Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Bol (Hans)

Peintre flamand (Malines 1534  – Amsterdam 1593).

Il eut pour premier maître son oncle, Jacques Bol, avant d'aller travailler deux ans à Heildeberg. Deux Chutes d'Icare (Malines, coll. part., et Stockholm, Nm) dateraient de ce séjour. En 1560, revenu à Malines, il entre dans la gilde de Saint-Luc. En 1574, les troubles religieux l'obligent à se fixer à Anvers, où il devient franc maître la même année ; c'est alors qu'il aurait commencé ses miniatures à la gouache. En 1584, il s'installe à Bergen-op-Zoom avant de partir pour Dordrecht, puis Amsterdam où il s'établit en 1591 et meurt en 1593. Il a signé nombre de tableaux, gouaches et miniatures datés de 1567 à 1592, paysages et vues de villes où se retrouve parfois une vision proche de Bruegel. Mais son œuvre apparaît peu varié. Son coloris n'évolue guère, fait de bleus dilués, de verts d'eau ou de blancs, et il exécute avec une minutie identique des tableaux comme ceux de la Résidence de Munich ou des miniatures du Livre d'heures du duc d'Alençon (1582, Paris, B. N.). Il fut le maître de Frans Boels, de Jacob Savery et de Georg Hoefnagel.

Boldini (Giovanni)

Peintre italien (Ferrare 1842  –Paris 1931).

Il travaille d'abord à Ferrare sous la direction de son père, peintre et restaurateur. Puis, installé à Florence à partir de 1862, il entre en contact avec le groupe des Macchiaioli, dont il subit l'influence (les Sœurs Laskaraki, 1867, Ferrare, musée Boldini ; peintures murales de la villa La Falconiera, 1868 –v. 1870). Le choix habile des sujets, une facture brillante et minutieuse, une touche onctueuse et ardente ont concouru au vif succès qu'il connut surtout au cours de ses séjours à Londres et à Paris (1869-1871), consacrant sa vocation mondaine. Fixé définitivement à Paris en 1872, il se mêle au cercle des peintres qui fréquentent le Salon et des marchands de tableaux comme Goupil. Il traduit dans un style élégant et fort goûté du public l'intérêt nouveau que suscite la vie contemporaine. À cette époque, il peint de nombreuses vues de Paris (Place Clichy, 1874, Valdagno, coll. Marzotto) et commence la célèbre série de ses portraits parisiens (Gabrielle de Rasty, 1878). Son coup de pinceau, plus libre et plus nerveux, annonce son style définitif, cette manière fiévreuse et elliptique qui s'épanouira pleinement v. 1886, au moment où il est devenu lui-même une personnalité célèbre du monde parisien, si brillamment illustré par ses amis Helleu et Sem. Au cours des décennies suivantes, les plus prestigieuses personnalités du Paris de la fin du siècle (Comte Robert de Montesquiou, 1897, Paris, Orsay) posent devant lui et se multiplie une production où éclatent tour à tour le brio le plus facile et le plus piquant ainsi que les effets chromatiques des tons électriques les plus raffinés (Portrait de Mme Lanthelme, 1907, Rome, G. A. M.).

   Le musée Boldini de Ferrare et la coll. Boldini de Pistoia conservent d'importants ensembles d'œuvres de l'artiste. Une exposition lui a été consacrée (Paris, musée Marmottan) en 1991.

Bolotowsky (Ilya)

Peintre américain (Saint-Pétersbourg 1907  – New York 1981).

Bolotowsky, arrivé aux États-Unis en 1923, devient citoyen américain en 1929. Il étudie à la National Academy of Design de New York de 1924 à 1930. Son art est alors influencé par celui de Picasso, de Arp et de Miró. Il effectue un voyage en Europe en 1932 et reviendra marqué par la peinture abstraite géométrique, en particulier par l'art de Jean Hélion, qu'il retrouvera aux États-Unis. Bolotowsky réalise ensuite des peintures murales pour le W. P. A. Federal Art Project, (Williomsburg Mural, 1936 New York, Brocklyn Museum). Il sera membre fondateur des American Abstract Artists (A. A. A.). Ses tableaux, qui sont de plus en plus constructivistes, utilisent une grille qu'il emprunte au Néoplasticisme mais qui est très largement déformée (Blue Diamond, 1940-41). Bolotowsky enseigne au Black Mountain College, à la suite de Josef Albers. À la fin des années 40 et jusqu'à sa disparition, il réalisera des tableaux, tantôt dans un format carré présenté ou non en losange (Scarlet Diamond, 1969, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery), tantôt dans un format rond (Small White Tondo, 1960, Yale University), des compositions strictement néoplastiques utilisant les couleurs primaires (Doric Diamond, 1951, id.). Il a également conçu des sculptures qui sont des colonnes de section carrée, peintes sur leurs quatre faces. Une rétrospective de son œuvre a été organisée au Guggenheim Museum de New York en 1974.

