Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Houasse (René Antoine)

Peintre français (Paris 1645  – id. 1710).

Ce fut un des plus fidèles collaborateurs de Le Brun, qui l'employa à partir de 1670 aux Tuileries et surtout à Versailles, où il joua un rôle important dans la décoration du grand appartement (décor conservé, mais repeint) : il travailla d'abord dans l'actuel salon de Mars, puis, v. 1680, au salon de Vénus et à celui de l'Abondance, ce dernier se distinguant par le goût de l'illusionnisme. À partir de 1688, il peint pour le Grand Trianon une série de tableaux mythologiques, presque tous revenus en place (Morphée et Iris, Cianée changée en fontaine, Alphée et Aréthuse, Histoire de Minerve). Reçu à l'Académie en 1673, il sera, de 1699 à 1705, directeur de l'Académie de France à Rome. On lui doit aussi un Portrait équestre de Louis XIV (1679, musée d'Arras) qui est l'une des plus belles effigies du souverain et qui fut répété à plusieurs reprises. Son style, d'inspiration néo-classique, vaut surtout par le raffinement d'un coloris gris-bleu (Saint Étienne conduit au supplice, may de 1675, Louvre). Dans son portrait par F. Jouvenet (musée de Grenoble), le peintre est au chevalet devant une curieuse composition, Darius ouvrant le tombeau de Nicotris (un exemplaire au musée d'Orléans). Le Louvre conserve aussi d'autres œuvres de l'artiste : Portique avec Oranger (1681-82) ; Portique avec fleurs et fruits (1681-82) ; Vulcain et Minerve entouré de Flore et de Pomone (carton pour une tapisserie exécutée en 1686 pour la manufacture des Gobelins).

Houbraken (Arnold)

Peintre et historien d'art néerlandais (Dordrecht 1660  – Amsterdam 1719).

Élève de Hoogstraten dès 1674 au moins et cela jusqu'à la mort de ce peintre, lui aussi historien d'art, en 1678, Houbraken devient la même année membre de la gilde de Dordrecht, où il réside jusqu'en 1709-10, pour s'établir ensuite à Amsterdam. Ses tableaux, qui se situent dans une bonne tradition académique, entre Verkolje, Gérard Dou et Werff, sont lisses, soigneux, froids, mais sans âme ni foncière originalité. Citons comme exemple typique l'Atelier de peintre (Rijksmuseum), où un nu féminin vu de dos constitue sur un mode volontairement mineur et précieux la grande tradition classicisante d'un Jacob Van Loo dans son Coucher à l'italienne du musée de Lyon. Plus considérables, ne serait-ce que par le nombre, sont ses travaux de graveur d'illustration, notamment pour les ouvrages de Hoogstraten et pour une Bible aux planches dessinées par Houbraken lui-même ainsi que par Hoet et Picart. Dans ces tâches, Houbraken se fit souvent aider par son fils Jacob, qui acheva ainsi l'illustration de la Grote Schonburgh der Nederlandische Konstschilders en schilderessen (le Grand Théâtre des artistes et peintres néerlandais), parue en 3 tomes de 1718 à 1721 et qui est en fait le titre de gloire de Houbraken. Cet ouvrage historique, extrêmement précieux par maint renseignement pris aux sources mêmes, a été expressément conçu et voulu par l'auteur comme une continuation du fameux Schilderboeck de Van Mander, qui s'arrêtait à la date de 1604. Souvent amoindri par de menues mais fréquentes erreurs de dates ou de faits, ainsi que par une propension à l'anecdote plus ou moins complaisante, selon une tendance alors uniformément répandue (de Vasari à Roger de Piles), le livre de Houbraken doit son importance à la quantité de contrefaçons ou de démarquages qu'il subit (Descamps, Immerzel [1808-1886], Van Gool [1685-1763 ou 1765], Campo-Veyermann) et qui ont constitué longtemps notre seule source d'information sur la peinture nordique après Van Mander et avant les défrichages érudits du XIXe s., inaugurés par Kramm, Kolloff, Scheltema, Vosmaer, Thoré-Bürger, Havard et si brillamment continués par Bredius et Hofstede de Groot. Aussi bien a-t-il nécessité de nombreuses rééditions (dès 1753) et traductions (l'une des plus accessibles et sérieuses, bien que partielle, est celle de Wurzbach [1880]). En 1893, enfin, Hofstede de Groot publia une étude critique des sources (Houbraken utilisait souvent Sandrart, Bellori et Roger de Piles) et des renseignements de fait contenus dans la Grote Schonburgh, qui permit enfin d'utiliser à bon escient ce fameux ouvrage et qui constitue un monument d'érudition et de méthode " philologique " qui a fait date dans l'élaboration de l'histoire de l'art.

 
Son fils cadet Nicola (Messine, v. 1660– Livourne 1723) fut un peintre de fleurs italianisant.

Houckgeest (Gerrit)

Peintre néerlandais (La Haye 1600  – Bergen Op Zoom 1661).

Élève de Bartholomeus Van Bassen, Gerrit Houckgeest est inscrit en 1625 à la gilde de Saint-Luc de La Haye et en 1635 à celle de Delft ; il est en 1652 à Steenbergen et en 1653-1655 à Bergen Op Zoom. À la suite de son maître, il se spécialisa dans la peinture d'architecture, qu'il traita d'une manière très fine et précise, affectionnant, comme Van Vliet, une lumière pure mais froide et ouvrant une voie décisive à Emmanuel de Witte. Ses motifs d'élection furent les 2 principales églises de Delft : Intérieur de la Nieuwekerke (Mauritshuis ; musée d'Anvers), le Tombeau de Guillaume d'Orange dans la Nieuwekerke (1651, Mauritshuis), Intérieur de la Oudekerke (Rijksmuseum).

Houel (Jean-Pierre)

Peintre français (Rouen 1735  –Paris 1813).

À Rouen, Descamps lui enseigna le dessin ; à Paris, Le Bas la gravure, puis Casanova la peinture. Houel travailla à Chanteloup pour le duc de Choiseul (1760-1769, 4 toiles, musée de Tours) : ces décorations champêtres, évoquant des sites de la Loire et de la Seine, font preuve d'une fraîcheur de vision, assez rare à l'époque, qui le rapproche de Moreau l'Aîné. Ce réalisme foncier se manifeste aussi dans la Cave servant d'entrepôt à Dieppedalle (musée de Rouen). Houel fit 2 voyages en Italie (1769-1772, et 1776-1779), d'où il rapporta de nombreux paysages à la gouache très intéressants par la justesse de la lumière et l'exactitude archéologique (Louvre ; Ermitage, provenant de la coll. de Catherine II, 1781), qu'il grava et publia (Voyage pittoresque en Sicile, 1782-1789).