Larousse Médical 2006Éd. 2006
V

voyageurs (conseils pour les) (suite)

MESURES INDIVIDUELLES D'HYGIÈNE

En avion, surtout sur des vols de longue durée, le système circulatoire est mis à rude épreuve : il est donc conseillé de bouger le plus possible et surtout de se lever souvent, d'éviter les chaussures, les ceintures et les cravates trop serrées qui entravent la circulation du sang. En cas de maladie veineuse, il est impératif de porter des bas de contention ; un traitement anticoagulant préventif peut également être nécessaire. Les maux de tête, fréquents, résultent de la pressurisation et de la déshydratation due à la sécheresse de l'air conditionné : ils peuvent être prévenus en buvant abondamment (environ un litre d'eau toutes les 4 heures). Pour limiter les effets du décalage horaire, deux attitudes sont possibles : soit, pour un voyage ouest-est, essayer de dormir dans l'avion afin d'arriver le plus en forme possible (dans ce cas, il est conseillé de prendre des hypnotiques à durée de vie courte, de façon que leurs effets aient disparu à l'arrivée), soit, pour un voyage est-ouest, résister au sommeil le plus longtemps possible, afin de s'adapter à l'horaire du pays d'accueil.

   À l'arrivée, pour éviter les accidents dus à la chaleur, il est recommandé aux voyageurs originaires de pays tempérés d'éviter les efforts physiques intenses en milieu de journée et de saler largement les aliments (pour prévenir toute déshydratation) au début de leur séjour. En cas de transplantation brutale en altitude, il leur est conseillé d'observer un repos de 48 heures de façon à faciliter l'adaptation de leur organisme à un air plus pauvre en oxygène. Il est conseillé aux voyageurs de se munir, en quantité suffisante, des produits pharmaceutiques qu'ils utilisent habituellement (antidiabétiques, antiépileptiques, antihypertenseurs, pilule contraceptive, etc.).

— L'hygiène alimentaire consiste à boire exclusivement de l'eau minérale ou des boissons encapsulées (si ce n'est pas possible, filtrer, faire bouillir ou désinfecter l'eau au préalable), à s'abstenir de consommer des glaces et des glaçons, du beurre cru ou non pasteurisé, des légumes crus, des fruits qui ne s'épluchent pas, des fruits de mer ainsi que des poissons et de la viande crus ou peu cuits. En outre, il faut employer de l'eau minérale pour se brosser les dents.

— L'hygiène de la peau est capitale en climat tropical ; en effet, celle-ci y est plus fréquemment sujette à des infections bactériennes ou mycosiques dont la chaleur, conjuguée à l'humidité, favorise le développement ;

— protection contre le soleil : utilisation de crèmes filtrantes, exposition progressive aux rayonnements solaires, administration de vitamine PP, de chloroquine ou de bêta-carotène en cas de photo-allergie ; il est conseillé, dans les régions chaudes et sèches, de porter un chapeau léger, de couleur claire, qui protège des insolations ; en revanche, si le climat est chaud et humide, le chapeau n'est pas nécessaire et gêne l'évaporation de la transpiration du cou et du cuir chevelu ;

— protection contre l'humidité et la chaleur : bonne hygiène corporelle (douches, utilisation d'une poudre maintenant la peau sèche), port de vêtements amples, de couleur claire (qui réfléchit le soleil) et de préférence en coton (les étoffes synthétiques n'absorbant pas la transpiration) ;

— protection contre les maladies parasitaires dont la contamination se fait par voie cutanée (bilharziose, anguillulose, etc.) en évitant de marcher pieds nus dans la boue ou la terre humide ou de prendre des bains en eau douce, stagnante ou à faible courant (marigots, fleuves, lacs) ;

— protection contre les dermites dues au contact avec certains végétaux (bois exotiques, suc d'arbre, de plante ou de fruit) en évitant de manipuler ceux-ci sans précaution) ;

— protection contre les acariens (tiques, sarcoptes de la gale) ou les insectes (puces, punaises, taons, moustiques), qu'ils soient ou non vecteurs de maladies, à l'aide de moustiquaires, d'insecticides et d'insectifuges. La protection contre les piqûres d'anophèle (moustique), en zone d'endémie du paludisme à Plasmodium falciparum, constitue l'un des éléments essentiels de la prévention contre cette maladie grave.