Boltanski (Christian)

Artiste français (Paris 1944).

Christian Boltanski se reconnaît comme un autodidacte. Il raconte que c'est en 1958 qu'il voulut " faire de l'art ". Ainsi, il réalisa au milieu des années 60 de nombreux tableaux de grand format sur le thème Peinture d'histoire et d'événements dramatiques : mais déjà l'histoire que met en scène Boltanski se rattache aux livres d'écoliers.

   Cette mise en scène de l'enfance le conduit à réaliser des courts métrages (la Vie impossible de Christian Boltanski, 1968), qu'il présente en même temps que des pantins grandeur nature, aujourd'hui détruits, au cinéma le Ranelagh. S'y affirme le mode corrosif et ironique d'une œuvre délibérément autobiographique où l'artiste se veut acteur et spectateur. Boltanski édite alors de nombreux fascicules (Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance, 1969 ; Reconstitution d'un accident qui ne m'est pas encore arrivé et où j'ai trouvé la mort, 1969) ainsi qu'un disque de comptines. Suivront des envois postaux, parmi lesquels Photographie de la sœur de l'artiste en train de creuser sur la plage, Sachet de drap blanc contenant des cheveux, parodies des reliques et des souvenirs qui, au-delà des siens, sont aussi ceux de tous : Les 3 000 Boulettes de terre et les 900 couteaux et pièges qu'il confectionne en mars-avril de la même année seront exposés à l'A.R.C. en 1970. De la même époque datent les Vitrines de références, dans lesquelles Boltanski fabrique les différents objets et fragments d'une autobiographie fictive. Dans les Boîtes de biscuits (1970), Tiroirs (1970-71), il simule les objets et la panoplie de son enfance (ballons, pantoufles, bouillotte, etc.) à l'aide de pâte à modeler, redoublant ainsi la nature de l'objet représenté par la nature du matériau employé. L'Album de la famille D. (1971) marque une étape : les 140 photographies d'un album de famille seront rephotographiées et encadrées chacune puis alignées sur une ou plusieurs rangées d'un même mur. Cette reconstitution aussi méticuleuse que vaine sera en 1972 à la source d'une des rubriques que Harald Szeeman, sous le titre de Mythologies individuelles, réalisera pour la Documenta 5 de Kassel. Dans ce passage du " je " au " il ", auquel l'œuvre de Boltanski ne cesse de renvoyer, les Reconstitutions qu'il réalise à partir de 1973 prennent une signification particulière : 62 lettres seront ainsi adressées à des conservateurs de musées d'art, d'histoire et d'ethnologie pour proposer à chacun de réunir dans une salle de son musée tout ce qui aurait pu appartenir à quelqu'un, " des mouchoirs à son armoire ". L'un de ces inventaires, regroupant les Objets ayant appartenu à une femme de Bois-Colombes, sera exposé au C. N. A. C. en 1974. Boltanski se prend alors comme objet. Il crée l'image d'un fantaisiste, d'un amuseur. Il se produit avec une poupée baptisée le Petit Christian et badigeonne des toiles de fond peintes qui constitueront l'arrière-plan parfois colorié de nombreuses Saynètes comiques (1974).

   Dans les " images-modèles " et autres séries de photos que l'artiste réalise à partir de 1975, l'image du clown est abandonnée pour tenter de retrouver les stéréotypes et les archétypes des " belles images ".

   À partir de 1976, Boltanski commence ses premières " compositions " qu'il développe sous la forme de séries jusqu'en 1985. Aux premières Compositions photographiques succèdent les Compositions japonaises, initiatiques, grotesques, théâtrales ou architecturales (etc.), qui sont autant une mise à distance qu'une interrogation sur le statut de la peinture (Monument, 1985 musée de Grenoble). En couleurs et monumentales, les " Compositions " de Boltanski naissent soit d'objets qu'il métamorphose par l'agrandissement photographique, soit d'objets qu'il bricole. Maniant l'image à l'époque de la reproduction, Boltanski obtient du tirage — qu'il encadre dès lors dans des coffrages de bois noir — l'effet du magique et du merveilleux qu'il tentait de retrouver depuis le commencement de son œuvre. Les Théâtres d'ombres, enfin les Leçons de ténèbres, qu'il réalise pour la Biennale de Venise de 1986, allient encore le souvenir et la mort, l'artifice et la quête du fantastique. Des rétrospectives ont eu lieu en 1988-89 au Canada et aux É.-U. et, en 1990-91, à Londres, Eindhoven, Grenoble.