Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pseudo-Félix Chrestien

Peintre néerlandais ?(actif en France, dans la région d'Auxerre, en 1535 et en 1537).

Selon une tradition ancienne, Félix Chrestien aurait été l'auteur du Retable de sainte Eugénie (église Saint-Pierre-ès-Liens, Varzy) et d'une Lapidation de saint Étienne (cathédrale d'Auxerre) : autour de ces deux tableaux, quelques historiens groupèrent d'autres œuvres. Des documents retrouvés par Jacques Thuillier permettent d'affirmer que Félix Chrestien, chanoine érudit, ne fut vraisemblablement jamais peintre ; les œuvres rassemblées sous son nom sont, visiblement, de mains différentes. On s'accorde donc, aujourd'hui, à attribuer à un même artiste, baptisé le " Pseudo-Félix Chrestien ", le Retable de sainte Eugénie (1535), le Moïse et Aaron devant Pharaon (1537, Metropolitan Museum), la Descente dans la cave (1537, Francfort, Städel. Inst.). Ces tableaux furent tous peints pour les Dinteville par un artiste assez jeune, vraisemblablement d'origine septentrionale, comme semble l'indiquer une inscription en néerlandais sur le Retable de sainte Eugénie, où apparaît probablement son portrait. Le style de cet artiste, assez proche de celui de Lambert Lombard, révèle, avec une tendance italianisante, l'influence du milieu français, préoccupé de perspective. Le Pseudo-Félix Chrestien possède de remarquables qualités de portraitiste (un Portrait d'homme, à l'antique, au Louvre, paraît aussi en témoigner).

Pseudo-Jacopino di Francesco
ou Jacopo da Bologna

Peintre italien (actif à Bologne dans le deuxième quart du XIVe s.).

Cet artiste fut d'abord identifié avec un certain Jacopino di Francesco, connu par des documents de 1360 à 1383. De récentes recherches ont prouvé que l'auteur de peintures groupées sous ce nom appartenait à une génération antérieure, celle de Vitale da Bologna. Il s'agit d'un artiste de premier plan, qui est donc avec Vitale le cofondateur de l'étonnante école de Bologne du XIVe s., mais qui doit rester anonyme tant qu'un document le nommant ne peut être mis en rapport avec l'une des œuvres groupées (principalement par R. Longhi) sous le nom de Jacopino di Francesco. Récemment, la lecture de la date 1333 au revers du triptyque du Louvre qui appartient à la même génération a confirmé sa situation chronologique.

   Après les peintures qui semblent les plus anciennes, comme les Obsèques de saint François de Rome (Pinacoteca Vaticana), le Couronnement de la Vierge (Bologne, P.N.) où se note une admiration initiale pour l'école de Rimini (dont témoigne aussi la Crucifixion du Petit Palais d'Avignon), la grande fresque de Saint Jacques à la bataille de Clavijo, récemment contestée (Bologne, église S. Giacomo, exposée à la P. N. de Bologne), et après une brève apparition dans l'équipe des fresquistes de l'église de Mezzaratta, le peintre accentue le caractère bolonais et la violence de son langage, dont témoignent des œuvres comme le cruel Crucifix (Bologne, église S. Giovanni in Monte), la Crucifixion mouvementée (de Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson) ou la série si vive des polyptyques (Bologne, G. N.) du Couronnement de la Vierge (avec des Saints et la Crucifixion), qui vient de S. Domenico, de la Dormition de la Vierge (avec 8 scènes de la Vie du Christ et de Saint Grégoire) et de la Présentation au Temple (avec des Saints et la Pietà), provenant de S. Maria Nuova. C'est un protagoniste de la diffusion de la culture bolonaise dans les régions de la vallée du Pô, et l'on reconnaît sa présence à Mantoue, dans des œuvres qui lui sont attribuées, et de façon certaine à Vérone (le Baptême du Christ, la Vierge à l'Enfant avec quatre saints, la Vierge à l'Enfant avec saint Gothard, fresques à S. Anastasia).

Pseudo-Multscher

Peintre d'origine bavaroise [?] travaillant à Ulm en 1437.

Ce peintre est l'auteur des 2 volets d'un grand retable situé à l'origine dans l'église paroissiale de Landsberg-sur-le-Lech, en Bavière (musées de Berlin). Dans la caisse centrale du retable se trouvaient des sculptures, dont faisait vraisemblablement partie une Vierge à l'Enfant encore in situ. Chaque volet comporte 4 panneaux (2 sur chaque face). L'une des deux faces (probablement la face interne — retable ouvert —) est consacrée à la Passion (le Christ au jardin des Oliviers, le Christ devant Pilate, le Portement de croix, la Résurrection) ; sur l'autre côté sont représentées quatre scènes de la vie de la Vierge (la Nativité, l'Adoration des Rois, la Pentecôte, la Mort de la Vierge). Au bas de la Mort de la Vierge figure la date de 1437, accompagnant la signature du sculpteur Hans Multscher (actif à Ulm entre 1427 et 1468), à qui on a longtemps attribué l'exécution de ces panneaux. Ch. Sterling (1972) a cependant démontré que Multscher, auteur des sculptures de la caisse, n'a signé le retable qu'en tant que responsable de l'exécution de la commande. Il utilisa à ce titre les compétences d'un peintre que l'on peut considérer, avec Hans Hirtz et K. Witz, comme l'une des grandes figures du premier réalisme germanique. Une grande force se dégage en effet de ces scènes, où se tiennent de puissantes figures aux visages grossiers et grimaçants. Leur auteur a probablement connu le réalisme de Robert Campin tout en puisant dans le langage expressionniste propre à la tradition allemande. L'influence de ce maître est sensible dans la peinture bavaroise du milieu du XVe s.

Puccinelli (Angelo)

Peintre italien (documenté à Lucques entre 1380 et 1407).

Bien que Puccinelli soit de formation siennoise (il est signalé à Sienne en 1380), son triptyque (Mariage mystique de sainte Catherine et Saints) du musée de la villa Guinigi de Lucques (signé) le révèle également sensible à l'orientation pathétique et expressive de l'école d'Avignon, qui lui fut transmise peut-être par le Pisan Traini, dont s'inspire son style ample, mais plastiquement appuyé. Puccinelli est aussi l'auteur d'autres œuvres remarquables, comme le Triptyque de saint Michel (Sienne, P. N.), un polyptyque (Madone et Saints) à l'église de Varano et deux panneaux de polyptyque — chacun avec deux Saints — au J. Paul Getty Museum de Los Angeles et au Petit-Palais d'Avignon.