Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

mémoire

Faculté qu'a le cerveau de conserver une trace de l'expérience passée et de la faire revenir à la conscience.

   La mémoire est un processus complexe qui comporte trois phases : apprentissage, stockage de l'information puis restitution (évocation et reconnaissance). Ces phénomènes ne sont pas sous la dépendance d'une région précise et spécialisée du cerveau ; ils se déroulent à la fois au niveau des centres nerveux polyvalents (l'hippocampe, le corps mamillaire et l'hypothalamus) et des fibres nerveuses qui relient ces 3 centres.

   Classiquement, on distingue la mémoire à court terme, qui ne dure pas plus de quelques minutes, de la mémoire à long terme. En outre, la psychanalyse décrit une mémoire inconsciente influant sur l'activité psychique. Réciproquement, l'état affectif du sujet exerce sur sa mémoire une action stimulante ou inhibitrice.

EXAMENS

Les examens de la mémoire, longs et assez délicats, nécessitent une attention soutenue de la part du sujet. Pour explorer sa mémoire à court terme, on lui fait répéter après quelques minutes des séries très courtes de trois mots. Pour étudier sa mémoire à long terme, on lui pose des questions sur sa vie, celle de son entourage et sur l'actualité.

TROUBLES DE LA MÉMOIRE

— Les troubles de la mémoire par défaut sont les trous de mémoire et les amnésies. Des trous de mémoire « isolés » peuvent être dus à une fatigue, à une dépression latente ou à la prise prolongée de certains médicaments (somnifères, tranquillisants). Les amnésies sont brèves ou prolongées, portent sur la mémoire à court terme ou à long terme, concernent des faits survenus après (amnésie antérograde) ou avant (amnésie rétrograde) le début des troubles : ainsi, un traumatisme crânien provoque parfois une amnésie rétrograde (le malade a oublié ce qui s'est passé pendant les minutes, les heures ou les jours qui ont précédé l'accident), voire une amnésie antérograde de durée variable. Certains troubles métaboliques (hypoglycémie) et l'épilepsie peuvent entraîner une amnésie transitoire. Le trouble de mémoire léger (MCI, pour Mild Cognitive Impairment en anglais) est un déficit de mémoire pouvant rester isolé ou évoluer vers une maladie d'Alzheimer (15 % environ évoluent chaque année dans ce sens). Les principales affections à l'origine d'amnésies prolongées sont les maladies dégénératives (démences, dont la maladie d'Alzheimer), les accidents vasculaires cérébraux, les infections (encéphalites virales), les carences (encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Korsakoff) et les maladies psychiatriques (dépression, névrose) ; il arrive lors de certaines de ces maladies (confusion, manie, démence, syndrome de Korsakoff) que les sujets émaillent leurs discours de récits imaginaires et de fausses reconnaissances, destinés à combler leurs pertes de mémoire.

— Les autres troubles de la mémoire sont l'ecmnésie (résurgence massive du passé), qui s'observe notamment dans les états passionnels hystériques et délirants et dans l'épilepsie, et l'hypermnésie (hypertrophie de la mémoire), qui n'est pas rare dans la manie ou dans l'arriération mentale et ne doit pas être confondue avec celle de certains sujets prodiges, généralement liée à des aptitudes hors du commun dans un domaine précis (calcul, musique).

Voir : amnésie, amnésie, démence, ictus amnésique, syndrome de Korsakoff.

mémoire immunitaire

Capacité d'un organisme à se souvenir d'une substance étrangère appelée antigène (par exemple, un germe), avec laquelle il a déjà été en contact.

   La mémoire immunitaire est attribuée aux lymphocytes (B et/ou T), qui réagissent différemment s'ils ont déjà été confrontés à un antigène donné : la réponse immunitaire est plus rapide, plus efficace et plus durable au second contact qu'au premier. La vaccination est une technique de prévention des maladies infectieuses fondée sur ce phénomène de mémoire immunitaire : l'introduction dans l'organisme d'une faible dose d'un micro-organisme, sous une forme non pathogène (celui-ci étant inactivé ou tué), ou de certains de ses constituants déclenche une réaction immunitaire, dite primaire, et induit la production des cellules mémoire qui permettront à l'organisme de réagir efficacement à toute pénétration ultérieure du même agent infectieux.

