1905 vers un Néo-Impressionnisme inspiré de Cross et de Van Rysselberghe.

Lacroix de Marseille (Charles-François Grenier de Lacroix, dit)

Peintre français (Marseille ? Paris 1782).

Il fut probablement l'élève de Manglard à Rome (1754), et l'on sait qu'il était à Naples en 1757. Lacroix a laissé des paysages, essentiellement des marines, qui sont une imitation de celles de J. Vernet, qu'il connut vraisemblablement. Il est représenté dans les musées suivants : Agen, Avignon, Marseille, Dijon, Bordeaux, Toulouse, Saint-Pétersbourg et Stockholm.

Laer (Pieter Van) , dit aussi Bamboccio ou Bamboche
ou Pieter Van Laar, dit aussi Bamboccio ou Bamboche

Peintre néerlandais (Haarlem 1599  – id. [ ? ] 1642 ?).

De son véritable nom Pieter Boddingh Van Laer, il a pu être l'élève d'Esaias Van de Velde à Haarlem. Vers 1625, Van Laer se rendit à Rome, où il resta jusqu'en 1639 avec son frère aîné Roelant (1610/11 – v. 1640) , peintre lui aussi. Il s'y lia d'amitié avec Herman Van Swanevelt et Sandrart et y rencontra aussi Claude Lorrain et Poussin ; il dut jouer un rôle assez important dans le cercle d'étrangers bruyants qui travaillèrent à Rome entre 1630 et 1640, et plus particulièrement dans le groupe de peintres nordiques rassemblés dans la " Schilderbent " ou gilde des peintres. À cause de sa taille difforme (émouvants Autoportraits à la Gal. Pallavicini de Rome et aux Offices), il fut surnommé " Bamboccio ", mot que l'on pourrait traduire par " pantin ". Ce surnom est à l'origine de l'appellation donnée à un nouveau genre de peinture que Van Laer créa à Rome et qui l'a rendu célèbre : la " bambochade ", représentant des scènes de la rue romaine (le Coup de pistolet, Ermitage ; Scène italienne, Offices ; Voyageurs avec des chevaux devant une auberge italienne, Florence, Pitti ; Voleurs devant une grotte, Cavaliers devant une auberge, Rome, Gal. Spada ; les Flagellants, Munich, Alte Pin.). Ces scènes sont animées de types populaires vêtus de haillons et coiffés de grands chapeaux à larges bords. Le peintre utilisait des couleurs sourdes et empâtées, mêlant sa formation hollandaise à la tradition caravagesque. Les " bambochades " se vendirent aussitôt très facilement à Rome et furent imitées par un groupe de " bamboccianti ", parmi lesquels on compte Miel, Lingelbach, Cerquozzi et Bourdon. On a redécouvert récemment l'importance de Van Laer paysagiste ; il fut le premier peintre néerlandais à composer ses paysages de quelques groupes d'arbres et de collines de dimensions assez importantes au milieu desquels il plaçait des figures de genre ; celles-ci, grandes par rapport à la surface, peintes avec souplesse et de façon vivante, forment une partie essentielle de la composition : le Départ de l'hôtellerie (Louvre), les Pâtres (id.), Forges dans des ruines romaines (1635, musée de Schwerin). Il s'agit souvent de bergers accompagnés de leurs animaux ou de chasseurs avec leurs chiens : Bergers et lavandières (Rijksmuseum), Ruines et troupeau (Prado). Ainsi Van Laer fut-il le créateur de deux genres nouveaux qui devaient avoir beaucoup de succès en Hollande apr. 1640 et être imités jusqu'au XIXe s. : le " tableau pastoral " et le " tableau de chasse ". Vers 1640 et plus tard, ce furent non seulement des paysagistes italianisants (Berchem, Asselijn, Dujardin, Weenix) qui s'inspirèrent de ces genres introduits par Van Laer, mais aussi des peintres qui, selon toute probabilité, n'ont jamais voyagé eux-mêmes dans le Midi : Adriaen Van de Velde, Dirck Stoop, Philips Wouwerman. En 1639, Van Laer rentra à Haarlem, en passant par Amsterdam. Il peut avoir influencé les peintres néerlandais non seulement par les œuvres qu'il peignit à son retour, mais aussi par les tableaux qu'il exécuta à Rome, qui, comme les documents nous l'apprennent, furent achetés très cher en Italie et transportés en Hollande à cette époque. Van Laer lui-même repartit pour l'Italie en 1642, mais, à partir de cette date, sa vie n'est plus documentée, comme l'écrit plaisamment son biographe Schrevelins, " il disparut comme Empédocle ".

Laermans (Eugène)

Peintre belge (Molenbeek-Saint-Jean 1864  – Bruxelles 1940).

Élève de l'Académie de Bruxelles (1887), il manifeste de bonne heure un réalisme vigoureux, à tendance sociale et humanitaire, dans des compositions à nombreux personnages et généralement de grand format. Ses compositions mettent en scène la vie des paysans, des ouvriers (Un soir de grève, 1893, Bruxelles, M. R. B. A.), des pauvres (les Émigrants, 1896, musée d'Anvers), dans des thèmes privilégiant les mouvements de foule. En 1894, il participe à la première exposition de la Libre Esthétique, où il sera invité à de nombreuses reprises par la suite. Ce style monumental, où les tons, fortement contrastés, mettent en valeur une mise en page synthétique, gagne en sobriété expressive dans les premières années du siècle, notamment sous l'influence de Bruegel, et annonce par là l'Expressionnisme flamand (le Mort, v. 1904, Bruxelles, M. R. B. A.). Il poursuit son œuvre en développant des thèmes empreints d'une plus grande gaieté (En été, 1920) jusqu'à ce que, atteint de cécité, Laermans cesse de peindre en 1924. Il est représenté au M. R. B. A. de Bruxelles (Flânerie au village, 1893 ; Joueurs de boules, 1924), au musée Charlier de Bruxelles (la Promenade), aux musées d'Ixelles (Retour des champs), de Mons (l'Eau songeuse, 1898) et d'Anvers (l'Aveugle, 1898 ; le Bain).