Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Spadari (Giangiacomo)

Peintre italien (Saint-Marin 1938-Milan 1997).

En 1961, il s'installe à Milan, devient peintre, et réalise des œuvres figuratives et informelles (Racconto, 1964, collage). En 1966, il participe à l'exposition " la Contestation autorisée " à la librairie Einaudi et commence son travail sur l'image politique, qui s'affirme en 1968 lors d'une exposition à la gal. Bergamini. S'interrogeant sur la fonction sociale de l'art, il réfléchit alors à des thèmes politiques (Storia americana, 1969 ; Di Rote Fahne, 1973), plaçant à l'intérieur du tableau des images à références très précises qui ont valeur de véritables documents. Il s'intéresse aussi à certains personnages et à leur portée politique dans des expositions à thèmes (" Rosa Luxembourg : une vie pour le socialisme " à Berlin en 1973 ; " Garibaldi et le Compromis historique " à Milan en 1974). De 1976 à 1980, il travaille sur la réinterprétation de scènes célèbres du cinéma (Roma 16 marzo, 1979 ; Milano 28 maggio, 1980) puis à un cycle de paysages, " le Temps de la nature ", inspiré de Friedrich (Estate, 1980). Il utilise de grandes images de peintures acryliques aux contrastes quasi photographiques et un réalisme choc au service de l'engagement politique.

Spadarino (Giovanni Antonio Galli, dit lo)

Peintre italien (Rome 1585  – avant 1653).

On sait très peu de la vie et de la carrière de ce peintre qui fait partie, avec Mao Salini, Saraceni et Gentileschi, de la première génération des suiveurs de Caravage. Il est documenté à Rome pour la première fois en 1597. Il travaille vers 1615 à la décoration du palais du Quirinal, avec Saraceni, Lanfranco et Tassi et peint, entre 1625 et 1633, le Miracle de sainte Valérie et de saint Martial pour Saint-Pierre de Rome, qui est sa seule œuvre documentée conservée (Vatican). Roberto Longhi reconstitua, autour de ce tableau, l'œuvre que l'on peut raisonnablement attribuer à Spadarino, notamment plusieurs versions de Sainte Françoise romaine avec un ange (Gênes, Gal. di Palazzo Rosso) et un Christ et les docteurs (Naples, Palazzo Reale).

Spaendonck (Gerardus Van)
ou Gérard Van Spaendonck

Peintre d'origine néerlandaise, actif en France (Tilburg 1746  – Paris 1822).

Après un apprentissage à Anvers, où il était arrivé très jeune, Van Spaendonck se fixa à Paris en 1770. Quatre ans plus tard, il devint peintre en miniatures du roi. En 1781, il fut membre de l'Académie, puis, en 1788, il fut conseiller. En 1793, il fut nommé administrateur et professeur au Musée national d'histoire naturelle. Tout comme à son compatriote Van Dael, ses méticuleux tableaux de fleurs lui valurent un énorme succès : Corbeille et vase de fleurs (1785, Fontainebleau), Vase de fleurs (musée d'Angers), Grappe de raisin noir (musée de Montpellier). Il peignit également des motifs de fleurs sur des tabatières et sur des vases, tandis qu'il procurait des modèles à la manufacture de porcelaines de Sèvres. Il exposa régulièrement aux Salons. Il a collaboré au célèbre Recueil des vélins du musée d'histoire naturelle (Paris, bibl. du Muséum d'histoire naturelle) et a édité des recueils de gravures intitulés Fleurs dessinées d'après nature.

 
Son frère Cornelis, ou Corneille (Tilburg 1756 – Paris 1840) , prolongea, lui aussi, la tradition des peintres de fleurs néerlandais du XVIIe s. : Nature morte (1798, Louvre).

Spagna (Giovanni di Pietro, dit lo)

Peintre italien ([?] v. 1450  – Spolète 1528).

