Larousse Médical 2006Éd. 2006
V

vieillesse

Troisième période de la vie, succédant à l'enfance et à l'âge adulte.

   Les limites de la vieillesse sont difficiles à définir, les processus de vieillissement apparaissant dès la fin de la croissance ; en pratique, la frontière entre âge adulte et vieillesse est franchie au cours de la sixième décennie, avec de nombreuses variantes individuelles.

   Du point de vue médical, la vieillesse est marquée par la plus grande fréquence d'affections majeures : artériosclérose, cancers, maladies dégénératives.

   Socialement, on peut distinguer deux périodes de vieillesse. Durant la première, parfois dite du troisième âge, les sujets, qu'ils soient ou non malades, demeurent autonomes. Cette tranche d'âge, qui va de 60 à 80 ans environ, est aujourd'hui beaucoup mieux vécue qu'au XIXe siècle grâce en particulier aux progrès de l'hygiène, de la prévention et de la thérapeutique. La seconde, correspondant à ce que l'on nomme quatrième âge, concerne les sujets très âgés, souvent affectés à des degrés divers de troubles moteurs et de déficits sensoriels et/ou intellectuels les privant plus ou moins de leur autonomie. Ces personnes nécessitent des soins médicaux complexes requérant, dans certains cas, un hébergement en institution spécialisée.

   Si le vieillissement constitue un processus inéluctable, il ne s'accompagne pas nécessairement d'une dégradation physique ni intellectuelle. Le respect d'une bonne hygiène de vie, un suivi médical régulier, et le maintien des activités permettent à tout un chacun de préserver, l'âge venant, une bonne qualité de vie.

Un processus normal

Tous les êtres vivants vieillissent et ce dès le début de leur existence. Rien de ce qui est vivant n'échappe à ce processus qui répond à une loi biologique fondamentale inscrite dans les gènes de chaque espèce. Ainsi, l'espèce humaine est apparemment programmée pour vivre au maximum environ 120 ans, avec des disparités importantes entre individus : les chances d'atteindre un âge avancé sont beaucoup plus grandes lorsque ses propres parents et grands-parents sont eux-mêmes morts très âgés. Toutefois, par-delà ces disparités, l'espérance de vie augmente, en grande partie grâce aux progrès de la médecine et à l'amélioration des conditions socio-économiques.

— Vieillissement biologique et pathologique. Le dogme de la baisse des performances attribuée à l'âge est aujourd'hui remis en cause. Il est vrai que certaines fonctions physiologiques s'altèrent avec l'âge (la perception des sons aigus, par exemple, s'émousse [presbyacousie], de même que le pouvoir accommodatif de l'œil [presbytie]), mais elles peuvent être corrigées par des appareillages adaptés. En fait, le vieillissement entraîne surtout une diminution des capacités d'adaptation : une pneumonie, par exemple, peut entraîner plus facilement une insuffisance cardiaque chez la personne âgée que chez l'adulte jeune. Avec l'âge, la sensibilité aux médicaments s'accroît (la dose thérapeutique est plus proche de la dose toxique), ce qui nécessite de plus grandes précautions dans leur administration. On peut donc vivre vieux dans de bonnes conditions de santé, et il n'y a aucune raison pour que les capacités intellectuelles diminuent passé 70 ans. Très souvent, la baisse des performances n'est pas tant l'effet du vieillissement normal que celui des maladies qui l'accompagnent (vieillissement pathologique).

Vieillissement et maladies

Les personnes âgées de 65 à 79 ans ont en moyenne cinq maladies chacune, soit deux fois plus que n'en compte l'ensemble de la population. Or, ce sont ces maladies, souvent complexes, qui sont généralement responsables de la perte d'autonomie des personnes âgées. Les symptômes en sont fréquemment trompeurs, car non spécifiques : malaise, chute, incontinence, etc. Les interactions ou les effets secondaires des multiples traitements qui s'ensuivent contribuent également à la dégradation de l'état de santé. Les affections responsables de la perte d'autonomie des personnes âgées sont avant tout les maladies vasculaires et dégénératives. Avec le vieillissement, il existe aussi une augmentation de la fréquence des cancers, dont 50 % sont diagnostiqués chez les sujets de plus de 65 ans. Ce sont surtout des cancers digestifs (et avant tout du côlon), du sein, de la prostate, de la vessie et de la peau. Leur dépistage précoce est actuellement encouragé (coloscopie, autopalpation du sein, etc.), ce qui constitue un atout majeur de chance de guérison de ces cancers.

