Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Lingelbach (Johannes)

Peintre néerlandais d'origine allemande (Francfort 1622  – Amsterdam 1674).

Il se fixa de bonne heure à Amsterdam, qu'il quitta en 1642 pour faire un voyage à Rome en passant par la France. Il arriva en 1644 à Rome, d'où il revint en 1650, passant par l'Allemagne, et il s'établit à Amsterdam. Il fut l'un des paysagistes italianisants les plus doués, voire l'un des plus originaux. Il arrive à combiner dans ses œuvres tous les éléments de l'Italie telle que la voyaient les Nordiques : la lumière d'une clarté incomparable, l'exactitude des citations de monuments romains, le goût pour l'Antiquité, les personnages d'une irréalité pittoresque et la superposition charmante d'endroits différents créant une ambiance irréelle. On trouve une illustration de toutes ces qualités dans un tableau conservé à Houston, dans le Sarah Campbell Beaffer Foundation : la Vue imaginaire de Rome avec le château Saint-Ange (1655). Très différent du reste de son œuvre est le Paysage avec des ruines antiques (1643, Francfort, Städel. Inst.). À partir de 1650 env., Lingelbach peignit des vues de rues romaines, bambochades tout à fait dans le style de Pieter Van Laer. Au cours des années suivantes, il parvint à trouver dans ce genre un style personnel : si Van Laer animait ses bambochades de petits groupes populaires, il meublait ses scènes de rues de foules entières : Piazza del Popolo (1659, Bruxelles, M. R. B. A. ; 1664, Vienne, Akademie) ; Campo Vaccino (1653, Bruxelles, M. R. B. A.). L'élément narratif, qui jouait un grand rôle dans tous ses ouvrages, offre aussi l'un des aspects les plus attrayants : le Dentiste (1651, Rijksmuseum), le Marché aux herbes à Rome (Louvre), Voyageurs devant une auberge (musée de Karlsruhe), le Marché aux poissons (musée de Lille). Par son coloris clair et varié, Lingelbach se distingue bientôt aussi de Van Laer, dont la palette était sombre. Il doit avoir subi en cela l'influence de J. B. Weenix, dont les œuvres exécutées entre 1640 et 1650 annoncent les siennes non seulement par le coloris, mais aussi par le dessin et les motifs. Dans ses nombreuses Vues de port peintes v. 1650 (Louvre ; Dresde, Gg. ; Ermitage ; Rijksmuseum), il s'est nettement inspiré de Weenix ; il fait d'ailleurs en général plutôt penser à un éclectique de talent qu'à un artiste créateur. Les figures peintes après 1660 env. empruntent sans aucun doute leur élégance stylée et maniérée à Berchem et à Philips Wouwerman (la Charrette de foin, 1664, Londres, N. G.). Au cours de cette dernière période, Lingelbach a souvent imité directement ces deux maîtres, le premier dans ses vues de port, le second dans ses paysages. Après 1665, il manque d'inspiration ; il répète des formules stéréotypées, et ses dessins, comme ses tableaux, témoignent souvent d'une certaine nonchalance.

Linnell (John)

Peintre britannique (Londres 1792 Redhill, Surrey, 1882).

Fils d'un graveur marchand de tableaux, il fut l'élève de Benjamin West et de John Varley avec W. H. Hunt et Mulready, qui l'influença profondément. Il gravait à la manière noire les œuvres de ses maîtres et exposa de 1813 à 1820 à l'Old Water Colour Society. Candidat malchanceux à la Royal Academy, il vécut du portrait jusqu'en 1847 (Portrait de Carlyle, 1844, Édimbourg, N. P. G.) puis, ayant beaucoup voyagé dans le Pays de Galles et vivant à partir de 1852 dans le Surrey, il se consacra presque exclusivement au paysage (Vue de Hanson Toot, Dovedale, 1846-1851, coll. Paul Mellon ; Clair de lune à l'époque de la moisson, 1855, Londres, V. A. M. ; le Troupeau de moutons, 1863, Birmingham, City Museum ; la Dernière Lueur avant l'orage, Liverpool, Walker Art Gal.). Ses œuvres flattaient le goût de la bourgeoisie victorienne par un certain naturalisme, la recherche du point de vue agréable et la précision du métier.

   L'art de Linnell est aujourd'hui réapprécié, de même que sa personnalité, fort riche : il fut l'un des premiers à souligner l'intérêt des écoles du Nord (il ne quitta pourtant jamais l'Angleterre) et fit partager son goût à W. Blake, qu'il ne cessa de soutenir. Linnell se préoccupa d'assurer au vieux visionnaire une fin décente en lui commandant dès 1818 des gravures et en lui achetant ses recueils de poèmes. Il lui présenta en 1824 celui qui allait en Angleterre continuer l'œuvre imaginaire de Blake et qui devait devenir le gendre de Linnell, Samuel Palmer. Il fut ainsi l'un des fondateurs du groupe de Shoreham. Le centenaire de sa mort a été célébré par une exposition à Cambridge (Fitzwilliam Mus., 1982) et à New Haven (Y. C. B. A., 1983).

lino
ou linogravure

Procédé de gravure en relief qui utilise le linoléum au lieu du bois. La taille en est plus facile que celle du bois, mais les effets sont plus limités. Les chefs-d'œuvre de cette technique sont les linos exécutés par Matisse en 1906.

Lint (Louis Van)

Peintre belge (Bruxelles 1909  – id. 1987).

Il fréquenta l'Académie de Saint-Joost-ten-Noode, près de Bruxelles, de 1924 à 1938 et fut en 1945 l'un des fondateurs, avec Gaston Bertrand, de la Jeune Peinture belge. Après des débuts sous le signe du Réalisme intimiste, il pratiqua en 1944-45 une expression plus virulente (Autoportrait, 1944), puis évolua rapidement vers la Non-Figuration lyrique sous l'influence, notamment, de Bazaine (Symphonie en rouge, 1949). L'artiste participe un moment au courant de l'Abstraction géométrique (1952-1954 env.) pour revenir ensuite à un art plus lyrique, parcouru de grands mouvements colorés (Miroir marin, 1958). Van Lint a exécuté des décors pour le Baladin du monde occidental de Synge (1944) et pour l'Histoire du soldat de Ramuz (1945). Son inspiration prend souvent appui sur des sites où domine l'élément minéral (Provence, Espagne) et sur des phénomènes naturels (mers, vent). Il est représenté dans les musées belges ainsi qu'au Guggenheim Museum de New York.

Lint (Pieter Van)

Peintre flamand (Anvers 1609  – id. 1690).

Maître à Anvers en 1632-33, il alla ensuite en Italie et rentra dans sa ville natale v. 1640. Il peignit des portraits : Portrait d'homme (musée de Budapest), Portrait d'une petite fille (1645, musée d'Anvers), Autoportrait (1646, Bruxelles, M. R. B. A.), et surtout des scènes bibliques et religieuses, proches d'Erasmus Quellinus, très influencées par Rubens et Jordaens : Adoration des bergers (musées de Berlin ; Copenhague, S. M. f. K.), Christ guérissant le paralytique (1642, Bruxelles, M. R. B. A. ; Vienne, K. M.), Adieux de saint Pierre et de saint Paul (Anvers, église Saint-Jacques).

 
Son fils Hendrik Frans, dit Studio (Anvers 1684 – Rome 1763) , fut l'élève de Van Bredael v. 1696-1697 ; il s'installa à Rome en 1710 et y fit carrière comme paysagiste : 2 Paysages romains (1745, Turin, Museo Civico), Paysage avec du bétail (1756, Cambridge, Fitzwilliam Museum).