Larousse Médical 2006Éd. 2006
V
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vaccin

Préparation d'origine microbienne introduite dans l'organisme afin de provoquer la formation d'anticorps (ou de cellules tueuses) contre le microbe en cause.

   La présence de ces anticorps (ou de ces cellules) crée une immunisation spécifique contre l'infection ou la toxine due à l'agent infectant correspondant.

PRINCIPE

Un germe pénétrant naturellement chez un individu est responsable de deux effets. Le premier, presque immédiat, est l'infection, avec des signes particuliers caractéristiques de l'agent responsable et un signe commun, la fièvre. Le second effet est la mise en place d'une protection future contre ce germe pathogène, car celui-ci active le système immunitaire, qui produit des anticorps ou des lymphocytes spécialisés. Ceux-ci seront capables de neutraliser le même germe s'il pénètre de nouveau dans l'organisme ainsi protégé. Cette protection n'est pas immédiate lors de la première pénétration du germe, d'où l'apparition de la maladie. En effet, le système immunitaire met environ 6 à 8 jours pour synthétiser les anticorps ou générer les cellules défensives en nombre suffisant. Ensuite, il garde le souvenir de la première intrusion du germe, souvenir inscrit définitivement dans une variété particulière de lymphocytes, les lymphocytes mémoire. Ceux-ci vont circuler très longtemps chez l'individu et réagir immédiatement et fortement lors d'une invasion ultérieure en neutralisant les germes dès leur entrée dans l'organisme. Cela explique, par exemple, pourquoi une personne n'est jamais atteinte deux fois par le virus de la rougeole ou par celui de la rubéole.

TECHNIQUE

Un vaccin est un germe microbien auquel on a fait perdre artificiellement son pouvoir pathogène pour n'en garder que le pouvoir immunisant : les vaccins ne provoquent pas de maladie, mais ils induisent la production de lymphocytes mémoire identiques à ceux qu'auraient générés le germe pathogène. Les vaccins sont obtenus par un traitement adapté, biologique, physique ou chimique, des germes pathogènes. Désormais, des vaccins entièrement synthétiques, substances uniquement composées des parties « vaccinantes » d'un germe, sont disponibles (hépatite B, coqueluche, infections à méningocoque, par exemple).

DIFFÉRENTES FORMES DE VACCIN

Les vaccins sont préparés selon divers procédés et disponibles sous plusieurs formes.

— Les germes tués, encore appelés germes inactivés ou inertes, produisent des vaccins immunisant par le pouvoir antigénique persistant des germes. L'emploi de ces vaccins nécessite des injections répétées et des rappels pour relancer l'immunité ; les vaccins protégeant contre le choléra, la fièvre typhoïde, la grippe, la coqueluche, la rage, l'hépatite virale B sont de ce type, ainsi que le vaccin antipoliomyélitique par voie parentérale de Salk.

— Les vaccins vivants atténués entraînent une réaction immunitaire similaire à celle que produirait l'infection de l'organisme. Une seule injection est suffisante. Font partie de cette famille les vaccins protégeant contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (souvent associés en vaccin R.O.R.) ainsi que ceux contre la fièvre jaune et la poliomyélite.

— Les anatoxines, obtenues par modification chimique et physique de la toxine responsable de la maladie, sont utilisées lorsque la toxine d'un germe est l'agent pathogène principal. L'immunité ne concerne que la toxine. Les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et le botulisme sont de ce type.

vaccination

Administration d'un vaccin ayant pour effet de conférer une immunité active, spécifique d'un microbe, rendant l'organisme réfractaire à la maladie dont il est responsable.

HISTORIQUE

La première vaccination fut celle que réalisa le médecin anglais Edward Jenner, en 1796, en inoculant la vaccine à un homme afin de le protéger de la variole. Deux cents ans plus tard, cette maladie est définitivement éradiquée de la surface du globe. Dans les pays développés, la vaccination a permis la disparition presque totale de maladies comme la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos néonatal. Dans les pays en développement, le nombre d'enfants qu'elle sauve chaque année est estimé à environ 1 500 000.

