Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lenbach (Franz Seraph von)

Peintre allemand (Schrobenhausen, Haute-Bavière,  1836 – Munich 1904).

Autodidacte, il réalisa dès 1852 divers travaux de peintre, puis entra chez Piloty à l'Académie de Munich (1856-1860), où il connut Mackart. À partir de 1858, il peignit des paysages, animés le plus souvent de petits personnages anecdotiques, très admirés pour leur réalisme puissant et la recherche d'effets intenses de couleur et de lumière. En 1858-59, il séjourne à Rome avec Piloty. De 1860 à 1862, il enseigne avec Böcklin et Begas à l'École des beaux-arts de Weimar. C'est alors qu'il peint l'une de ses meilleures œuvres, d'un franc naturalisme, le Jeune Berger (1860, Munich, Schackgal.). Il exécute en Italie (1863-1866) pour le comte Schack de Munich, un grand nombre de copies d'après les maîtres et acquiert un style de portraitiste en étudiant Rembrandt, Rubens, Titien et plus tard Velázquez. En 1868, il part pour Madrid ; en 1875-76, il séjourne en Égypte avec H. Mackart et V. Müller. À partir de 1880, son style de portraitiste devient très personnel ; sachant habilement allier une certaine spiritualité à l'élégance et à l'expression, il s'attire une notoriété considérable et peint de nombreuses personnalités de son temps : Wagner, Liszt, Gladstone, Yvette Guilbert, le pape Léon XIII (1885, Munich, Neue Pin.), Guillaume Ier (Leipzig). C'est à partir de 1878 qu'il commence sa série de portraits de Bismarck. L'un des précurseurs de la peinture claire, Lenbach allia à une facture large et à de forts contrastes lumineux un sens fin de l'ordonnancement et du cadrage. Il fut remarqué par Paul Mantz à l'E.U. de 1878 à Paris. La plupart de ses œuvres sont présentées à Munich, dans l'ancienne demeure de l'artiste.

Lendinara (Lorenzo Canozzi, dit da)

Cristoforo Canozzi, dit da Lendinara

Marqueteurs italiens (XVe  – XVIe s.).

Originaires de Lendinara (Rovigo), ils travaillèrent à la décoration du studiolo du duc Borso d'Este, à Belfiore, de 1449 à 1453 (marqueteries auj. perdues). Entre 1461 et 1465, il exécutent les " tarsie " du chœur du dôme de Modène, Cristoforo seul a signé celles du chœur de la cathédrale de Parme (1473), de même que les Quatre Évangélistes de la sacristie du dôme de Modène (1477). Il a aussi exécuté la majeure partie des marqueteries pour la sacristie des Consorziati au dôme de Parme (1487-1491). Sur des dessins fournis par Lorenzo et Cristoforo (1456), Benardino, fils de ce dernier, exécuta, en collaboration avec d'autres artistes, les " tarsie " du chœur de la cathédrale de Ferrare (v. 1500-1520). Cristoforo a aussi pratiqué la peinture, comme en attestent la Vierge à l'Enfant (1482) à la Gal. Estense de Modène et la Vierge à l'Enfant dans un paysage de Venise (musée Correr). Influencés par Piero della Francesca, les Lendinara ont été en Émilie ses continuateurs les plus originaux.

Lenepveu (Jules Eugène)

Peintre français (Angers 1819  – Paris 1898).

Peintre d'histoire habile, il préféra toujours les thèmes antiques et les sujets religieux (les Martyrs aux catacombes, 1855, Orsay ; Jacob recevant la robe ensanglantée de Joseph, musée d'Angers). Il fut un décorateur actif (Visite de François Ier à Angers en 1518, 1893, Angers, musée Turpin de Crissé), mais ses nombreuses réalisations religieuses parisiennes pour l'église Sainte-Clotilde (1862), l'église Saint-Sulpice (chapelle Sainte-Anne, 1864), l'église Saint-Louis-en-l'Île (chapelle Saint-Denis, 1869) ou l'église Saint-Ambroise (1876) sont un peu froides et monotones. Si sa Vie de Jeanne d'Arc, au Panthéon (1889), est une imagerie assez conventionnelle, quoique habilement composée, le plafond qu'il réalisa pour l'Opéra de Paris montrait des qualités décoratives certaines (les Heures du jour et de la nuit, remplacées, en 1964, par le plafond de Chagall). On lui doit également le plafond du théâtre d'Angers. De nombreuses œuvres de Lenepveu sont conservées dans le musée de sa ville natale.

Lens (André Corneille)

Peintre flamand (Anvers 1739  – Bruxelles 1822).

Peintre d'histoire et portraitiste, fils du peintre de fleurs Cornelis Lens, élève de Karel Ykens et de Balthazar Beschey, Lens fut l'initiateur en Belgique du Néo-Classicisme — " le régénérateur de la peinture en Belgique " — et tint un rôle analogue à celui de David en France. Professeur à l'Académie d'Anvers en 1763, peintre de Charles de Lorraine en 1764, il résida à Rome de 1764 à 1768, où il adopta les théories du Néo-Classicisme, prôné par Winckelmann et Mengs. De retour en Flandre, Lens fut à l'origine de la suppression, le 20 mars 1773, des gildes de Saint-Luc, toutes-puissantes, auxquelles les artistes étaient soumis depuis le Moyen Âge. Il se fixa à Bruxelles en 1781 et dirigea les travaux de décoration du château de Schoenenberg à Laeken. Théoricien, il publia un recueil des Costumes des peuples dans l'Antiquité (1776) et un Traité du bon goût : la beauté de la peinture (1781). Son importance fut tout particulièrement reconnue en Europe centrale. L'empereur Joseph II lui offrit en 1781 la direction de l'Académie des beaux-arts de Vienne, que l'artiste refusa.

   Ses compositions mythologiques conventionnelles (Hercule protégeant la Muse des Beaux-Arts contre la jalousie et l'ignorance, musée d'Anvers ; Ariane consolée par Bacchus, Bruxelles, M. R. B. A.), la froideur de ses portraits (l'Empereur François II, Bruxelles, hôtel de ville) incarnent le Néo-Classicisme belge, qu'enrichira l'influence de David en exil à Bruxelles.

Lentoulov (Aristarkh Vassiliévitch)

Peintre russe (Nijniéïé Lomovo 1882  – Moscou 1943).

Élève de l'illustrateur et caricaturiste A. F. Afanasiev, Lentoulov est en contact avec l'avant-garde de son pays à partir de 1908, année où il expose à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Ses toiles sont alors très représentatives du courant primitiviste et néo-cézannien de la peinture russe. Il participe à toutes les expositions du groupe Le Valet de Carreau (1910-13), où il fait inclure les œuvres des cubistes parisiens, rencontrés au cours d'un voyage dans la capitale française (1911-12). Sa peinture se rapproche alors du cubisme orphique et devient mouvementée et colorée. Après la révolution d'Octobre, il entre comme enseignant aux Ateliers libres nationaux (Svomas, plus tard Vhutemas) où il reste en fonction jusqu'à la fin de sa vie. Après la première guerre, sa peinture n'évolue plus beaucoup, mais il contribue à la création de nombreux décors et costumes de théâtre et d'opéra.