Larousse Médical 2006Éd. 2006
D

développement de l'enfant

Ensemble des phénomènes qui participent à la transformation progressive de l'être humain de la conception à l'âge adulte.

   Le développement relève de deux phénomènes : d'une part la croissance en poids et en taille, d'autre part la maturation, c'est-à-dire le perfectionnement des structures (dents, par exemple) et des fonctions (neuromotrice, sexuelle). Par ailleurs, le développement se manifeste dans deux domaines : psychomoteur et physique.

Développement psychomoteur de l'enfant

Il recouvre le développement moteur (acquisition des mouvements, de la coordination) et le développement sensoriel, intellectuel, affectif et social (construction du psychisme) et témoigne de la maturation progressive du système nerveux.

CHEZ LE NOURRISSON

Entre 1 mois et 2 ans, le développement de l'enfant concerne 4 grands types d'acquisition : posture du corps et motricité générale ; mouvements des mains ; langage ; relations avec l'entourage.

   Les postures du corps sont liées au tonus musculaire : l'hypertonie (exagération du tonus) en flexion des membres du nouveau-né diminue progressivement, tandis que le tonus axial (tête-cou-dos) se renforce. Le nourrisson tient la tête droite en position assise vers 3 mois, il commence à s'asseoir seul vers 7 mois et commence à marcher vers 1 an. La possibilité de préhension des objets commence vers 4 mois, mais la pince formée par le pouce et l'index n'est utilisée qu'à partir de 9 mois. L'enfant mange seul après 18 mois et il trace un trait à 2 ans.

   En ce qui concerne le langage, la vocalisation de plusieurs syllabes (papa, maman) apparaît vers 7 mois, les suites de 3 mots plus ou moins significatifs à 1 an, les phrases de 2 à 3 mots à 2 ans, âge où l'enfant comprend parfaitement ce qu'on lui dit. En ce qui concerne les relations, l'enfant suit du regard un objet ou un visage à l'âge de 3 mois, distingue les visages familiers des étrangers vers 6 mois et joue avec d'autres enfants à 2 ans.

   Le développement affectif et social s'exprime dans les premiers mois par la satisfaction des besoins alimentaires, l'importance des contacts physiques, le rôle apaisant de la voix des parents. L'enfant passe d'une dépendance totale à une autonomie relative. Celle-ci se manifeste par ce qu'on appelle l'angoisse de la séparation maternelle, qui apparaît vers l'âge de 7 ou 8 mois : l'enfant commence à se ressentir comme différent de sa mère, dans un état de moindre fusion. Il se reconnaît dans un miroir vers 11-12 mois : c'est le « stade du miroir » (J. Lacan), phase importante et complexe dans l'ébauche du moi.

   D'autres paramètres sont intégrés au développement : rythme des repas (6 ou 7 par jour à 1 mois, 4 après 4 mois), durée du sommeil (18 heures à 2 mois, 15 ou 16 heures à 4 mois, 14 ou 15 heures à 9 mois), maîtrise des sphincters (l'enfant est propre le jour entre 2 et 3 ans, la nuit entre 2 et 5 ans).

   La surveillance médicale consiste à vérifier l'apparition de ces différentes acquisitions à une date convenable afin de déceler un retard psychomoteur, partiel ou généralisé. Toutefois, comme chaque enfant évolue à sa propre vitesse, on ne fixe pas de dates précises et rigoureuses pour l'acquisition de telle ou telle fonction, mais de larges limites. Ainsi, bien que la marche soit acquise parfois à 1 an, son absence n'est pas considérée comme pathologique avant l'âge de 18 mois au moins.

PENDANT LA PETITE ENFANCE

Le développement psychomoteur entre 2 et 6 ans consiste simplement à perfectionner les acquisitions précédentes. En ce qui concerne la motricité générale, on voit l'enfant monter seul un escalier à partir de 2 ans, faire de la bicyclette à 2 ans et demi. Il dessine des gribouillis à partir de 2 ans, imite des ronds à 3 ans et réalise des dessins variés à 5 ans. À partir de 2 ans, l'enfant s'exprime en courtes phrases et maîtrise plus de 100 mots, dont le « je ». Cependant, un enfant qui ne parle pas ne doit pas inquiéter son entourage avant l'âge de 3 ans. Entre 1 et 3 ans apparaissent, selon les moments, une conduite d'opposition aux parents ou une imitation de ceux-ci ; entre 4 et 6 ans se situe l'identification au sexe masculin ou féminin et la constitution de la personnalité.

   Ainsi, à 3 ans, l'activité motrice, l'acquisition de la propreté, l'habileté manuelle, l'ébauche du graphisme et l'ouverture aux autres autorisent l'entrée en classe maternelle. À 6 ans, la maîtrise du langage et les progrès du graphisme permettent le début de la scolarisation.

