Larousse Médical 2006Éd. 2006
C

champignons

Organismes vivants possédant un noyau cellulaire typique. Dépourvus de chlorophylle, ils vivent aux dépens de matières organiques (soit saprophytes sur matériaux inertes, soit parasites de l'homme, des animaux ou des plantes). Ils se nourrissent par absorption à travers leur paroi cellulaire.

   Il existe près de 100 000 espèces de champignons qui forment un règne à part. Certains sont microscopiques (micromycètes : levures, moisissures, etc.), d'autres possèdent des carpophores, qui sont les « champignons » au sens courant du terme, les macromycètes.

   Certains champignons sont utiles et jouent un rôle dans les industries de fermentation (bière, vin, pain), dans la préparation des fromages, la production d'enzymes, etc. Dans le domaine médical, leur intérêt réside dans la préparation d'antibiotiques, d'œstrogènes, d'anabolisants. D'autres champignons sont nuisibles, parasitent les plantes, altèrent les denrées après récolte, détériorent les matériaux.

   Nombre de champignons récoltés dans la nature ou cultivés constituent d'excellents comestibles ; comportant jusqu'à 90 % d'eau, ils sont cependant riches en glucides, en protéines, en sels minéraux et en vitamines. D'autres sont vénéneux et provoquent des empoisonnements graves, parfois mortels. Certaines espèces, contenant de la psilocybine, ont des propriétés hallucinogènes.

   Les champignons sont impliqués dans trois types de maladie : les mycoses (infection d'un tissu vivant), les allergies (réaction d'un individu liée à l'inhalation des spores ou au contact d'un champignon), les mycotoxicoses (intoxication résultant de l'ingestion de métabolites fongiques toxiques).

Intoxications alimentaires dues aux champignons macromycètes

En cas d'ingestion de champignons vénéneux, l'intoxication peut se manifester immédiatement, ou après une période d'incubation variable, selon le type de champignon ingéré. On distingue différents types d'intoxication selon la toxine responsable et l'effet qu'elle produit.

   Pour éviter tout empoisonnement, il est indispensable d'apprendre à identifier par leurs caractères les espèces dangereuses et de prohiber systématiquement la consommation de tout exemplaire dont l'identification est douteuse.

DIFFÉRENTS TYPES D'INTOXICATION

— Les intoxications phalloïdiennes se manifestent après ingestion d'amanites (phalloïde, printanière ou vireuse) et sont provoquées par les amatoxines et les phallotoxines. Les symptômes se manifestent de 10 à 12 heures après ingestion sous forme de douleurs abdominales, de déséquilibre ionique du sang, de crampes musculaires, de prostration et, enfin, de troubles hépatiques.

— Les intoxications paraphalloïdiennes, dues à l'ingestion de différentes espèces de lépiotes, sont provoquées par les amanitines ; les symptômes se manifestent de 5 à 15 heures après ingestion sous forme de vomissements, de crampes musculaires douloureuses et d'hépatite.

— Les intoxications orellaniennes, provoquées par l'ingestion de certains cortinaires, sont dues à l'orellanine ; elles se manifestent très tardivement (de 3 à 15 jours après ingestion) et provoquent de sévères lésions rénales (néphropathie aiguë avec anurie).

— Les intoxications muscariniennes (ou sudoriennes) sont causées par l'ingestion de l'inocybe de Patouillard, des clitocybes blancs, du pleurote de l'olivier. La toxine responsable, la muscarine, provoque des troubles digestifs, une abondante sueur, une salivation exagérée et des larmoiements ; ces signes se manifestent peu après l'ingestion.

— Les intoxications psychotropiques sont de deux sortes. L'ingestion d'amanites tue-mouches et panthère provoque des troubles digestifs précoces et une ivresse due à l'acide iboténique et au muscinol qu'elles contiennent ; la consommation de divers psilocybes provoque des hallucinations dues à leurs composés indoliques.

— Les intoxications gyromitriennes sont dues à l'ingestion de gyromitres frais. La substance toxique en cause, la monométhylhydrazine, provoque tardivement (de 6 à 24 heures après ingestion) vomissements, diarrhée, nausées, convulsions et hémolyse.

