Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Vasnetsov (Victor Mikhaïlovitch)

Peintre russe (gouv. de Viatka 1848  – Moscou 1926).

Élève de Kramskoï, puis formé à l'Académie de Saint-Pétersbourg, il se rend à Paris en 1876-1877 puis participe à la VIe exposition des Peredvijniki. En 1878, il s'installe à Moscou, où il puise dans le vieux fonds slave des bylines (chansons de geste), thème désormais de tous ses tableaux (le Tapis volant, 1880, musée de Nijni-Novgorod ; les Trois Princesses du royaume souterrain, 1881, Moscou, gal. Tretiakov ; 1884, Kiev, musée d'Art russe ; Alionouchka, 1881, Moscou, gal. Tretiakov). Cofondateur, avec Mamontov, d'un cercle d'artistes à Abramtsevo, il crée les décors et les costumes de Sniegorotchka, l'opéra de Rimski-Korsakov, monté par Mamontov dans son théâtre privé. C'est dans le même esprit de recréation de l'art russe qu'il exécute les fresques intérieures de la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev, construite de 1876 à 1882, le fameux Ivan le Terrible (1897, Moscou, gal. Tretiakov), les Bogatyrs (1898, id.) et les projets pour la façade de la galerie Tretiakov, ainsi que ses nombreuses illustrations de livres pour enfants. Vasnetsov est également collectionneur et un spécialiste de l'art populaire russe ; il peut être considéré comme l'un des précurseurs du style " néorusse " qui commence à voir le jour au sein du mouvement Art nouveau.

Vassallo (Antonio Maria)

Peintre italien (Gênes v. 1620  – Milan v. 1664-1673).

On ne possède sur lui que deux éléments documentaires, les dates de 1637 et de 1648 des tableaux signés, respectivement dans une coll. part. à Gênes (Martyre d'un saint) et dans l'église S. Gerolamo di Quarto à Gênes (Quatre Saints), ce qui permet de conclure à une activité contemporaine de celle de G. B. Castiglione. Vassallo, qui s'était formé sans doute auprès de Vincenzo Malo, élève de David Teniers et de Rubens, est imprégné par l'esthétique flamande. Dans ses quelques tableaux d'histoire, tel le Jugement de Salomon (signé A. M. V., Gênes, coll. part.), il montre sa prédilection pour les couleurs saturées et une certaine pompe décorative proche de l'art de Van Dyck. Il fut surtout un animalier et un peintre de fables et de scènes bucoliques, dans un registre analogue à celui de Castiglione ; avec moins d'invention et de talent, il transcrit littéralement les Métamorphoses d'Ovide et évoque l'Antiquité par un attirail classicisant (sarcophages, bas-reliefs) mis à la mode par Poussin (Latone, Gênes, Gal. di Palazzo Reale). On a identifié le style de ce peintre longtemps confondu avec Castiglione à partir des tableaux de l'Ermitage (Orphée ; Épisode mythologique) et des Offices (Circé ; Berger avec Armante) ainsi que dans les scènes animalières de la Gal. di Palazzo Bianco de Gênes.

Vaz (Gaspar)

Peintre portugais ( ? v. 1490  – ? v.  1569).

Il se forma à Lisbonne, dans l'atelier du peintre royal Jorge Afonso (où il travaillait en 1514-15), mais résida dès 1522 à Viseu, où il vécut jusqu'à sa mort, dans l'orbite du grand maître local Vasco Fernandes. On suppose qu'il est l'auteur du retable de Notre-Dame de gloire (v. 1540, Lamego, monastère de S. João de Tarouca). Gaspar Vaz dut également collaborer à l'exécution de travaux attribués à Vasco Fernandes. Influencé par cet artiste régional, mais sans jamais oublier l'enseignement plus raffiné de Jorge Afonso, il connut à travers ces deux maîtres le reflet de l'école d'Anvers, dont l'un et l'autre s'étaient inspirés.

Vázquez (Alonso)

Peintre espagnol (Ronda 1565 ? – Mexico 1608).