Dès 1470, un document de Pérouse le dit " magister " ; cependant, Spagna n'est connu que par la production de sa maturité et de sa vieillesse. Actif surtout à Pérouse, il travailla aussi à Assise, à Spolète et dans ses environs (Eggi, Gavelli), à Terni, à Todi, à Trevi et à Macerata (Visso) ; dans toutes ces villes subsistent de ses œuvres, fresques ou retables. Son style dérive essentiellement de celui du Maître de l'Annonciation Gardner, même lorsqu'il imite le plus la manière et les types de Pérugin et de Raphaël. Étant donné la longévité de l'artiste, son œuvre paraît toujours décidément provincial, comme le prouve encore sa fresque tardive (Couronnement de la Vierge, 1526) à l'église S. Giacomo de Spolète.

spalter

Brosse dont les peintres décorateurs se servent pour lisser les peintures ou pour faire les faux bois ou les faux marbres. Le spalter peut être une brosse plate à poil court et être utilisé de la même manière que la queue de morue pour étendre une couche lisse ; il peut être " à peigne ", c'est-à-dire composé d'une succession de mèches (5 ou 6) placées côte à côte et affinées en pointe ; enfin, il peut être une brosse " à crans " lorsque les mèches qui le constituent ont une extrémité plate.

Spanzotti (Giovanni Martino)

Peintre italien (documenté de 1475 à 1523 environ).

Fils de Pietro de Campanigo (Varese), Martino naquit probablement à Casale, où son père avait son atelier. Mais il est dit d'origine milanaise dans un procès où il comparaît comme témoin à Casale. En 1481, il est à Vercelli et y est encore documenté en 1490 quand Antonio Bazzi (Sodoma) entre chez lui comme élève-apprenti pour une période de sept ans. Après 1498, il se rend à Casale et, en 1501, il s'installe à Chivasso ; selon les sources, dès 1507, il est peintre de Carlo II, duc de Savoie. Son Baptême du Christ, commandé par la confrérie de S. Giovanni Battista pour le dôme de Turin, est documenté en 1508 ; à Casale, Spanzotti demande et obtient en 1513 la citoyenneté turinoise ; un Saint François recevant les stigmates, exécuté pour l'église S. Francesco de Casale, est mentionné en 1524.

   Le peintre s'est donc formé dans une ambiance lombarde — entre Milan, Pavie et le nord-est du Piémont — dominée et rénovée par la personnalité de Vicenzo Foppa. Mais son art est complexe, car on y retrouve des éléments issus de la peinture française, celle de Fouquet surtout, et d'autres dérivés de la culture " méditerranéenne " de Provence et de Catalogne. Le triptyque avec la Vierge entre saint Sébastien et saint Ubald (v. 1480-1490, Turin, Gal. Sabauda) sert de point de départ à la reconstitution d'une personnalité plus préoccupée de pureté intérieure que d'élégance formelle. La même tendance caractérise l'Adoration de l'Enfant du Museo Civico de Turin, la fresque de l'Adoration de l'Enfant à l'église S. Francesco de Rivarolo Canavese, œuvre de jeunesse, ainsi que l'Adoration des mages (Turin, Gal. Sabauda).

   Le cycle complexe des 21 Scènes de la Passion, peint à fresque à l'église S. Bernardo d'Ivrea, a dû être entrepris au début de la dernière décennie du siècle : le peintre passe d'une vision tranquille et idyllique à un langage plus riche et dramatique, qui rejoint celui de Bramante dans la scène centrale de la Crucifixion.

   Les 18 petits panneaux avec les Scènes de la vie de saint Crépin et de saint Crépinien (Duomo de Turin), attribués autrefois à Defendente Ferrari, sont de la même veine et constituent, par leur style et leur contenu, l'une des plus hautes réussites picturales du Gothique piémontais tardif : l'atmosphère lumineuse et poétique, la manière à la fois lombarde et provençale de traiter les perspectives portent bien la marque de Spanzotti, et si, comparées aux prédelles de Defendente Ferrari, ces scènes apparaissent certes moins brillantes et moins gracieuses, elles expriment, par contre, un sentiment plus profond et plus essentiel. À ce groupe peuvent être reliés les panneaux conservés au Museo Civico de Turin et mis en rapport avec le Provençal Josse Lieferinxe. On peut rattacher à l'époque des fresques d'Ivrea le retable avec la Déploration du Christ (Sommariva Perno, santuario), ceux du château Saint-Ange à Rome, de Bianzé (église de la Misericordia), de Vercelli. Le Baptême du Christ (Turin, sacristie du Duomo), remarquable par la noblesse du paysage, est daté de 1508.