Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pellegrino da San Daniele

Peintre italien (Udine 1467  – id. 1547).

Quoique travaillant dans un cercle provincial étroit, il s'intéressa à l'art des Bellini, Vivarini, Montagna, Cima, et ses modes, éclectiques, en sont bien la preuve. Mais si, dans l'Annonciation (1519, musée d'Udine), il se dégage de l'influence bellinienne, il reste attaché aux formules du quattrocento. Parmi ses retables, on peut citer la grande Madone avec des saints (1494) de l'église d'Osoppo (Udine), le Polyptyque (1503) de la basilique d'Aquileja, et, parmi ses fresques, celles du chœur de S. Antonio à San Daniele del Friuli.

pellicule colorée

Couche très mince de matériau résultant de la dessiccation d'un mélange de pigments broyés avec un liant (colle, huile, vernis, cire). Celui-ci enrobe et protège les pigments en poudre. La qualité du liant utilisé détermine certaines particularités de la pellicule colorée, notamment sa luminosité, sa transparence et sa dureté.

   Dans la technique de la fresque, l'eau de broyage sert uniquement à véhiculer les fines particules solides de pigments, que le mortier lie et fixe au support.

Pellizza da Volpedo (Giuseppe)

Peintre italien (Volpedo 1868  – id. 1907).

Un des représentants les plus rigoureux du petit groupe des Divisionnistes italiens, il se distingue des peintres de ce groupe par son éloignement des tentations mystiques et pathétiques, si courantes chez les interprètes de l'Art nouveau. Vériste par formation et enclin aux sujets d'inspiration humanitaire, il adopte entre 1892 et 1895 la technique divisionniste pratiquée par Segantini et Angelo Morbelli : il y trouve un moyen à la fois de simplification presque géométrique des données objectives et de restitution particulièrement sensible et intense des phénomènes lumineux (Sur le foin, 1894 ; Fleur brisée, 1896-1902, Paris, musée d'Orsay ; le Pré fleuri, Rome, G. A. M. ; Linge au soleil, 1905, Milan, coll. part. ; le Soleil, 1906, Rome, G. A. M. ; la Ronde, Milan, G. A. M. Le Quatrième État, ou les Ambassadeurs de la faim (Milan, G. A. M. ; précédé par Finmana, Milan, Brera), manifeste social, est aussi, part sa monumentalité, l'une des œuvres les plus fortes de la peinture italienne au tournant du siècle.

Penck (A. R.)

Peintre et sculpteur allemand (Dresde 1939).

De son vrai nom Ralf Winkler, il est connu aujourd'hui sous le pseudonyme de A. R. Penck (nom du géologue Albrecht R. Penck).

   S'il effectua un apprentissage de dessinateur dans une agence publicitaire, il préféra opter pour une carrière de peintre en 1955 et tenta sans succès d'intégrer les académies de Dresde et de Berlin-Est. Peintre autodidacte, il subvint à ses besoins en exerçant divers métiers annexes : gardien de nuit, postier.

   En 1963 débute la série dite des Tableaux systématiques et du monde, qui atteindra sa pleine maturité en 1965. Dans ces œuvres, l'ensemble de la surface picturale comporte une série de signes standardisés, élémentaires et évocateurs, proches d'une sensibilité qui s'exprime dans un langage que l'on peut qualifier d'animiste. Une structure de signes, qui privilégie la forme anthropomorphique, renvoie à la figure humaine dans un champ visuel privé d'un quelconque fond ou paysage (Umsturz, 1965). Sa première exposition personnelle, en 1969, à la galerie Werner à Cologne, lui permet d'entrer en contact avec l'avant-garde artistique, de participer à la Documenta 5 de Kassel, en 1972, et de commencer à exposer dans les principaux musées d'Europe (Kunstmuseum de Berne en 1975, Stedelijk Van Abbemuseum d'Eindhoven en 1977, Tate Gallery de Londres en 1984).