Mort prématurément au zénith d'une carrière déjà brillante, cet ami et collaborateur de Pacheco, présente un double intérêt : par sa position à la charnière de deux siècles, entre le Maniérisme du XVIe s. et le Naturalisme du XVIIe ; par son rôle de trait d'union entre l'école sévillane et la jeune peinture mexicaine. Peut-être formé à Cordoue, près de l'italianisant Céspedes, il réside sûrement à Séville entre 1590 et 1603. Il montre son habileté de dessinateur et sa science de l'anatomie, avec un michélangelisme desséché, propre aux Andalous de l'époque, dans la Résurrection (1590, Séville, Santa Ana), la première de ses œuvres certaines ; et cet aspect de son art se maintiendra dans ses retables ultérieurs, comme ceux de l'Assomption (1594, Séville, cath.) et de l'Immaculée Conception (1598, Séville S. Andrés) ainsi que celui de l'hôpital de la Sangre (Évangélistes, Pères de l'Église). Mais Vázquez apparaît avec un curieux mélange d'emphase et d'opulence réaliste dans le tableau du Festin du mauvais riche, peint pour le duc d'Alcalá (Madrid, coll. part.), que Pacheco loue pour l'association habile des vaisseliers et des victuailles avec les personnages (il en est de même dans la grande Cène du musée de Séville, qu'on lui attribue aujourd'hui). Un réalisme plus sobre et plus vigoureux se manifeste dans les 2 scènes conservées de la Vie de saint Pierre Nolasque, peintes en 1600-1601 pour le cloître de la Merci (auj. au musée de Séville) en même temps que celles, plus compassées, de Pacheco. Il domine dans le grand tableau d'autel à 2 étages — l'un terrestre et l'autre céleste — de la Mort de saint Herménégilde (1603, musée de Séville), qui montre de très beaux portraits, un peu durs, annonçant déjà Zurbarán. Mais Vásquez, laissant inachevé son ouvrage (l'étage céleste sera terminé par Juan de Uceda), part en 1603 pour le Mexique. Il semble y avoir été accueilli triomphalement, si l'on en juge par les dithyrambes — " dessin de Michel-Ange, couleur de Titien " — que les écrivains mexicains consacraient au Retable de sainte Catherine et aux autres tableaux qu'il peignit pour le vice-roi. Alonso Vázquez semble, malgré la brièveté de son séjour, avoir laissé dans ce pays une trace durable et un héritier en la personne du principal peintre mexicain des années 1620, Luis Juarez.

Vázquez Díaz (Daniel)

Peintre espagnol (Nerva, prov. de Huelva, 1882  – Madrid 1969).

Un des peintres espagnols les plus importants de la première moitié du XXe s., Vázquez Díaz fut le principal initiateur des Madrilènes à la peinture postcubiste, mais il introduisit dans celle-ci une gamme de couleurs et un style proprement andalou, nullement " folklorique ", grave et simple, où le dessin, robuste et dur, accuse géométriquement les volumes par des fuites de perspective en oblique. Venu à Séville de la Costa Blanca de Huelva, il délaissa très vite ses études de commerce pour la peinture. Attiré par le Paris des années 10, il y passa plusieurs années, collaborant modestement avec Bourdelle pour des décorations murales, fréquenta Picasso, Juan Gris, Max Jacob, Modigliani. Revenu en Espagne après la guerre, il tarda longtemps à connaître autre chose que des succès d'estime, dans les expositions madrilènes. L'année 1929 marque pour lui le tournant décisif grâce à une importante commande de l'État : le cycle mural du monastère franciscain de la Rabida, près de Huelva, qui fut un havre de grâce pour Colomb dans les moments difficiles qui précédèrent son embarquement pour l'Amérique. La vie de Colomb parmi les moines, la réunion des marins, des guerriers, des paysans andalous, le serment des adieux ont inspiré à Vázquez Díaz de grandes compositions statiques, d'un dessin large et anguleux, qui se situent aux antipodes des décorations baroques et tourmentées de Sert. L'influence de la lumière atlantique y est sensible, mais aussi celle de Zurbarán, que Vázquez Díaz contribua beaucoup à remettre à la mode : les constructions puissantes et simples et la diversité de la gamme de blancs se retrouvent dans le Repas des chartreux et dans quelques portraits de religieux, comme celui du P. Getino (Madrid, M. E. A. C.).

   Vázquez Díaz, dont l'œuvre est très abondante, a peint également des paysages blancs, d'ascendance nettement cubiste (Fabrique de brouillard, musée de Bilbao), des nus, des natures mortes, des compositions (qui sont en réalité des portraits collectifs) comme le Torero mort. Mais c'est sans doute sa série de portraits d'écrivains, par le style un peu âpre, l'alliance rigoureuse de construction et d'expression, qui a le plus contribué à sa renommée. Vázquez Díaz a été le peintre par excellence de toute l'intelligentsia espagnole des années 20 : Ruben Dario, Zuloaga, J. R. Jiménez (Madrid, M. E. A. C.), Azorín, Marañon, Unamuno (musée de Bilbao). Académicien, professeur à l'École des beaux-arts, il forma toute une génération de peintres. Dans ses dernières années, il connut une gloire tardive, mais solide. Depuis sa mort, plusieurs expositions importantes ont été consacrées à sa mémoire. Le musée de Bilbao, avec une dizaine de toiles, donne une idée de l'œuvre de Vázquez Díaz.