Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
F

Flandrin (Hippolyte)

Peintre français (Lyon 1809  – Rome 1864).

Il fut l'un des élèves préférés d'Ingres et remporta le prix de Rome en 1832. Sans avoir hérité du génie créateur de son maître, il fut l'un des propagateurs les plus zélés de ses théories. Il est surtout connu pour le rôle prépondérant qu'il joua parmi les artistes, pour la plupart disciples d'Ingres, pressentis pour la vaste campagne de décoration d'églises anciennes et modernes dans la seconde moitié du XIXe s. On lui doit de vastes compositions murales à Saint-Séverin, Saint-Germain-des-Prés (nef et chœur), Saint-Vincent-de-Paul de Paris, à Lyon dans la basilique Saint-Martin-d'Ainay et à Nîmes à l'église Saint-Paul. Il tenta d'y ressusciter l'esprit des frises de Ravenne ou des peintures du quattrocento. Il laissa aussi un œuvre de portraitiste d'une sensibilité réaliste et poétique (Jeune Fille, 1840, musée de Nantes ; Mme Flandrin, 1846, Louvre ; la Jeune Grecque, 1863, id.). Le musée de Montauban conserve plusieurs de ses œuvres, ainsi que celui de Lyon. Au Louvre, signalons le Jeune Homme nu, assis au bord de la mer (1836). Une exposition a été consacrée aux trois frères Flandrin (Paris 1984-85).

Flavin (Dan)

Artiste américain (New York 1933-Riverhead, État de New York, 1996).

Si Dan Flavin est un artiste autodidacte, il a poursuivi cependant jusqu'en 1959 des études très poussées d'histoire de l'art à la Columbia University de New York. Ses débuts comme peintre montrent à la fois l'influence de l'expressionnisme abstrait et du Pop Art. Il réalise ses premières œuvres avec une lumière électrique en 1961 : tableaux monochromes qui sont soit surmontés d'une lampe, soit d'un tube de lumière fluorescente. Il présente sa première exposition personnelle à New York en 1961. En 1962, une de ses œuvres majeures, Icon IV, est constituée d'un panneau de Formica blanc de format carré surmonté sur le bord supérieur, d'un tube de lumière fluorescente. L'Icon V de 1962 présente un panneau carré peint à l'huile dont le périmètre est souligné de lampes allumées tenues par des douilles en porcelaine blanche. C'est en 1964 que Dan Flavin fait sa première exposition en utilisant exclusivement des tubes de lumière fluorescente, indépendants et disposés de manière à composer des figures différentes (Hommage à Tatline, 1964). Ces tubes sont soit de même longueur, placés sur le mur à intervalles réguliers calculés selon des systèmes simples, soit de longueur différente mais toujours dans un système de proportion fondé sur des progressions mathématiques. Ces œuvres composées de plus en plus dans l'espace utilisent aussi bien la face du tube tournée vers le spectateur que son revers pour créer des effets de lumière indirecte et de profondeur. Ses nombreuses installations et ses nombreux environnements le désignent, aux côtés de Donald Judd et de Carl Andre, comme l'un des principaux artistes du Minimal Art. En 1966 à l'exposition " Kunst Licht Kunst ", à laquelle il participe au Stedelijk Museum d'Eindhoven, il dispose dans l'espace des tubes fluorescents qui créent des diagonales structurant la pièce pour former une croix (Greens crossing greens (to Piet Mondrian who lacked green, 1966). Un grand nombre d'œuvres de Flavin sont dédiées à des artistes constructivistes, en particulier la série qu'il a réalisée en hommage à Tatline. Dan Flavin a eu de multiples expositions personnelles aux États-Unis et en Europe et il a participé aux grandes manifestations internationales d'art contemporain. Son utilisation de la lumière fluorescente, ses systèmes simples lui ont permis de créer une œuvre personnelle qui fait de lui l'un des artistes américains majeurs de notre temps.

Flaxman (John)

Sculpteur et illustrateur britannique (York 1755  – Londres 1826).