MODE D'ACTION

Étant donné que l'immunisation active n'apparaît que plusieurs jours ou plusieurs semaines après l'administration du vaccin, la vaccination représente le plus souvent un moyen de prévention contre une infection donnée. Mais elle peut être aussi utilisée pour renforcer les défenses de l'organisme contre une infection déjà installée (vaccinothérapie). La sérovaccination associe la vaccination (protection à long terme) et la sérothérapie (action immédiate) ; ainsi prévient-on le tétanos chez les personnes non vaccinées susceptibles d'avoir contracté la maladie à l'occasion d'une blessure, même minime (piqûre de rosier, par exemple).

INOCULATION

Selon le vaccin, l'inoculation peut être faite par voie sous-cutanée, intramusculaire, intradermique ou par voie orale (rotavirus). On a recours aujourd'hui à deux types de vaccination : les vaccinations combinées, qui consistent à mélanger, au moment de l'emploi, les vaccins dans la même seringue et à les inoculer en un seul point de l'organisme ; les vaccinations simultanées, qui consistent à administrer les vaccins en différents points de l'organisme ou par des voies différentes.

VACCINATIONS COURANTES

Les vaccinations concernent des maladies graves, fréquentes et évitables.

— Chez l'enfant, certaines vaccinations sont obligatoires, d'autres sont facultatives mais fortement conseillées. Chaque pays propose un calendrier vaccinal, en fonction des conditions épidémiologiques qui lui sont propres, contre la tuberculose (B.C.G.), contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (D.T.P.), mais aussi contre la coqueluche – maladie infectieuse particulièrement grave chez le jeune nourrisson –, contre la rougeole, les oreillons et, pour les filles, contre la rubéole (vaccin R.O.R.). Une autre vaccination, plus récente, permet de protéger les nourrissons contre les infections à Hæmophilus influenzæ de type b : méningite purulente, épiglottite, etc. Ce vaccin peut être associé au vaccin contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite (D.T.C.P) : on parle alors de vaccin pentavalent. Enfin, en vue d'un voyage dans un pays où sévissent encore des maladies à potentiel épidémique (choléra, fièvre jaune, par exemple), les vaccinations correspondantes doivent être pratiquées. Celle contre la fièvre jaune est, selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), obligatoire.

— Chez l'adulte, on distingue des vaccinations de plusieurs types : celles concernant des affections présentes dans toutes les parties du monde (tétanos, rubéole pour les femmes non immunisées, grippe pour les personnes âgées ou fragiles) ; celles qui sont obligatoires pour les personnes se rendant dans certains pays tropicaux ; celles, enfin, rendues nécessaires par une affection particulière ou en raison des risques inhérents à certaines professions (hépatite B ou diphtérie pour les personnels de santé, rage pour les travailleurs agricoles, les vétérinaires ou les gardes forestiers, hépatite A pour les employés des secteurs alimentaires, etc.).

REVACCINATION

En raison de l'immunité limitée conférée par certains vaccins, il est nécessaire de pratiquer une nouvelle vaccination (rappel) quelque temps après la première. Ainsi, pour la fièvre jaune, la vaccination est-elle recommandée tous les 10 ans. Si des modifications antigéniques apparaissent au cours du temps dans la structure des virus, la vaccination doit être renouvelée chaque année avec un nouveau vaccin (vaccination annuelle contre le virus de la grippe, qui se modifie fréquemment).

CONTRE-INDICATIONS

— Les contre-indications absolues à l'administration d'un vaccin sont les affections malignes (cancer, maladie du sang), les affections viscérales chroniques et certains déficits immunitaires. Les vaccins bactériens inactivés (coqueluche) sont contre-indiqués en cas de forte réaction après une précédente injection.

— Les contre-indications temporaires à l'administration d'un vaccin sont une fièvre et les suites immédiates d'interventions chirurgicales. Les maladies rénales, les insuffisances cardiaques ou respiratoires, les maladies dermatologiques, y compris l'eczéma, ne constituent pas des contre-indications, à condition que les vaccinations soient pratiquées en dehors d'une poussée de la maladie. En présence d'un terrain fortement allergique, la vaccination est possible selon un protocole bien défini comportant notamment une épreuve de tolérance au vaccin. Pendant la grossesse sont contre-indiqués les vaccins anticoquelucheux, antirougeoleux, antirubéolique, antirabique (sauf contamination certaine) et, sauf urgence, les vaccins antidiphtérique et antiamarile (contre la fièvre jaune). En revanche, il est possible de vacciner une femme enceinte contre la grippe et, à partir du 4e mois de grossesse contre la poliomyélite (par voie injectable) et le tétanos.