— Les maladies vasculaires. L'hypertension artérielle (H.T.A.), dont la fréquence augmente avec l'âge, est un des grands facteurs d'accident vasculaire cérébral ou cardiaque après 65 ans, et le premier facteur dans la survenue de démence d'origine vasculaire. Les hypertendus voient multiplié par deux le risque d'être atteint d'hémiplégie, par trois celui de souffrir de maladies coronariennes consécutives à une mauvaise irrigation du cœur. D'autres maladies vasculaires sont fréquentes chez la personne âgée : l'angine de poitrine (angor) et sa complication majeure, l'infarctus du myocarde, ainsi que les artériopathies des membres inférieurs, qui exposent aux ulcères des jambes et à l'occlusion artérielle totale.

— Les maladies dégénératives du cerveau. Une personne sur vingt de plus de 60 ans et une sur cinq de plus de 85 ans souffrent de graves altérations de leurs facultés mentales. Dans 50 à 60 % des cas, il s'agit de la maladie d'Alzheimer, affection dégénérative cérébrale qui se manifeste par des troubles de la mémoire, du langage, du raisonnement et par une difficulté à s'orienter dans le temps et l'espace. Des médicaments améliorant les symptômes de la maladie au début de son évolution peuvent aujourd'hui être proposés. Par ailleurs, la stimulation quotidienne du malade dans les actes élémentaires de la vie aide au maintien de l'autonomie : il est recommandé à l'entourage de ne pas se substituer au sujet, mais au contraire de l'encourager, sous surveillance, à effectuer lui-même les gestes de la vie quotidienne. Autre affection dégénérative cérébrale, la maladie de Parkinson se traduit par un tremblement au repos, une expression figée, des mouvements lents et rares, et une raideur généralisée. On ne sait toujours pas empêcher son aggravation progressive, mais divers médicaments permettent aujourd'hui d'en atténuer les symptômes.

— Les maladies des os et des articulations. Avec l'âge peut survenir une altération des cartilages (arthrose) de la hanche ou du genou, dont on ne connaît pas encore de traitement préventif. En revanche, on sait aujourd'hui beaucoup mieux traiter la douleur, les poussées inflammatoires et remplacer, si nécessaire, les articulations détruites. Les remarquables progrès des prothèses, de l'anesthésie et des techniques opératoires permettent ainsi de réparer, même chez des gens très âgés, les méfaits du temps. De même, la déminéralisation du squelette (ostéoporose), qui prédomine chez la femme et s'accentue après la ménopause (la raréfaction osseuse est un peu plus tardive chez l'homme), et qui expose aux fractures (vertèbres, col du fémur), peut être prévenue ou traitée.

Bien vieillir

S'il est dans la nature de vieillir, il est du ressort de l'homme de chercher à « bien vieillir » en prévenant les maladies liées à l'âge, même s'il existe une grande inégalité individuelle face à la survenue de ces maladies. Les progrès de la médecine de la vieillesse (gériatrie) laissent espérer un vieillissement de mieux en mieux vécu. La part des personnes âgées vivant dans une institution sociale, médicosociale ou médicale recule (6,5 % des plus de 65 ans pour la France), en particulier grâce au développement des aides à domicile.

— Prévenir le vieillissement pathologique. Pour éviter la survenue des maladies liées à l'âge, il est nécessaire de reconnaître les facteurs de risque de ces maladies, et ce dès le plus jeune âge. Il faut ainsi savoir se protéger du stress, des effets nocifs de l'alcool, du tabac, de l'exposition excessive au soleil et suivre un régime alimentaire équilibré (des études menées sur les effets bénéfiques de la restriction calorique n'ont pas montré de façon formelle leur efficacité chez l'homme). Exercer régulièrement une activité physique modérée est également important : cela préserve la masse musculaire, permet un bon fonctionnement cardiovasculaire et pulmonaire, et freine le processus d'ostéoporose. Poursuivre une activité intellectuelle constante, de même que conserver son intérêt pour le monde extérieur (activités culturelles, lecture de journaux, bénévolat, etc.) constituent également autant de facteurs permettant de préparer une vieillesse en bonne forme : des études montrent que, lorsqu'elles sont soumises à des exercices de stimulation utilisant la mémoire, les personnes âgées en bonne santé conservent de meilleures performances cérébrales que les autres. Une surveillance médicale régulière permet de dépister plus tôt, et donc de traiter plus efficacement, les maladies dont la fréquence croît avec l'âge.

Voir : maladie d' Alzheimer, ménopause, maladie de Parkinson, presbyacousie, presbytie, sénilité, vieillissement.