Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

mutisme

Arrêt prolongé de la communication verbale, indépendamment de toute lésion organique.

   Le mutisme va de la simple bouderie à l'inhibition totale en passant par certains comportements d'opposition maniaques, hystériques ou autistiques. Le déblocage peut être facilité par une mise en confiance ou, au contraire, par une mise à l'épreuve (surprise, plaisanteries, tests, etc.).

mutité

Impossibilité de parler pour une personne.

   Les affections qui entraînent une mutité sont soit relatives au larynx, soit d'origine neurologique : les lésions du larynx, congénitales ou acquises (tumeur, paralysie, etc.), certaines opérations chirurgicales (laryngectomie, trachéotomie, etc.) font perdre la voix, de même que les lésions des nerfs moteurs du larynx, une absence de développement des centres nerveux (arriération mentale) ou une lésion du système nerveux (accident vasculaire cérébral).

— L'audimutité est la mutité de l'enfant qui n'apprend pas le langage oral avant six ans en raison de troubles psychiatriques et sans lésion organique : l'enfant entend mais ne parle pas. Le traitement de l'audimutité, quand il est possible, est celui de sa cause, associé à la rééducation de la voix par l'orthophonie.

— La surdimutité est liée à une surdité des deux oreilles, congénitale ou acquise avant l'âge de 5 ou 6 ans. Elle n'a pas toujours une cause connue malgré les examens complémentaires effectués. Elle peut être consécutive à une maladie héréditaire de l'oreille, à une infection contractée par la mère pendant la grossesse, à un accouchement difficile, etc. Comme l'enfant n'entend ni les paroles émises par ses parents ni ses propres sons, il n'apprend pas à parler ou, si la surdimutité survient dans les premières années, il oublie ce qu'il a appris et se trouve partiellement coupé du monde extérieur. Il s'ensuit des troubles de l'affectivité et du comportement (agressivité, indifférence, etc.) et une insuffisance des acquisitions intellectuelles, variable selon l'intensité du trouble et son éventuel traitement. L'enfant ne réagit ni aux bruits qui l'entourent ni à la voix. Il ne tourne pas la tête vers la source d'un bruit. Ainsi, les parents peuvent s'apercevoir de la maladie dès la première année. En revanche, ses autres comportements peuvent être trompeusement normaux : il émet des gazouillis, car cette production de sons est automatique au début de la vie. Ce n'est que vers la deuxième année que ces sons s'appauvrissent.

   Les tests médicaux de dépistage de la surdité sont primordiaux. Ils peuvent être pratiqués, au besoin, dès la naissance et répétés plusieurs fois dans la petite enfance, certains par le médecin, d'autres par des orthophonistes. On utilise soit des tests simples avec des jouets sonores, soit des tests complexes, appelés « potentiels évoqués », s'il existe des cas semblables dans la famille.

   Difficile, le traitement de la surdimutité comprend plusieurs phases et est très spécialisé dans les formes graves. Il peut être celui de la cause éventuelle, consister en un appareillage par une prothèse auditive externe ou un implant cochléaire. En cas de succès, on peut espérer vaincre la mutité. Sinon, il faut faire appel à un apprentissage de la lecture sur les lèvres, du langage des mains, à un entraînement des organes sensoriels non auditifs tels que le toucher et à un soutien scolaire approprié, parfois dans une institution spécialisée. L'apprentissage de la langue des signes et parfois de la langue parlée complétée est une évidence.

   Une information et un soutien psychologique sont dispensés à la famille, d'une part à cause de son rôle indispensable auprès de l'enfant, d'autre part pour expliquer et prévenir les réactions négatives de sa part à la maladie. Le rôle des associations de familles est important. Une information des frères et sœurs est indispensable.

myalgie

Douleur musculaire.