— L'hygiène sexuelle consiste à utiliser des préservatifs lors de tout rapport sexuel.

L'enfant en voyage

Un voyage en pays étranger, en particulier s'il s'agit d'un enfant, mérite d'être discuté et préparé avec le médecin traitant au moins 1 ou 2 mois à l'avance. Les voyages en pays tropical, surtout en condition précaire, avec un très jeune nourrisson sont à déconseiller et, si possible, à reporter. Il existe des lieux de consultation spécialisés dans les voyages, y compris en pédiatrie.

La prévention des infections. Elle passe par les vaccinations. Il est nécessaire de vérifier que le calendrier vaccinal est bien à jour pour les vaccins courants. Les vaccins plus spécifiques (fièvre jaune, typhoïde, hépatite A, méningite à méningocoque) sont à discuter avec le médecin en fonction du pays visité et de l'enfant (âge, antécédents).

   La prévention du paludisme dans les pays concernés est indispensable, car les risques d'accès graves sont accrus chez les enfants. Les premières mesures consistent à éviter les piqûres de moustique en préférant des vêtements longs le soir et en plaçant sur le lit ou le berceau une moustiquaire imprégnée d'insecticide. On utilise également des lotions ou sprays cutanés répulsifs, mais la molécule doit être choisie en fonction de l'âge de l'enfant car certains produits ne peuvent pas être utilisés chez les moins de 2 ans.

   Enfin une prophylaxie médicamenteuse adaptée au pays visité, au poids et à l'âge de l'enfant est prescrite par le médecin traitant avant le départ. Ces mesures ne sont pas infaillibles et toute fièvre pendant ou au retour du voyage ou tout malaise, même en l'absence de fièvre, impose une consultation en urgence.

Les diarrhées. Elles peuvent être prévenues par des mesures d'hygiène : utilisation d'eau minérale, de préférence, ou d'eau filtrée bouillie pour la préparation des biberons et pour la boisson, stérilisation des biberons, lavage des mains des adultes. En cas de survenue de diarrhée, il est important de s'être muni avant le départ de sachets de solutés de réhydratation orale et de connaître les signes de gravité de diarrhée.

Précautions générales. L'enfant ne doit pas être exposé au soleil et il convient de le protéger par des vêtements, chapeau, lunettes et crèmes solaires (écran total). On le protège également des « coups de chaleur » en le faisant boire régulièrement. Il faut éviter que l'enfant marche pied nu et se baigne dans les mares ou les rivières (transmission de parasites), qu'il joue avec des animaux (rage).

Le voyage en avion. Il peut être responsable de certains désagréments tel que le mal des transports ou des problèmes O.R.L. Les changements d'altitude, responsables de déséquilibres de pression de part et d'autre du tympan, peuvent entraîner une hypoacousie ou des otalgies auxquels les enfants sont plus sensibles et ce d'autant plus qu'ils sont jeunes (ils ne peuvent pas utiliser les mesures préventives comme mâcher du chewing-gum ou baîller). La succion d'une tétine ou la prise d'un biberon au décollage et à l'atterrissage peuvent alors remplacer ces mesures. Les voyages en avion sont cependant à déconseiller dans les jours suivant une otite.

Trousse de secours. Il n'y a pas de trousse type préétablie. Elle contiendra au minimum des sachets de réhydratation orale, un antivomitif, un médicament contre le mal des transports, un médicament contre la douleur et la fièvre en présentation pédiatrique (paracétamol), un thermomètre, un désinfectant cutané, des pansements et compresses, un répulsif anti-moustique, de la crème solaire, un désinfectant, de l'eau de boisson, un traitement antipaludéen lors d'un voyage en zone impaludée.