affiche (suite)
L'après-guerre
Après les affiches nazies (Un G. I. noir crachant sur la Vénus de Milo) ou celles des forces alliées (Hitler et Mussolini étranglant l'Europe), l'affiche se remet au service de la publicité. Elle s'inspire alors directement des grands courants de la peinture contemporaine : d'une part l'esthétique surréaliste (Aspro, 1963, du Français Savignac) et d'autre part l'esthétique abstraite, la plus importante, qui se développe sous l'influence du " design " et dont les grands maîtres appartiennent à l'école helvétique. Mais de plus en plus rares sont les affichistes purement graphiques ; la photographie détient le quasi-monopole de cet art, bien qu'à partir de 1965, avec la vogue du " Pop " née aux États-Unis, se produise un curieux renversement : le " grain " de la photo est utilisé comme procédé graphique, en même temps qu'un intérêt passionné pour les affiches de la Belle Époque provoque la réimpression massive des chefs-d'œuvre de Mucha, de Toulouse-Lautrec, de Bradley. En France, lors des événements de 1968, de nombreux artistes de tous pays collaborent à la création de centaines d'affiches politiques à l'" Atelier populaire " des Beaux-Arts de Paris, affiches que s'arracheront à prix d'or les collectionneurs américains. Enfin, devenue un véritable mythe, l'affiche s'immisce à son tour dans la peinture, comme en témoignent les Affiches éclatées d'Aeschbacher ou les affiches lacérées présentées en 1967 à la Biennale de Paris.
Les affichistes ont continué leur activité de " détournement " jusque dans les années 70. Mais bien des peintres ont travaillé pour elle, par exemple à l'occasion de grands rassemblements (jeux Olympiques de Munich en 1972), en adaptant avec plus ou moins de réussite leur style à l'événement à commémorer (Horst Antes). En France, G. Mathieu a recherché cette difficile intégration (affiches pour Air France, 1967 ; affiche pour le récital Mireille Mathieu, 1974). Après le pop art, l'Hyperréalisme a contribué à transformer la mise en page en isolant un détail grossi à l'excès, et les " messages érotiques " se sont multipliés : Miss Levi's (1971), affiche italienne pour les pantalons Levi's, avec le dessin de la poche en pointillé sur la hanche nue d'une jeune femme ; Passez l'été avec une blonde un peu forte (1976), affiche pour les cigarettes Prince. Le retour à une objectivité immédiate est un phénomène assez général, pas uniquement lié au cinéma et à la photo, mais aussi à une meilleure connaissance des affiches des pays de l'Est. En France, le milieu institutionnel, notamment, s'est efforcé de promouvoir l'affiche ; mentionnons les réalisations de Nicolas Vial pour le ministère de la Culture (1987), celles de Jean Widmer pour le centre Pompidou (1989) ou encore d'Annick Orliange (1989).