   Les myalgies peuvent être dues à une hypertonie musculaire (raideur des muscles) ou à un traumatisme (courbatures d'effort, torticolis, lumbago). On les rencontre aussi dans diverses maladies, aiguës ou chroniques, d'origine infectieuse (grippe, hépatite virale, poliomyélite aiguë, maladie de Bornholm) ou auto-immune (polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux). Des myalgies très importantes se déclarent également au cours de certains chocs septiques (faillite aiguë de la circulation sanguine, d'origine infectieuse). Certaines myalgies peuvent égarer le diagnostic. Ainsi, une forte myalgie des masséters (muscles masticateurs) peut évoquer un tétanos ; une myalgie des muscles abdominaux, une péritonite.

   Le traitement est celui de la maladie responsable. En outre, pour soulager la douleur, il est fait appel aux analgésiques locaux ou généraux et aux décontracturants.

myalgie épidémique

pleurodynie contagieuse

myalgie épidémique

Affection virale caractérisée par des douleurs du thorax.

   La myalgie épidémique est assez fréquente en été, en Amérique du Nord et dans les pays scandinaves. Due au virus coxsackie B, elle se propage par épidémies. Elle débute par des douleurs intenses à la base du thorax, sur le côté, avec une gêne respiratoire, un hoquet, de la fièvre et des maux de tête. À l'examen local, les muscles sont douloureux, durs, parfois infiltrés de petits nodules. La maladie guérit spontanément en quelques jours.

myasthénie

Maladie neurologique caractérisée par un affaiblissement musculaire.

   La myasthénie est une affection rare (de 2 à 5 cas par million d'individus) d'origine auto-immune, se traduisant par une atteinte des muscles striés, sollicités lors du mouvement volontaire. Les symptômes cliniques apparaissent ou sont aggravés par l'effort physique. Les anticorps en cause se fixent sur la plaque motrice, zone de contact de la cellule musculaire avec la fibre nerveuse qui la commande, ce qui empêche l'acétylcholine, substance sécrétée par la fibre nerveuse, de s'y fixer et bloque la transmission des messages. Sans en savoir les raisons, on observe diverses affections (tumeur) du thymus chez 75 % des personnes souffrant de myasthénie.

SYMPTÔMES ET SIGNES

Dans la majorité des cas, la maladie débute avant 35-40 ans avec deux pics de survenue, autour de 30 ans et autour de 70 ans ; les premiers signes sont le plus souvent oculaires, les patients se plaignant d'une diplopie (vision double) ou d'un ptôsis (chute de la paupière supérieure) d'un ou des deux yeux. Mais il peut s'agir également de troubles de la voix (voix nasonnée), de gêne à la mastication, de troubles de déglutition, de faiblesse des membres, d'une sensation de fatigue générale. La variabilité des troubles et leur accentuation à la fatigue sont caractéristiques de la maladie. Le plus souvent, la myasthénie s'étend à d'autres muscles dans les trois ans qui suivent son apparition. L'évolution est fréquemment émaillée de poussées susceptibles de mettre la vie du sujet en danger du fait des paralysies des muscles de la respiration et de la déglutition.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

Le diagnostic peut être étayé par divers examens : par un test pharmacologique, l'injection intraveineuse d'un anticholinestérasique, qui provoque une régression passagère des signes ; par la recherche d'anticorps antirécepteurs de l'acétylcholine, présents chez 85 à 90 % des patients atteints de myasthénie généralisée ; par une électromyographie.

   Le traitement se fonde sur l'administration d'anticholinestérasiques, qui favorisent l'action de l'acétylcholine, souvent sur l'ablation chirurgicale du thymus, et, en dernier lieu, sur les immunosuppresseurs. Dans la majorité des cas, un traitement suivi à long terme permet au sujet de mener une vie normale ou au moins autonome. Certains médicaments sont contre-indiqués, surtout dans les formes généralisées : des antibiotiques, quinidine, antiépileptiques, bêtabloquants même en collyre, etc., car ils peuvent provoquer des poussées de myasthénie.

Voir : antimyasthénique, thymome.