Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

anorganique (trouble)

Trouble existant en l'absence de lésion identifiable d'un organe.

   Un trouble anorganique peut présenter des aspects variés, généraux (malaise, asthénie) ou locaux (céphalées). Le caractère anorganique d'un trouble ne peut être affirmé qu'après la réalisation de différents examens cliniques dont les résultats se révèlent tous normaux. L'apparition d'un trouble anorganique amène à rechercher une pathologie psychiatrique sous-jacente.

anosmie

Perte totale ou partielle (on parle alors d'hyposmie) de l'odorat.

   L'anosmie, qui n'affecte parfois que certaines odeurs, passe volontiers inaperçue du patient ou est prise pour un trouble du goût. Quand elle n'atteint qu'un seul côté du nez, on parle d'hémianosmie.

— Les anosmies sont dites « de transmission » quand elles sont dues à un défaut de perméabilité des fosses nasales qui empêche les molécules odorantes d'atteindre les organes sensoriels (rhume de cerveau, rhinite chronique, sinusite, polypes des fosses nasales, abus de cigarettes).

— Les anosmies sont dites « de perception » quand elles sont dues à une destruction des organes sensoriels de l'olfaction (lésion des centres nerveux, épilepsie).

anosognosie

Incapacité pour un patient de reconnaître la maladie ou la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint.

   L'anosognosie se rencontre essentiellement en cas de lésions de l'hémisphère mineur (hémisphère droit chez le droitier), principalement lors d'un accident cérébral ischémique (dû à une interruption de l'irrigation sanguine). Par exemple, un patient frappé d'une hémiplégie gauche massive refuse d'admettre l'existence de celle-ci, même quand on la lui fait constater, et se comporte, dans ses efforts pour se lever, comme s'il n'était pas paralysé. L'anosognosie peut s'associer à une hémiasomatognosie (le patient refuse de reconnaître comme sienne la moitié paralysée de son corps) ou à une anosodiaphorie (indifférence affective du patient à son trouble).

anoxie

Insuffisance d'apport en oxygène aux organes et aux tissus vivants.

   Dans les poumons, l'oxygène se fixe sur l'hémoglobine. Il est ensuite transporté par la circulation artérielle vers les tissus de l'organisme, qui en ont besoin pour assurer leurs fonctions.

   L'anoxie peut être due à diverses causes :
— une défaillance de l'appareil respiratoire, observée dans l'insuffisance respiratoire ou l'asphyxie ;
— une défaillance cardiaque ou circulatoire : arrêt cardiocirculatoire, dû en général à un infarctus du myocarde, hypotension artérielle majeure par hémorragie ou embolie pulmonaire grave ;
— une réduction anormale du taux d'hémoglobine due à une anémie profonde ou à une anomalie de la fixation de l'oxygène sur l'hémoglobine, comme dans l'intoxication par l'oxyde de carbone.

SYMPTÔMES ET ÉVOLUTION

L'anoxie tissulaire se traduit par une cyanose. Toutefois, c'est le cerveau qui est l'organe le plus sensible à l'anoxie. L'anoxie cérébrale, la plus grave, se manifeste de façon variable, par une perte de connaissance, un coma ou des convulsions dès que l'apport d'oxygène au cerveau a été interrompu plus de quelques minutes. Le coma post-anoxique, parfois prolongé, témoigne du caractère irréversible de certaines lésions cérébrales. Les autres organes (cœur, reins) sont mieux protégés contre l'anoxie.

TRAITEMENT

Le traitement de l'anoxie repose sur celui de sa cause.

Voir : arrêt cardiocirculatoire, coma dépassé, état végétatif chronique.

anse borgne (syndrome de l')

Trouble de l'intestin traduisant une lésion de cet organe susceptible d'entraîner un arrêt de la digestion et une pullulation microbienne dans l'appareil digestif.

Synonyme : pullulation microbienne intraluminale.

