Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Cecco Bravo (Francesco Montelatici, dit)

Peintre italien (Florence 1607  – Innsbruck 1661).

Élève de Biliverti, il se distingue à Florence au XVIIe s. par son désir de prolonger la tradition maniériste du XVIe s., dont il renouvelle la vivacité et certaines étrangetés antiacadémiques tout en adoptant le luminisme naturaliste. Avec Furini et Vannini, il continua dans le même style la décoration à fresque à la gloire de Laurent le Magnifique de la salle " degli Argenti " au palais Pitti, laissée inachevée en 1636 par G. da San Giovanni. C'est à la cour tyrolienne d'Anna de Médicis qu'il termina sa carrière (1660-61). Ses œuvres sont rares : un groupe de toiles jusqu'alors données à Sebastiano Mazzoni (Apollon et Daphné, musée de Ravenne ; Herminie chez les bergers, musée de Pistoia) lui ont été attribuées.

Cecco da Caravaggio
ou Cecco del Caravaggio

peintre italien [ ? ] (premier tiers du XVII e s.).

Le point de départ de la reconstitution de l'œuvre de cet artiste, l'un des plus originaux de l'entourage immédiat de Caravage, est le Christ chassant les marchands du Temple (Berlin, musées), cité dès 1673 comme de " Checcus a Caravagio ". Autour de cette toile, on peut regrouper une série de compositions (Résurrection, Chicago, Art Inst. ; l'Amour à la fontaine, Rome, coll. part, Joueur de flûte, Oxford, Ashmolean Museum, Musicien, 2 versions dont l'une au Wellington Museum de Londres et l'autre à la Pinacothèque d'Athènes ; Saint Laurent, Rome, Chiesa Nuova ; Portement de croix, musée de Bratislava) au luminisme violent, presque surréaliste, où le peintre saisit comme à l'arrêt les expressions inquiètes des visages ; on date généralement ces œuvres v. 1610-1620. Mentionné, dans une déposition au cours d'un procès, par le peintre Agostino Tassi comme travaillant avec lui et une équipe de Français à la décoration du Casino du cardinal Montalto à Bagnaia en 1613, cité par Mancini vers 1620 (comme " Francesco, dit Cecco del Caravaggio ") parmi les principaux élèves de Caravage, Cecco, dont l'œuvre montre d'incontestables rapports avec les tableaux d'un Finson ou d'un Douffet, comme avec ceux d'un Cavarozzi ou d'un Mayno, reste l'une des plus énigmatiques et attachantes figures de ce milieu bouillonnant que fut la peinture romaine des premières décennies du XVIIe s. On a récemment proposé, avec de bonnes chances de succès, d'identifier Cecco à un peintre Lombard mal connu, Francesco Boneri (né v. 1590 ?) à qui est payé en 1619-20 une Résurrection peinte pour S. Felicità de Florence qui est presque certainement la Résurrection de l'Art Inst. de Chicago. Mais le Jaël et Sisara de la N. G. de Dublin, très proche de la manière de Cecco, porte la signature, révélée par une restauration, de Pedro Nunez del Valle, peintre espagnol présent à Rome en 1613-14.

Cecioni (Adriano)

Sculpteur, peintre et critique italien (Fontebuona, Florence, 1836  – Florence 1886).

La manifestation la plus importante de sa carrière de peintre (secondaire par rapport à son activité de sculpteur) est la création, au cours d'un voyage d'études à Naples (1863-1867), d'une école de paysage dite " de Resina ", proche de celle des Macchiaioli et dont feront partie le jeune De Nittis, Rossano et De Gregorio. Dans ses Notes critiques, nettement polémiques et laissant apparaître les contradictions inhérentes à la fusion des tendances romantiques et véristes, il défend la liberté de l'art, qui consiste pour lui dans la libre expression d'une vérité directement empruntée à la nature et personnellement ressentie (Le Ricamatrici, 1862). Il pense faire carrière à Paris en 1870, où il expose en tant que sculpteur au Salon, puis à Londres en 1872, où il est dessinateur humoriste pour le journal Vanity Fair, mais préfère retourner à Florence, où il enseigne à partir de 1884 à la Scuola Superiore di Magistero. Il peint surtout des petits tableaux inspirés par la vie quotidienne, traités dans un style clair et paisible, d'un goût presque puriste (la Tante Erminia, Florence, G. A. M. ; Portrait de l'épouse du peintre, id. ; le Café Michel-Ange, 1861).

Celesti (Andrea)

Peintre italien (Venise 1637  –Toscolano, Brescia, v. 1712).

Influencé d'abord par les " tenebrosi ", il évolue ensuite dans le sillage de Véronèse et pratique une peinture claire, tendre, qui annonce parfois les solutions du XVIIIe s. Après des travaux à Venise (grandes toiles à S. Zaccaria et au palais des Doges), il fit un long séjour dans la région de Brescia : à Desenzano (toiles à la cathédrale, 1695), à Bogliaco (villa Bettoni), à Toscolano (église et villa Maffizzoli), à Brescia même (palais Bettoni), à Salo et à Verolanuova (Nativité, 1706, église). À la fin de sa vie, il travailla de nouveau à Venise et dans la région de Trévise. Parmi les œuvres de Celesti conservées hors d'Italie, on peut citer le Paradis à l'église Saint-Florian de Linz et les tableaux des musées de Lyon, Dresde, Stuttgart et Potsdam (Sans-Souci).

Cennini (Cennino di Drea, dit Cennino)

Peintre italien (Colle di Val d'Elsa, près de Sienne, fin du XIVe  – début du XVe s.).

Élève d'Agnolo Gaddi, il est mentionné en 1398 au service de Francesco da Carrara à Padoue. Bien qu'il n'ait pas été possible d'identifier son style pictural, Cennini est cependant célèbre par son Libro dell'arte (Traité de la peinture), dont le plus ancien exemplaire (probablement œuvre d'un copiste) fut achevé d'écrire en 1437.

   Traité de technique artistique, cet ouvrage est le recueil précieux des traditions gothiques florentines, de Giotto (" le grand maître ") et de ses suiveurs. Il énonce des recettes pour toutes les nombreuses opérations courantes effectuées au XIVe s. dans un atelier de peintre : préparation des couleurs, des pinceaux et des colles, préparation des tableaux, placage des ors, mise en relief des diadèmes et ornements (" gesso " pour les tableaux, chaux pour les fresques), explication détaillée enfin des différentes techniques alors utilisées (tempera, huile, " a fresco ", " a secco "). Suivant la tradition toscane, Cennini considère la peinture à fresque comme " le plus doux et le plus gracieux travail qui soit ". Les explications qu'il donne sur cette technique ont servi de guide à tous les spécialistes, jusqu'à nos jours. Rédigée en un italien didactique et très clair, l'œuvre de Cennini est encore d'une lecture aisée. Elle met en évidence une étape déjà avancée dans l'évolution du langage des ateliers et par cela même peut être considérée comme l'un des fondements de la critique d'art moderne. Des termes comme " disegno " (dessin), " maniera " (manière), " naturale " (naturel), " moderno " (moderne), " colorire " (colorer), " sfumare " (estomper), employés par Cennini, font depuis lors partie du vocabulaire spécifique de la peinture.