Larousse Médical 2006Éd. 2006
A

alcoolisme (suite)

GUÉRIR L'ALCOOLISME

La guérison d'un alcoolique passe nécessairement par une prise de conscience de son état. Or, celle-ci est souvent malaisée, d'autant que le malade a tendance à s'illusionner sur cet état ou à le dissimuler. Chez un adolescent coutumier des fêtes « arrosées », les proches peuvent être alertés par une baisse des résultats scolaires, un désintérêt pour l'école. Mais, souvent, les troubles sont peu évidents : certains signes peuvent cependant attirer l'attention - mauvaise mine, disparition de la pureté du blanc de l'œil - ainsi que la fréquence inhabituelle des petits accidents, un léger tremblement et une irritabilité anormale le matin, ces derniers phénomènes disparaissant après la consommation du premier verre.

— Le rôle de l'entourage et de la société. Sans forcément moraliser, informer un buveur des dangers de l'alcool peut le conduire à consulter un médecin et à diminuer sa consommation, alors que, une fois la dépendance installée, le seul remède sera l'abstinence définitive. C'est dire le rôle des pouvoirs publics, tant d'un point de vue législatif (réglementation de la consommation d'alcool sur les lieux de travail, de la publicité, protection des mineurs) qu'informatif (spots publicitaires diffusés à la télévision, par exemple).

— La désintoxication. Le suivi des alcooliques a considérablement progressé depuis ces dernières années. Il y a deux étapes.

   Tout d'abord le sevrage. Il peut se faire en ambulatoire ou dans un établissement hospitalier. L'administration de benzodiazépines, associée à une hydratation abondante, permet d'éviter le syndrome de sevrage. En 72 heures la dépendance physique est surmontée.

   Ensuite vient la prise en charge globale du patient. C'est la phase la plus difficile. Elle peut se faire dans une maison de post cure ou bien à domicile et repose sur un suivi médical et psychologique. Un certain nombre de médicaments réduisent l'appétence pour l'alcool. Mais l'essentiel tient à un suivi régulier par un ou plusieurs professionnels avertis. Les rechutes sont fréquentes.

— Les rechutes. La plus grande difficulté que rencontre l'ancien buveur le risque de « replonger » dans l'alcoolisme. La dépendance à l'alcool marque en effet les individus de façon prolongée. Dans les associations d'anciens buveurs, les personnes ont coutume de se dire « alcooliques à vie », même lorsqu'elles sont devenues sobres.

   Ces rechutes ne doivent pas être une source de découragement ni de culpabilisation car c'est souvent après de nombreuses rechutes qu'un sevrage définitif est obtenu. Cependant, même dans les cas les plus favorables, les anciens buveurs peuvent ressentir une envie soudaine et brutale de boire. C'est pour cette raison que, même longtemps après le sevrage, les anciens alcooliques ne doivent pas s'autoriser à consommer des boissons alcoolisées. Dans le cas contraire, la consommation est, neuf fois sur dix, suivie d'un retour à la dépendance. Aussi est-il conseillé au patient, après sa désintoxication, de continuer à rechercher un soutien auprès de son médecin généraliste, d'une consultation en alcoologie et d'un mouvement d'anciens buveurs.

Voir : addiction, alcool éthylique, alcoolémie, alcoolisation, cirrhose, delirium tremens, encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Korsakoff, zoopsie.

Évaluer sa consommation d'alcool

De nombreux questionnaires, plus ou moins détaillés, permettent un autodiagnostic de l'alcoolisation. Ils ont, en outre, une action curative. En effet, après la lecture d'un questionnaire comme celui présenté ci-dessous, les buveurs excessifs réduisent leur consommation pendant plusieurs mois. Voici les questions :

1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de boissons alcoolisées ?

2. Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation ?

3. Avez-vous déjà eu l'impression que vous buviez trop ?

4. Avez-vous déjà eu besoin d'alcool dès le matin pour vous sentir en forme ?

Quelques idées reçues sur l'alcool

- L'alcool est source de chaleur. En effet, l'alcool produit de la chaleur, mais également une vasodilatation superficielle qui favorise aussitôt… la perte de cette chaleur.

- L'alcool donne des forces. C'est faux. En effet, même si un travail musculaire intense accroît l'oxydation de l'alcool, il y a, en même temps, production accrue d'acide lactique, lequel limite les possibilités de travail.

- L'alcool favorise la sexualité. Non. Tout au plus entraîne-t-il une certaine désinhibition ; mais, à partir d'une dose d'ailleurs assez peu élevée, la satisfaction féminine et les « performances » masculines sont diminuées.

- L'alcool permet de lutter contre l'anxiété. En effet, l'alcool a des effets anxiolytiques, mais il entraîne une dépendance et il est toxique pour l'organisme. Mieux vaut traiter l'anxiété par des médicaments appropriés.

Alcoolisme et hérédité

Une prédisposition génétique intervient dans la tendance à l'alcoolisme, comme l'ont montré de nombreuses recherches. Ce qui ne signifie en aucun cas qu'un enfant d'alcoolique deviendra inéluctablement alcoolique à son tour, mais plutôt que, s'il se trouve confronté à la tentation, il aura plus qu'un autre des difficultés à ne pas franchir le pas de la dépendance à l'alcool. On ne peut tirer aucun effet de prévention de cette notion. La communication à un sujet de son éventuelle prédisposition génétique ne peut que créer une anxiété inutile.

   À l'inverse, certains sujets supportent naturellement très mal l'alcool, ce qui expliquerait leur plus faible propension à devenir alcooliques. En effet, ils présentent un déficit en A.L.D.H. (acétaldéhyde déshydrogénase), une enzyme normalement chargée d'éliminer l'acétaldéhyde, produit de dégradation toxique de l'alcool. Ces personnes font alors des intolérances (bouffées de chaleur, malaises) avec de faibles doses d'alcool. 

alcotest

Appareil destiné à mesurer la teneur en alcool de l'air expiré par un sujet. (Nom déposé.)

   Par extension, on désigne sous ce terme un appareil du même type, quelle que soit sa marque : éthylotest ou éthylomètre.

   Les éthylotests sont des instruments semi-quantitatifs servant au dépistage de l'état d'ivresse, tandis que les éthylomètres fournissent des données quantitatives.

   Les éthylotests, diffusés dans le grand public, permettent à chacun de mesurer son imprégnation. Les éthylomètres sont utilisés par les autorités pour l'identification des conducteurs de véhicule en état d'intoxication (un taux limite est fixé par décret dans chaque pays). Ils sont aussi employés par les médecins lorsqu'ils doivent distinguer un état alcoolique d'un trouble ébrieux d'une autre nature (maladie neurologique, hypoglycémie).