Fils d'un fabricant de moules et de modèles en plâtre, qui, de York, s'installa à Londres, John Flaxman se forma dans l'atelier de son père. De 1770 aux environs de 1773, il suivit les cours de la Royal Academy, puis exécuta des dessins pour la manufacture de porcelaine de Josiah Wedgwood. De 1787 à 1794, il travailla à Rome ; en 1800, il fut élu à la Royal Academy et devint en 1810 premier professeur de sculpture, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. Le plus remarquable des sculpteurs anglais néo-classiques, auteur de nombreux et excellents tombeaux et statues, dut sa renommée en Europe à un autre moyen d'expression : l'illustration. Ses principales œuvres furent l'Iliade (39 planches) et l'Odyssée (34 planches), publiées d'abord à Rome en 1793, l'édition anglaise datant de 1805, la française de 1803 (pour l'Odyssée seulement), suivies de plusieurs autres œuvres : les Tragédies d'Eschyle (30 planches), publiées à Rome en 1793 et à Londres en 1795, la Divine Comédie de Dante (109 planches), publiée à Rome en 1802, à Londres en 1807 et à Paris en 1813 (ces 4 séries gravées par l'Italien Piroli, à l'exception de l'édition parisienne de Dante, comptant 100 planches gravées par Giacomelli), les Travaux et les jours et la Théogonie d'Hésiode (36 planches), gravés par William Blake à Londres en 1817 et par Soyer à Paris en 1821. Les derniers dessins de la série pour l'illustration d'Homère et d'Eschyle appartiennent à la Royal Academy ; les autres sont dispersés.

   Ces illustrations reflètent les dons exceptionnels de Flaxman pour le dessin linéaire, son amour de l'Antiquité, et, par l'économie des moyens et l'intensité expressive, son amitié avec Blake. Son insularité toute britannique l'incita à repousser les compliments de David et même de Bonaparte lors de sa visite à Paris en 1802, mais son œuvre influença beaucoup d'artistes du continent, notamment Ingres.

Flegel (Georg)

Peintre allemand (Olomouc, Moravie, 1566  – Francfort-sur-le-Main 1638).

Après avoir travaillé comme apprenti dans l'atelier du peintre flamand ambulant Lucas Van Valckenborch, il s'installa à Francfort. Il fut, au tournant du XVIIe s., le premier artiste allemand à se consacrer avec les peintres de Haarlem et d'Anvers à l'émancipation de la nature morte. Ces choses inanimées — fruits, bocaux, coupes, victuailles —, conçues depuis le XVe s. comme les éléments épars d'un tableau, vont être appelées à une vie propre, et leur représentation élevée au rang d'un genre. La plus grande partie des œuvres de Flegel, non datées, ont été exécutées entre les années 1610 et 1635. Son grand Repas servi (musée de Spire) est un excellent exemple de ce type de tableau que l'on a désigné sous le nom de " Déjeuner ", où la distribution ancienne, isolée, des éléments est remplacée par une synthèse. Ce monde des choses tactiles, représenté avec une austère exactitude, sera appelé, par l'effet de la transposition artistique, à évoquer l'harmonie universelle. Ces victuailles, si vite périssables, ces fruits, ces fleurs seront souvent, dans les œuvres tardives de Flegel (1635-1638), fondus dans la tonalité brunâtre d'un éclairage de chandelle (Cuisine éclairée à la chandelle, musée de Karlsruhe). La lumière de la chandelle, si vite éteinte, évoque comme un motif de Vanités le caractère éphémère des choses terrestres. Flegel — avec ses aquarelles et ses miniatures (musées de Berlin), où fruits, plantes, insectes sont rendus avec une précision minutieuse — fut le promoteur de ces collections botaniques si appréciées aux XVIIe et XVIIIe s. On trouve les tableaux de cet artiste (une trentaine) dans les musées suivants : Bâle, Bruxelles (M. R. B. A.), Cologne (W. R. M.), Darmstadt, Francfort (Historisches Museum), Gotha, Karlsruhe, Munich (Alte Pin.), New York (Metropolitan Museum), Nuremberg, Paris (Louvre et musée des Arts décoratifs), Prague, Stuttgart (Staatsgal.), ainsi que dans des coll. part.