   Les principales causes du syndrome de l'anse borgne sont : les maladies inflammatoires du tube digestif entraînant des sténoses ou des fistules ; les interventions chirurgicales (en particulier celles qui réalisent un cul-de-sac) ; les diverticules de l'intestin grêle, la sclérodermie, l'amylose et la neuropathie diabétique, qui produisent un arrêt de la digestion par diminution du péristaltisme intestinal.

   Le syndrome de l'anse borgne se manifeste par une diarrhée de selles jaune pâle, fétides et graisseuses, accompagnée d'un fléchissement de l'état général (état nauséeux, perte de poids), témoignant d'une mauvaise absorption intestinale.

   Le diagnostic peut être orienté par un test respiratoire (à l'hydrogène). Le traitement consiste en la prise régulière d'un antibiotique à large spectre (tétracycline).

Voir : test respiratoire.

antabuse (effet)

Réaction provoquée par l'ingestion d'alcool chez des sujets prenant certains médicaments.

   L'effet antabuse est caractéristique du disulfirame ; il est dans ce cas destiné à provoquer un dégoût de l'alcool chez un alcoolique chronique en période de sevrage. Il apparaît aussi, bien que très rarement, avec d'autres médicaments (antidiabétiques oraux), mais cette fois comme effet indésirable. Le sujet ressent une brusque bouffée de chaleur et de rougeur, parfois très marquée.

antagonisme

Action mutuellement inhibitrice ou réductrice de deux substances.

   Il y a antagonisme entre deux antibiotiques quand l'effet antibactérien conjoint des deux médicaments est inférieur aux effets que chacun d'entre eux aurait eu isolément. Ainsi, les antibiotiques bactériostatiques (bloquant le développement bactérien) sont souvent antagonistes. En revanche, les antibiotiques bactéricides (qui tuent les bactéries) ont souvent une action synergique.

antagoniste

Substance se fixant sur les mêmes récepteurs cellulaires qu'une substance de référence, en empêchant celle-ci de produire tout ou partie de ses effets habituels.

   Certains antihistaminiques (antagonistes de l'histamine), par exemple, sont prescrits pour empêcher la survenue de symptômes dus à l'histamine, au cours des allergies. Plusieurs médicaments du système nerveux végétatif sont des antagonistes de l'adrénaline (alphabloquants, bêtabloquants) ou de l'acétylcholine (anticholinergiques).

Voir : agoniste.

antalgique

Médicament destiné à supprimer ou à atténuer la douleur.

Synonyme : analgésique.

   Les antalgiques sont soit périphériques, agissant à l'endroit de la douleur, soit centraux, agissant sur le système nerveux central (moelle épinière, cerveau). Les antalgiques périphériques, dont certains sont également efficaces contre la fièvre, sont représentés essentiellement par le paracétamol et l'aspirine. Les antalgiques centraux sont en général dérivés de la morphine : la codéine, le dextropropoxyphène et le tramadol sont des morphiniques mineurs ; la morphine, la buprénorphine, la pentazocine et la péthidine sont des morphiniques majeurs.

INDICATIONS

Les antalgiques sont souvent prescrits en complément du traitement de la cause de la douleur. Ils sont parfois associés à des médicaments plus spécifiques des symptômes (antispasmodiques, anti-inflammatoires, antimigraineux, etc.), qui peuvent même les remplacer avantageusement. En cas de douleur intense et rebelle, les prescriptions se font par ordre croissant de toxicité : paracétamol, puis d'autres antalgiques périphériques, puis morphiniques mineurs et enfin morphiniques majeurs.

MODES D'ADMINISTRATION

L'administration peut être orale, rectale, intramusculaire, intraveineuse ou locale (par cathéter).

EFFETS INDÉSIRABLES

Très nombreux et parfois graves, ils sont particuliers à chaque type de produit et sont favorisés par l'automédication. Les antalgiques centraux doivent faire l'objet d'une prescription médicale.