   Le support moléculaire responsable de la mémoire immunitaire n'est pas encore connu ; quant à son mécanisme, ce pourrait être le suivant : le premier contact avec l'antigène conduirait à une activation des lymphocytes spécifiques de celui-ci et provoquerait leur multiplication et donc la naissance de nombreuses cellules filles, dont certains caractères métaboliques seraient modifiés et dont la capacité à adhérer à différentes molécules serait augmentée, de même que leur sensibilité aux messages des autres cellules immunitaires. Ces lymphocytes, répartis dans tout l'organisme, seraient ainsi plus aptes à répondre à une nouvelle agression par le même antigène.

Ménétrier (maladie de)

Gastrite chronique caractérisée par un épaississement important de la muqueuse gastrique.

Synonyme : gastropathie hypertrophique géante.

   La maladie de Ménétrier peut être diffuse ou localisée dans la muqueuse de la grande courbure de l'estomac.

   La maladie se manifeste par un manque d'appétit, des brûlures ou des douleurs gastriques. Elle s'accompagne d'une diminution du taux de protéines dans le sang, due à une fuite anormale de celles-ci dans l'estomac, diminution qui entraîne une altération de l'état général, parfois sévère.

DIAGNOSTIC ET ÉVOLUTION

Le diagnostic repose sur la fibroscopie gastrique, qui permet de visualiser de volumineux plis gastriques, et sur l'examen radiographique du transit œso-gastro-duodénal. Le risque élevé de cancérisation de cette gastrite rend indispensable une surveillance endoscopique régulière.

TRAITEMENT

Le traitement, mal codifié, fait appel à l'administration de médicaments antisécrétoires ou à la chirurgie (ablation de l'estomac dans les cas de dénutrition sévère ou de dégénérescence maligne).

Menière (maladie de)

Affection de l'oreille interne qui se manifeste par un ensemble de troubles comprenant des vertiges, une baisse de l'audition et des bourdonnements d'oreille.

   La maladie de Menière atteint l'oreille interne, responsable de l'audition et de l'équilibre. En général, elle ne touche qu'une seule oreille, mais peut aussi être bilatérale. Elle survient par crises, chez des personnes âgées de 20 à 50 ans.

CAUSES

La cause précise de la maladie de Menière n'est pas connue. On rapporte habituellement cette maladie à une augmentation de pression des liquides dans le labyrinthe de l'oreille interne (hydrops labyrinthique).

SYMPTÔMES ET SIGNES

Entre 30 minutes et 1 heure avant la crise, des signes annonciateurs, tels qu'une sensation d'oreille pleine, permettent au sujet d'arrêter toute activité pouvant devenir dangereuse lors de cette crise. Celui-ci a l'impression de tourner ou que tout tourne autour de lui : il doit s'allonger. À ce vertige s'associent des sueurs, un malaise, des nausées et des vomissements, des maux de tête et une sensation de bourdonnement dans l'oreille. L'acuité auditive baisse, surtout dans le grave. La crise dure plusieurs heures et laisse le sujet épuisé. La fréquence de ces crises est imprévisible. Au bout de 10 à 15 ans, les crises de vertige s'estompent mais la fonction auditive est alors très altérée.

TRAITEMENT

La cause de la maladie de Menière restant inconnue, le traitement en est difficile. Lors des crises, le sujet doit rester au repos. Des anxiolytiques et des antivertigineux peuvent être pris. Le traitement de fond est permanent et fait appel à plusieurs moyens : une vie équilibrée est recommandée ainsi que le respect d'un régime alimentaire pauvre en sel et l'exclusion du tabac et de l'alcool. Des médicaments sont prescrits : anxiolytiques, diurétiques, antihistaminiques et antivertigineux. Parfois le sujet est amené à suivre une psychothérapie antidépressive. En cas d'échec du traitement médical et devant des formes très invalidantes de la maladie de Menière, des traitements chirurgicaux ont été proposés, qui consistent à décomprimer le sac endolymphatique de l'oreille interne ou encore à sectionner le nerf vestibulaire.