— Les intoxications gastro-intestinales peuvent être graves après ingestion de l'entolome livide ou du tricholome tigré, peu graves, avec un effet purgatif, en cas d'ingestion de clavaire élégante, irritantes après consommation de lactaire toisonné ou de lactaire muqueux, donnant lieu à de simples indigestions avec la russule émétique, le bolet Satan, la psalliote jaunissante.

— L'éréthisme cardiovasculaire est dû à l'ingestion de coprin noir d'encre consommé avec une boisson alcoolisée, qui provoque une rubéfaction de la face.

— L'ergotisme, ou feu de Saint-Antoine, est provoqué par l'ergot du seigle, qui infecte cette céréale. L'ergotisme peut prendre soit la forme d'une gangrène des extrémités, soit celle de crises convulsives, avec crampes, spasmes et troubles psychiques.

TRAITEMENT

En présence d'une intoxication, il convient d'alerter le centre antipoison le plus proche, afin que le traitement approprié soit apporté.

Voir : antifongique, chromomycose, ergotisme, mycose, mycotoxicose.

chancre

Ulcération isolée de la peau ou des muqueuses constituant le stade initial de plusieurs maladies contagieuses, le plus souvent vénériennes.

— Le chancre syphilitique, ou chancre induré, dû à Treponema pallidum, s'observe au cours de la première phase de la syphilis. Il survient de 10 à 20 jours après le contact infectant et se localise le plus souvent sur le pénis, l'anus ou la vulve, parfois dans le rectum, dans la bouche, sur le doigt ou sur le mamelon, où sa reconnaissance est malaisée. Il prend la forme d'une érosion rosée qui évolue vers une ulcération propre, dure et indolore au toucher, accompagnée d'une inflammation des ganglions drainant la zone infectée, puis disparaît en quelques semaines. À ce stade, la pénicilline est un traitement très efficace.

— Le chancre mou ou chancrelle est une maladie sexuellement transmissible due au bacille Hemophilus ducreyi, endémique dans les pays en développement.

   Quelques jours après la contamination, un chancre apparaît sur la verge ou la vulve sous forme d'une élevure rougeâtre et douloureuse qui s'ulcère rapidement et se borde d'un liseré jaune et rouge. Souvent multiple par auto-inoculation, la lésion est de taille variable (de quelques millimètres à plusieurs centimètres) ; elle se complique d'une infection douloureuse des ganglions, qui se fistulisent et provoquent des abcès (bubons chancrelleux) en l'absence de traitement. Cette infection touche essentiellement l'aine gauche. Le diagnostic s'effectue par grattage de la lésion et examen bactériologique du prélèvement ; le traitement repose sur l'administration d'antibiotiques.

— Le chancre mixte apparaît lors d'une double infestation par le chancre mou et la syphilis, la seconde affection se manifestant avec un décalage de 3 semaines. Il se manifeste sous forme d'une lésion caractéristique du chancre mou (élevure rougeâtre et douloureuse s'ulcérant et se bordant d'un liseré jaune et rouge) qui persiste anormalement et modifie son aspect au bout de 3 semaines. En cas de chancre mou, l'association avec la syphilis est toujours recherchée, la sérologie destinée à mettre la syphilis en évidence devant être pratiquée à la troisième semaine.

— Le chancre donovanien est une manifestation initiale de la donovanose, ou granulomatose vénérienne tropicale, maladie sexuellement transmissible due à un bacille du groupe des klebsielles, Calymmatobacterium granulomatis.

   Les chancres ont l'aspect de nodules, siègent le plus souvent sur les parties génitales et ont tendance à s'ulcérer. Ils sont traités par administration d'antibiotiques.

— Le chancre de la maladie de Nicolas-Favre, dû à Chlamydia trachomatis, apparaît après une incubation de 4 à 21 jours. C'est un chancre de petite taille, génital, anal ou buccal, qui passe fréquemment inaperçu, mais s'associe à une inflammation des ganglions douloureuse et caractéristique. Il est efficacement traité par antibiotiques.

— Le chancre scabieux est une lésion génitale cutanée due à la gale. Il forme de petites élévations croûteuses sur les muqueuses génitales. Le traitement est celui de la gale.

Voir : lymphogranulomatose vénérienne, maladie sexuellement transmissible.