   En 1973, il commence la série Standart, à laquelle viendra s'ajouter l'année suivante celle de Mike Hammer. C'est de cette période que date Sans titre (1974, Paris, M. N. A. M.), une de ses œuvres les plus fouillées formellement, malgré la pauvreté des moyens techniques. À partir de 1979, il commence à réaliser des sculptures qui reprennent le vocabulaire archaïque de ses œuvres picturales (Monument à Arp, 1987).

   En 1980, déchu de sa nationalité, il s'installe à Kerpen, près de Cologne, avant de s'établir à Londres en 1983. Penck a participé à d'importantes expositions : Westkunst, 1981 (Cologne) ; Documenta 7, 1982 (Kassel) ; Zeitgeist, 1982 (Berlin) ; Von hier aus, 1984 (Düsseldorf). Il s'adonne également à la poésie et à la musique et édite une revue Krater und Wolke (cratère et nuage).

Pencz (Georg)

Peintre et graveur allemand (Nuremberg v. 1500  – Leipzig 1550).

Mentionné comme bourgeois de Nuremberg en 1523, Pencz fut banni de la ville en 1525 (en même temps que les frères Beham) à cause de ses idées antireligieuses. Il put toutefois y revenir à la fin de la même année et obtenir en 1532 le titre de peintre de Nuremberg. Au service d'Albert de Prusse en septembre 1550 comme peintre de cour, l'artiste mourut peu de temps après à Leipzig. L'hypothèse — émise par Sandrart — d'un voyage en Italie semble vraisemblable si l'on se réfère aux souvenirs de l'art italien qui apparaissent fréquemment dans ses décorations murales (maison Hirschvogel à Nuremberg) et ses portraits (exemples au K. M. de Vienne, au musée de Berlin, aux musées de Darmstadt et de Nuremberg). Certes, formé à l'école de Dürer, Pencz portraitiste a peut-être en effet emprunté à Bronzino son goût de la lumière froide et ses recherches de mobilité dans les attitudes (Portrait du peintre Schwetzer et de sa femme, Berlin), mais ses effigies ont une acuité dans le regard et une sorte de violence contenue spécifiquement germaniques (Portrait de Jörg Herz, 1545, musée de Karlsruhe). Parmi ses tableaux religieux et mythologiques, on peut citer les volets de retable (Saints) du W. R. M. de Cologne, la Judith de l'Alte Pin. de Munich et Vénus et l'Amour de Berlin. Graveur habile et précis, Pencz se range parmi les plus doués de ces " petits maîtres " qui subirent l'influence de Dürer et de Marcantonio Raimondi.

Penni (Giovan Francesco) , dit il Fattore

Peintre italien (Florence v.  1488  – Naples 1528).

Penni est le plus mystérieux et l'un des plus actifs assistants de Raphaël, qu'il aide à partir de 1508 pour les cartons de tapisserie des Actes des Apôtres (1515-16, Londres, V. A. M.), à la Loggia de Psyché à la Farnesina (Rome 1518) et aux Loges (Vatican, achevées en 1519) dont certains dessins préparatoires sont aujourd'hui attribués à Raphaël lui-même. Par la suite, il prend la fonction de secrétaire dans l'atelier de Raphaël, d'où son nom de Il Fattore. Penni montre une habilité toute particulière à la traduction graphique des idées de Raphaël. Certains historiens lui attribuent également une part importante dans l'exécution du Spasimo di Sicilia (Prado), de la Transfiguration (Vatican), de la Visitation (Prado), de la Madonna del Divino Amore (Naples, Capodimonte) et la Vierge de l'Impanneta (Florence, Offices). L'artiste collabore ensuite avec Giulio Romano (1520-1524), en particulier dans le Couronnement de Monteluce (Vatican), à la salle de Constantin au Vatican et au chantier du palais du Te à Mantoue. Après ce séjour en Lombardie, il rentre, selon Vasari, à Rome avant de poursuivre vers Naples. Un Portrait d'Andrea Turrini, signé de Penni, est conservé à la N. G. de Dublin. Une copie de la Transfiguration (Madrid, Prado) et une Nativité (Abbazia di Cava dei Tirreni) sont également autographes.