Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Naiveu (Matthijs)

Peintre néerlandais (Leyde 1647 Amsterdam 1721 ?).

Élève de Toorenvliet et de Dou (en 1667-1669), il apparaît dans la gilde de Leyde en 1671. À partir de 1677, on le trouve inspecteur de brasserie à Amsterdam, ville dont il acquiert la citoyenneté en 1696. Peintre de genre, d'allégories, de natures mortes et de portraits, mais toujours élégant, il transpose les influences de Dou, de Slingelandt, de Metsu dans un style assez personnel, très écrit, presque irritant à force d'insistance, avec une lumière froide et nette et une palette où dominent les tons bruns ; son réalisme, savoureux grâce à un mélange de bonhomie naïve et d'observation narquoise relevant du théâtre de mœurs, et sa précision documentaire font de lui l'un des plus heureux petits maîtres attardés du début du XVIIIe s. P. Van Slingelandt et C. Netscher travailleront dans le même registre. On apprécie davantage l'art de Naiveu dans des œuvres comme le Marchand de brocart (1709) ou la Visite à l'accouchée du musée de Leyde que dans celles où l'empreinte de Dou est sensible : Marchande de marrons (musée de Dijon).

Naldini (Giovanni Battista)

Peintre italien (Fiesole v. 1537  – Florence 1591).

Il fut l'élève de Pontormo, vers 1549 jusqu'à la mort du maître (1556). Vers 1560-1565, il est à Rome, où il étudie Salviati et dessine des paysages avec ruines et figures comme le font déjà à l'époque Dosio, Dupérac, Muziano ou Heemskerck. De retour à Florence, il collabore avec Vasari au Palazzo Vecchio et reçoit plusieurs commandes pour les églises de Florence (Calvaire de la Badia, Pietà de S. Simone, Déposition de S. Maria Novella, v. 1572-73). À la même époque, il traite avec plus de légèreté des thèmes allégoriques ou empruntés à la fable, comme la Récolte de l'ambre (1571, au Palazzo Vecchio [Studiolo de Francesco I ; dessin préparatoire aux Offices]). Il faut replacer ses dernières œuvres, comme la Déposition (1583) de Santa Croce ou la Vocation de saint Matthieu à S. Marco (v. 1585), dans le contexte du climat piétiste de la Contre-Réforme, dont il a pu avoir connaissance par un second voyage à Rome autour de 1580 (œuvres à S. Giovanni Decollato et la Trinité des Monts).

Nanninga (Jaap)

Peintre néerlandais (Winschoten 1904  – La Haye 1962).

Après des études à l'Académie libre de Groningue où il est influencé par les peintres du groupe De Ploeg (" l'Équipe "), proche de l'Expressionnisme allemand, il séjourne à Amsterdam (1933-1939) et voyage en Allemagne et en Pologne. En 1939-40, il fréquente l'Académie de La Haye, où il s'installera définitivement en 1948 après un séjour à Cagnes et en Afrique du Nord. Son univers, imprégné de poésie et de nostalgie pour les pays lointains, témoigne d'un caractère mélancolique et vulnérable. Nanninga fut d'abord l'auteur de portraits, de paysages, de natures mortes dans un style impressionniste, puis, v. 1940, expressionniste. Il trouva sa voie tardivement, v. 1950, en particulier grâce aux contacts qu'il eut à Paris avec Geer Van Velde. Ses compositions, de plus en plus sobres (Tao, 1951), tendent vers une géométrisation plus poussée après 1952, par des agencements de plans colorés, et, à partir de 1954, touchent à l'abstraction dans des compositions où quelques formes se lient à des plans colorés faiblement entourés de lignes sombres : Mon abri (1959, Groningemuseum, Groningen) ; Organiste (1960, Amsterdam, Stedelijk Museum) ; Composition avec figure (1960, Eindhoven, Stedelijk Van Abbemuseum). En 1957, il est présent à la biennale de São Paulo et à la biennale de Venise. Bien qu'intéressé par les expériences de Cobra à Amsterdam, Nanninga resta à l'écart du groupe. Une exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1962-63 à Rotterdam, B. V. B. et à La Haye, Gemeentemuseum.

Nanteuil (Célestin)

Peintre français (Rome 1813  – Bourron-Marlotte 1873).

Il entra en 1829 dans l'atelier d'Ingres. Dès l'année suivante, introduit dans le cercle romantique, il devint l'ami intime de Victor Hugo. Il demeure célèbre par ses vignettes, ses lithographies et ses aquarelles (Paris, musée Victor Hugo), inspirées des ouvrages des auteurs romantiques, dont il fut l'illustrateur de prédilection (Gautier, Nerval, Petrus Borel). Le frontispice de Notre-Dame de Paris (1832, projet au Louvre) atteste l'imagination, la verve et l'habileté de ce brillant dessinateur. Il incarne alors la révolte contre l'académisme officiel. Dès 1834, il collabore avec L. Français et H. Baron, et produit un grand nombre d'illustrations (Roland furieux, 1843). Nanteuil fut aussi paysagiste. Habitué de Barbizon, il y accueillit Millet en 1849 et laissa, de la forêt, des peintures où s'allie à une inspiration romanesque le sens réaliste d'une nature traduite sur le motif (le Coup de soleil, 1848, musée de Valenciennes). Mais il produit toujours des lithographies et réalise un chef-d'œuvre avec Rue de la vieille lanterne (1855) sur la mort de Nerval. On peut voir ses peintures au musée de Dijon, dont il fut conservateur à la fin de sa vie, et à ceux de Boulogne-sur-Mer, Dole, Le Havre, Lille et Semur.

Nanteuil (Robert)

Peintre français (Reims v. 1623 – Paris 1678).

Exception faite de quelques œuvres de jeunesse (Mariage mystique de sainte Catherine, gravé en 1646 en collaboration avec Nicolas Regnesson, beau-frère et maître de l'artiste), Nanteuil s'est entièrement consacré au portrait. Mais, dans ce genre, il a exploité plusieurs techniques, le dessin à la mine de plomb sur parchemin, la gravure au burin et le pastel. L'unité de son œuvre est due toutefois à une étude attentive des visages, analysés avec précision, froideur parfois, mais avec une telle acuité que la personnalité du modèle apparaît d'une manière familière.

   Les visages de Louis XIV (qu'il grava 11 fois), de Mazarin (14 fois), de Colbert (6 fois), de Fouquet, de Turenne, de Christine de Suède nous sont connus grâce à lui. Parfois, également, Nanteuil se contente de graver le portrait d'après ses contemporains, tels Champaigne, Bourdon, Le Brun, Mignard. Mais ce sont surtout dans quelques études pour des personnages moins célèbres (Marie de Bragelone, Offices) qu'il atteint à la véritable originalité par l'intensité d'une analyse aussi émouvante qu'impitoyable. Il est représenté par des portraits au pastel, notamment au Louvre (Dominique de Ligny) et au musée de Reims.