Développement physique de l'enfant

Il porte sur la croissance en taille et en poids et sur la maturation osseuse, dentaire et pubertaire de l'enfant de la naissance à l'âge adulte. La croissance en taille et en poids de l'ensemble du corps et de chaque organe est liée à des facteurs héréditaires et hormonaux mais nécessite aussi des apports alimentaires équilibrés. La surveillance est réalisée par des mesures régulières de la taille et du poids de l'enfant et par leur comparaison à des moyennes statistiques, en reportant les données sur des courbes pour une lecture plus efficace.

   La maturation osseuse est évaluée seulement en cas d'anomalie de la croissance. L'âge osseux est le critère le plus utilisé : sur une radiographie de la main, on note le nombre d'épiphyses (extrémités des os longs) et d'os courts où du tissu osseux a commencé à remplacer le cartilage. La comparaison avec un repère photographique donne l'âge osseux, c'est-à-dire l'âge que l'enfant devrait avoir d'après sa maturation osseuse. Cet âge est normalement égal à l'âge réel de l'enfant, mais peut révéler une avance ou un retard de croissance osseuse.

   La maturation dentaire est plus difficile à évaluer. Schématiquement, la première dentition, temporaire, est constituée de 20 dents qui poussent entre 6 et 30 mois. La deuxième dentition, définitive, est constituée de 28 dents qui poussent entre 6 et 12 ans. Quatre dents de sagesse s'y ajoutent ultérieurement, en général.

   La maturation pubertaire est la dernière étape du développement, qui transforme l'enfant en un adolescent doué de la capacité de reproduction.

Troubles du développement

Le retard psychomoteur est un motif fréquent de consultation médicale. En effet, l'absence d'acquisitions psychomotrices normales chez le nourrisson et les difficultés scolaires chez l'enfant plus grand alertent les parents. Toutefois, certains d'entre eux sont inquiets sans raison et comparent trop systématiquement leur enfant à ceux de sa classe d'âge. Il faut toujours apprécier séparément chez un enfant les acquisitions manuelles (préhension et graphisme), les acquisitions du langage (compréhension et expression) et les acquisitions relationnelles. En outre, la rapidité du développement intellectuel ne permet aucunement de préjuger de sa qualité finale.

   Il arrive cependant que l'enfant connaisse des problèmes d'autonomie et d'adaptation liés à la genèse de sa personnalité. Toute suspicion de retard psychomoteur doit mener à une consultation pédiatrique, qui vérifiera en particulier la qualité de la vision et de l'audition de l'enfant ainsi que son état neurologique.

— De la naissance à 1 an, à l'exclusion des causes organiques, l'origine de troubles du développement est à rechercher dans la concomitance de deux facteurs : les rythmes de l'enfant (soins, contact, nourriture, sommeil) et le profil psychologique de la mère. D'autres facteurs interviennent fréquemment, extérieurs à l'unité mère/enfant : environnement difficile, conflit conjugal, événements traumatisants. Le déroulement de la grossesse et de l'accouchement, le rapport entre l'image réelle et l'image idéale de l'enfant sont également à considérer. Une série de troubles, essentiellement d'ordre psychosomatique, peuvent provenir d'une inadaptation réciproque mère/enfant, surtout au second semestre : anorexie, vomissements, mérycisme (rumination d'aliments), difficultés de sevrage, coliques, eczéma, insomnie. Généralement, de tels troubles peuvent être traités par une action psychothérapique. Dans les cas les plus graves, un syndrome de carence affective risque de s'installer. Une intervention rapide, en milieu spécialisé, se révèle alors nécessaire.

— Avant 2 ans, d'autres troubles peuvent traduire une stagnation ou une insuffisance dans les échanges affectifs et la socialisation, une difficulté d'établir une relation avec le monde extérieur : évitement ou défaut de réponse par le regard ou le sourire, pauvreté du jeu ; troubles du tonus musculaire, de la station assise et debout. Une propreté trop précoce revêt parfois la même signification. Une consultation spécialisée doit alors être proposée afin de dépister un éventuel blocage global du développement (autisme, psychose infantile, arriération ou oligophrénie, trisomie 21).

— De 2 ans à l'âge scolaire, les troubles du développement le plus souvent rencontrés concernent le langage (retard de parole, dyslexie), la psychomotricité (tics, bégaiement, syndrome hyperkinétique), le contrôle sphinctérien (encoprésie, énurésie), l'alimentation (anorexie, obésité, enfant « petit mangeur » ou « vomisseur »), le sommeil (insomnie, cauchemars), l'éveil intellectuel et affectif (troubles du comportement, anxiété, dépression, inadaptation scolaire). Ils peuvent recouvrir un très large éventail de situations selon le contexte dans lequel ils apparaissent et les étapes antérieures du développement de l'enfant. Leur traitement dépend du diagnostic, après bilan.

Voir : adolescence, puberté.