Larousse Médical 2006Éd. 2006
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tabagisme (suite)

SEVRAGE DU TABAC

L'arrêt de la consommation de tabac diminue les risques d'apparition des maladies liées au tabagisme : il est donc toujours temps pour un fumeur de s'arrêter. Sans motivation forte, il est illusoire d'espérer un arrêt durable. Différentes méthodes peuvent aider le fumeur au cours du sevrage. Certaines, qui font appel à des substituts de la nicotine (gomme et timbre transdermique à la nicotine) délivrés à présent sans prescription médicale, permettent aux grands fumeurs d'arrêter de fumer sans ressentir les troubles que peut occasionner le manque. Toutefois, cet apport nicotinique ne doit pas être présenté comme un remède miracle et doit s'accompagner d'un soutien par le médecin ou le tabacologue, faute duquel les chances d'un arrêt durable sont nulles. L'administration de bupropion (antidépresseur agissant sur la dépendance à la nicotine) ou plus récemment de varénicline (agissant sur des récepteurs nicotiniques) semblent aussi efficaces que les substituts nicotiniques. Les thérapies comportementales et cognitives aident à corriger la dépendance comportementale et psychologique.

   Une prise de poids peut accompagner le sevrage. Elle est due, d'une part, à un phénomène de compensation, d'autre part à l'interruption de l'apport de nicotine (celle-ci diminuant l'épaisseur et les sécrétions de la muqueuse gastrique, l'appétit de l'ancien fumeur a en effet tendance à augmenter) et nécessite des mesures diététiques adaptées.

PRÉVENTION

Compte tenu de la difficulté d'arrêter de fumer, il est essentiel de réduire l'initiation au tabagisme, qui se produit habituellement vers l'âge de 10-12 ans. Les pays qui ont mis en place une politique publique de réduction du tabagisme (Norvège, Grande-Bretagne, France, Canada, Australie) ont obtenu des résultats significatifs (chute de la consommation de tabac puis réduction de la fréquence des maladies liées au tabagisme, notamment du cancer bronchique). Un tel programme doit être conduit sur plusieurs dizaines d'années et associer les mesures suivantes :

— interdiction de toute forme de publicité, qu'elle soit directe ou indirecte (parrainage d'événements sportifs) ;

— interdiction du tabagisme dans les lieux collectifs clos de façon à protéger les non-fumeurs ;

— augmentation du prix des cigarettes ;

— programmes d'information et d'éducation du public.

TABAGISME PASSIF

Il concerne les personnes non fumeuses vivant ou travaillant dans l'entourage d'un ou de plusieurs fumeurs. Ainsi, les enfants soumis au tabagisme des parents peuvent être victimes d'affections respiratoires (rhinopharyngites, bronchites, asthme, angines) ainsi que de conjonctivites ou d'otites. Chez l'adulte, le tabagisme passif se traduit par un risque accru de cancer bronchique et d'affections cardiovasculaires. On a pu estimer à 500 morts par an le nombre de victimes du tabagisme passif.

Voir : acétylcholine, dépendance, neurotransmetteur, nicotine, syndrome de sevrage, sevrage d'un toxique.

Différents types de fumeurs

Consommation et dépendance. Les fumeurs consommant moins de 5 cigarettes par jour ont une dépendance comportementale, souvent liée à la pression sociale et à l'environnement. Ils peuvent arrêter seuls et sans signes de sevrage dès qu'ils sont décidés. Les fumeurs consommant entre 5 et 20 cigarettes par jour, parfois plus, ont une dépendance comportementale et psychologique liée aux propriétés psychoactives de la nicotine, voire une dépendance physique. Les fumeurs consommant plus de 20 cigarettes par jour ont toujours cette dépendance physique, à l'origine de signes de manque nicotinique lors du sevrage. Ils ont de grandes difficultés pour cesser de fumer. Tout arrêt est suivi d'une sensation de manque, avec nervosité et irritabilité, expliquant les échecs à court terme. L'association à d'autres conduites addictives comme l'alcool, le cannabis, est fréquente, notamment chez les jeunes ; il s'y ajoute dans près de 50 % des cas la coexistence d'états anxiodépressifs.

Tabac et poids. La nicotine a une action sur le métabolisme général et sur l'appétit : elle augmente les dépenses caloriques et elle se comporte comme un « coupe-faim » extrêmement efficace. Aussi, pour certains, le tabagisme sert-il à réguler le poids. L'arrêt de la cigarette peut conduire à une prise de poids. Cet effet de surcharge pondérale à l'arrêt du tabac est bien connu des fumeurs et peut constituer un motif pour ne pas arrêter ou pour reprendre les cigarettes, afin de perdre le poids acquis. D'où l'intérêt d'accompagner le sevrage du tabac de mesures diététiques adaptées.

Tabagisme au féminin. L'organisation mondiale de la santé (O.M.S) estime que, dans les pays industrialisés, une proportion croissante des 3 millions de morts annuelles liées à l'usage du tabac atteint les femmes en raison « des conséquences spécifiques du tabagisme sur la santé de la femme et de ses enfants ». On estime en effet que le risque de mortalité cardiovasculaire est multiplié par 10 chez les femmes qui fument et utilisent la pilule contraceptive. Lorsque la femme est enceinte, le tabagisme accroît en outre le risque d'avortement spontané et de retard de croissance et de développement de l'enfant. Enfin, à la ménopause, les fumeuses sont exposées à un risque accru d'ostéoporose. 

tabatière anatomique

Fossette limitée par les deux tendons extenseurs du pouce (court et long extenseur) lorsque ces muscles se contractent et que le pouce est en extension.

   Elle doit son nom au fait que, pour priser, la pincée de tabac y était déposée avant d'être aspirée. Au fond de la tabatière anatomique cheminent l'artère radiale (le pouls peut y être palpé) et les tendons des muscles radiaux, qui permettent l'extension du poignet.

tabès

Manifestation neurologique tardive de la syphilis.

   Le tabès (ou syphilis tertiaire), très rare de nos jours, fait partie de la syphilis non traitée ou insuffisamment traitée, qui apparaît de 10 à 20 ans après le contact avec le tréponème (bactérie responsable de la syphilis). Les lésions dégénératives atteignent les racines postérieures des nerfs rachidiens, qui rattachent ces derniers à la moelle épinière, et les deux cordons postérieurs de la moelle, constitués de fibres nerveuses transmettant au cerveau les informations de la sensibilité profonde consciente (perception de la position des articulations) et du tact discriminatif (sensibilité tactile fine).

SYMPTÔMES ET SIGNES

On observe une ataxie (absence de coordination des mouvements), se traduisant par une démarche peu assurée, « talonnante », ainsi qu'une instabilité en position debout (signe de Romberg) et un trouble du repérage, yeux fermés, de la position des segments de membre. En revanche, la sensibilité à la chaleur et à la douleur est conservée. Par ailleurs, des douleurs en éclairs parcourent les membres inférieurs. Il existe également des troubles trophiques (liés à une insuffisance de stimulation nerveuse des tissus) : destruction indolore d'articulations, de la peau (ulcère, appelé mal perforant s'il est localisé à la plante des pieds). S'y ajoute fréquemment une abolition du réflexe photomoteur (il n'y a pas de rétrécissement de la pupille à la lumière).

TRAITEMENT

Le traitement par antibiotiques (pénicilline) est peu efficace, car trop tardif. Il permet néanmoins une régression partielle des troubles ou leur stabilisation.