Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Knifer (Julije)

Peintre yougoslave (Osijek 1924-Paris 2004).

Ses véritables débuts artistiques ne commencent qu'en 1959-60 alors qu'il vient d'achever ses études à l'Académie des beaux-arts de Zagreb. Recherchant une réduction radicale de l'image, Knifer adopte un système fondé sur une variation sans fin du rythme des horizontales et des verticales et réalisé à partir de deux couleurs, le noir et le blanc. L'art de Knifer, comme le montre le tableau Sans titre n° 4 (1977, musée de Grenoble), élimine tout ce qui est superflu et évite toute perturbation dans la régularité du rythme. Les principes d'organisation picturale appliqués avec une rigueur exemplaire depuis près de trente ans font de Knifer un des représentants contemporains de l'art concret. Son art témoigne d'une volonté d'éliminer tout sentiment individuel, d'aboutir à la plus grande neutralité afin de réaliser un ensemble qui soit le plus universel possible.

Knoebel (Imi)

Peintre et sculpteur allemand (Düsseldorf 1940).

Après des études à la Werkkunstschule de Darmstadt, il s'inscrit à l'Académie de Düsseldorf, où il suit les cours de Joseph Beuys. Dès 1964, Knoebel conçoit des tableaux de lignes, peints en noir et blanc, qui révèlent un agencement de droites verticales et horizontales. Par la suite, il réalise des tableaux blancs en forme de chimère : tableaux de dragons (1969) ou des tableaux lumineux dits Projections (1970-1972). En 1975, il crée la série des Constellation d'images, composée de différents rectangles ou polygones irréguliers, où l'influence de Malévitch est évidente.

   Parallèlement à ses travaux picturaux, Knoebel a réalisé de nombreuses installations. Dans Hartfasenaum (1968), il n'utilise que des plaques d'isorel de tailles différentes, découpées suivant des formes régulières proches de celles des minimalistes. Dans Genter Raum, qu'il présente en 1980 dans le cadre de l'exposition Kunst in Europa 68, à Gand, il crée, à partir de 46 éléments de bois, une accumulation de plaques posées sur le sol ou accrochées aux murs. L'ensemble s'articule entre ce qui est achevé (les panneaux accrochés) et ce qui est à réaliser. Même si chaque œuvre, en fin de compte, peut exister isolément, dans toutes les installations de Knoebel, ce qui importe avant tout c'est la mise en scène proprement dite, le phénomène " d'interaction " sous l'effet des conditions spatiales auxquelles elles sont soumises.

   Imi Knoebel a participé à de nombreuses manifestations internationales, Documenta 5, 6, 7, 8 de Kassel, Von hier aus, en 1984, à Düsseldorf, et a connu d'importantes expositions personnelles en Europe (Aix-la-Chapelle ; Saint-Gall, Suisse, en 1996. Il est bien représenté dans les musées allemands, hollandais et français (Mamatu, 1986, musée de Grenoble).

Knoller (Martin)

Peintre autrichien actif en Italie (Steinach-am-Brenner  1725  – Milan  1804).

Il se forme auprès de son père, Franz, peintre de village à Steinach, puis à Innsbruck chez Ignaz Pögls, enfin à Vienne chez Paul Troger. Il obtient le deuxième prix de l'Académie en 1753. Sa première fresque, au plafond de l'église d'Anras (1744), le montre encore très proche du style baroque de son maître Paul Troger. Deux séjours à Rome, en 1755-1758, puis en 1760-1765, lui permirent de rencontrer Winckelmann et Mengs et de se convertir peu à peu au goût néo-classique. Il sera d'ailleurs l'élève de Mengs, avec Christoph Unterberger et Anton Maron, mais Knoller est généralement considéré comme le plus important des trois. Entre-temps, il était entré au service du comte Karl Joseph von Firmian, qui l'appela à Naples (1758), puis l'emmena à Milan (1759). Il fut alors chargé d'y décorer le palais Vigoni-Firmian. Ses plafonds ne comportent que quelques figures de grande taille, à l'allure aimable, telles celles que l'Aurore entraîne dans le mouvement de son char. Ses attaches milanaises ne l'empêchent pas d'exécuter régulièrement des travaux en Autriche (palais Függer-Taxis à Innsbruck) ni d'exécuter à Munich, au plafond de l'église du Bürgersaal, une Assomption (1772-1774, détruit en 1944 ; modello au Louvre). Dans les fresques du cloître de l'église de Neresheim (1775), les figures, conçues chacune pour elle-même, et non plus comme élément pictural à l'intérieur d'un groupe, baignent dans une lumière froide favorisant la netteté du contour et la précision du modelé. L'influence antique, le goût des costumes historicisants, l'attention aux formes font disparaître de l'Apothéose d'Alberico tout caractère illusionniste et irréel (Milan, plafond du palais Belgiojoso, 1781-1783). Knoller pratiqua également la peinture de chevalet, où il se montra éclectique. Son Autoportrait (1801, musée d'Innsbruck), proche de Mengs par son austérité, est caractérisé par une recherche de l'intensité d'expression. En 1793, il fut nommé professeur à l'Académie Brera à Milan. Winckelmann disait de lui qu'il était " sans aucun doute le premier peintre de fresques d'Allemagne ".

Knüpfer (Nicolaus)

Peintre allemand, actif à Utrecht (environs de Leipzig v.  1603  – Utrecht 1655).

S'étant d'abord formé à Leipzig, puis à Magdebourg, il fréquente l'atelier d'Abraham Bloemaert à Utrecht en 1630 et est mentionné à la gilde de cette ville en 1637 comme " passant ". En 1640, il s'y marie et y demeure jusqu'à sa mort. Peintre de scènes mythologiques et bibliques et de quelques tableaux de genre, Knüpfer subit dans ses débuts l'influence d'Elsheimer et plus encore celle de Bramer, mais l'alacrité même de sa facture et son aisance à réunir un vif naturalisme et une peinture d'histoire sérieuse et allégorique, dans la meilleure veine des caravagesques maniéristes d'Utrecht, font de lui un artiste original et vivant, qui exercera la plus heureuse influence sur son principal élève, Jan Steen. Le style de Salomon adorant les idoles (v. 1635, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) illustre bien cette époque charnière de la peinture hollandaise qui aboutira finalement à Rembrandt et à son cercle. Avec le Mariage de Tobie et Sara de 1654 et le Dégustateur de vin, le musée d'Utrecht offre un choix bien représentatif de ce peintre très doué, sorte de Claude Vignon néerlandais, dont les œuvres sont également conservées à l'Ermitage, au Rijksmuseum, à Brunswick (Herzog Anton Ulrich-Museum), à Dresde (Gg), à Copenhague (S. M. f. K.), à Munich (Alte Pin.), à Oldenburg (Landesmuseum) et dans les musées de Bourges et de Narbonne.