Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Maître de Sardoal

Peintre portugais (actif dans le premier quart du XVIe s.).

On ignore les origines et la formation de ce maître, appelé aussi Monogrammiste M.N., dont l'atelier, bien que provincial, est un jalon important de l'évolution de la peinture portugaise contemporaine. Abordant à leurs débuts la tradition nationale du XVe s., selon un parti austère, monumental et naturaliste (polyptyque de l'église principale de Sardoal, Abrantès), les artistes de cet atelier assimilent progressivement les influences flamandes, qui deviennent prédominantes au Portugal. Ils perfectionnent en même temps leur technique, tout en conservant certains schémas hiératiques et archaïsants qui les caractérisent (polyptyque de Celas, Coimbra, musée Machado de Castro ; Adoration des mages, Lisbonne, M.A.A.).

   On a tenté de discerner dans la production de cet atelier deux maîtres dont l'un, Vicente Gil, protégé de D. Jao II, représenterait la tendance la plus archaïsante, marquée par l'influence de la sculpture gothique et l'autre, le Monogrammiste M.N. (sigle placé sur l'ange Gabriel de Montemor), peut-être Manuel Vicente, le fils de Vicente Gil.

Maître de Ségovie

Peintre espagnol (Castille, fin du XVe s.).

Sous ce nom, on a proposé de grouper un certain nombre d'œuvres inspirées de la peinture flamande, exécutées dans la province de Ségovie à la fin du XVe s. Leur auteur reprend les thèmes traités par Rogier Van der Weyden, en insistant sur les détails des intérieurs gothiques, chargés de sculptures et d'accessoires, et traduit ces compositions avec une sécheresse extrême dans le traitement des draperies et une grande rigidité dans le rendu des visages ; cette austérité est renforcée par l'emploi d'une gamme de tons froids : blanc, gris et vert.

   Caractéristiques à cet égard sont les trois œuvres du Prado : la Descente de croix, sous une arcade gothique à voussures ; Saint Jacques, assis sur un trône ; les six panneaux du Retable de saint Jean-Baptiste. Deux grandes toiles (musée de Ségovie), sans doute portes d'orgue, sont consacrées à saint Jérôme, comme le panneau représentant le Saint devant son écritoire (musée Lázaro Galdiano). Enfin, deux Scènes de la vie de saint Laurent (coll. part.) sont également attribuées au Maître de Ségovie.

Maître de Sopetrán

Peintre espagnol (Castille, milieu du XVe s.).

Successeur de Jorge Inglés dans la charge de peintre de la maison du marquis de Santillana, cet artiste anonyme est l'auteur de trois panneaux dédiés à la Vierge et provenant du monastère de Notre-Dame de Sopetrán (Prado). Sur le quatrième panneau apparaît le portrait de don Iñigo de Mendoza, 1er marquis de Santillana et bienfaiteur du monastère bénédictin, accompagné de son fils. Très attentif à l'art des maîtres flamands, le peintre interprète les motifs d'Hugo Van der Goes et du Maître de Flémalle (Robert Campin) en amplifiant l'impression de la troisième dimension et en intensifiant le caractère particulier et l'expression des visages. Ces caractéristiques se retrouvent dans le Christ devant Pilate (Prado) et dans certains morceaux du Triptyque de la Crucifixion (Prado) attribué à Van der Stockt, avec qui l'artiste dut collaborer.

Maître de Soriguerola

Peintre espagnol (actif en Cerdagne dans la seconde moitié du XIIIe s.).

Les travaux de J. Ainaud ont mis en valeur la personnalité d'un peintre sur panneaux ayant travaillé dans la seconde moitié du XIIIe s. en Cerdagne et dans les vallées pyrénéennes voisines. Dans les premières œuvres de l'artiste, groupées autour du Devant d'autel de saint Michel (Barcelone, M. A. C.) provenant de Soriguerola, près de Puigcerdá, on note, à côté de caractères romans, la présence d'éléments décoratifs gothiques et un goût très vif pour les couleurs intenses (bleu, rouge, jaune), rappelant celles du vitrail. Il a été remarqué que cette pénétration de l'art français se manifeste encore plus nettement dans d'autres œuvres du peintre, sans doute plus tardives, comme le Devant d'autel de sainte Eugénie provenant de Saga, dans les Pyrénées-Orientales (Paris, musée des Arts décoratifs), panneau peint sur feuilles de métal, mais rompant avec la composition romane, ou les Antependia de La Llagone (Pyrénées-Orientales) et de Saint Christophe (Barcelone, M. A. C.).

Maître de Valltarga

Peintre espagnol (actif en Cerdagne v.  1200).

La base permettant l'identification de son œuvre est un frontal provenant de la petite église de Valltarga, près de Bellver, en Cerdagne espagnole (Barcelone, M. A. C.), composé, suivant les habitudes et les schémas des peintres romans, d'un panneau central, occupé par le Christ dans une mandorle, entouré du Tétramorphe et de 4 compartiments latéraux. La vivacité des tons joue sur les fonds, alternativement bleus, rouges ou jaunes. Le modelé, léger, est celui de l'art italo-byzantin des environs de 1200 : en particulier, de nettes ressemblances ont été relevées avec un Crucifix de la cathédrale de Spolète (Italie), daté de 1187. L'autel pourrait donc être l'œuvre d'un peintre italien travaillant après la mise à sac de l'église par Raymond-Roger, comte de Foix, vers 1198.

   Au même artiste est dû le devant d'autel d'Oreilla (Pyrénées-Orientales). Des tendances voisines s'observent dans l'œuvre du Maître d'Avia et dans certains panneaux roussillonnais attribués par M. Durliat au " Maître Alexandre ".

Maître delle Vele

Peintre italien (actif à Assise au début du XIVe s.).

Il est l'auteur, avec d'autres élèves de Giotto, des grandes fresques célébrant les Vertus franciscaines qui ornent les 4 compartiments (" vele ") de la voûte de la croisée du transept, dans la basilique inférieure d'Assise. On lui attribua également les fresques de l'Enfance du Christ dans le transept droit de la basilique inférieure d'Assise, ainsi que le Retable Stefaneschi (Vatican), qui paraissent d'un autre remarquable collaborateur de Giotto, travaillant sous la direction du Maître. Ses œuvres, aux couleurs claires et transparentes, aux formes délicates et diaphanes, semblent refléter l'art de Giotto lui-même, à un moment de son évolution. La critique a longtemps estimé qu'il fallait situer ce moment à la fin de la carrière de l'artiste, après 1330. Certains historiens penchent aujourd'hui pour une date plus ancienne (v. 1315-1318).