Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Weiner (Laurence)

Artiste américain (Bronx, New York, 1940).

Les premières œuvres de Weiner sont constituées, en Californie, de cratères formés par des explosions dans la terre, sculptures susceptibles d'être découvertes par un spectateur. De retour à New York, il expose en 1964 une première série de peintures issues d'un motif répétitif d'hélice tiré d'une série de mires de télévision, puis des peintures rectangulaires de couleurs et de tailles diverses dans lesquelles un rectangle a été découpé. En 1968, Weiner dépasse la nécessaire matérialisation de l'œuvre pour s'en tenir à la réalisation potentielle d'une œuvre décrite par ses matériaux et ses dimensions. Parallèlement, il publie un livre, " Statements ", divisé en " Specific Statements " et " General Statements " conservant une valeur visuelle, tel " Un marqueur marin de fluorescéine versé dans la mer ". Une déclaration parue en 1968 dans Art News précise les conditions générales caractérisant ce travail basé principalement sur l'écrit comme mode de généralisation du visuel : " 1. L'artiste peut construire la pièce. 2. La pièce peut être fabriquée. 3. La pièce peut ne pas être réalisée. " Chacune de ces possibilités étant égale et en accord avec l'intention de l'artiste, le choix d'une des conditions relève du récepteur au moment de la réception. La forme matérielle de l'œuvre est ainsi dépossédée de toute supériorité par rapport à la réception publique de sa conception intellectuelle. Le travail de Weiner prend alors la forme d'écrits, pouvant être traduit objectivement ou rester à l'état linguistique, prenant fréquemment place dans des institutions, musées, galeries, la couleur, l'échelle, la place des inscriptions variant selon les lieux et les œuvres, souvent réalisés en lettres peintes projetées ou en lettres adhésives s'inscrivant dans des catalogues, livres d'artistes, parfois accompagné de photographies, disques, objets éphémères. Une exposition rétrospective de son travail a eu lieu en 1988 à Amsterdam au Stedelijk Museum.

Weiss (Peter)

David Fischli

Artistes suisses (Zurich 1952 et 1946).

Depuis dix ans, Fischli et Weiss pratiquent un art narratif où le monde des objets est passé au crible de leur vision ironique. Dès 1980, ils réalisent une œuvre " encyclopédique " (Soudain, cette vue d'ensemble), composée d'environ 250 objets en terre cuite. En 1983, ils exposent des sculptures polychromes compactes, où l'on reconnaît, dans un désordre apparent, des figures totémiques et, plus récemment, des objets quotidiens en gomme synthétique, jouant sur l'écart qui isole l'ustensile ordinaire de sa fonctionnalité. Ce qui les fascine dans l'objet est moins, comme chez les " simulationnistes " américains, leur valeur de " marchandise absolue " que leur énergie potentielle. D'où une série de photographies mettant en scène des constructions d'objets hétéroclites en équilibre précaire (Photos-Équilibres, 1984-85) et un film (le Cours des choses, 1987), présenté à Kassel, qui retrace l'écroulement progressif d'un labyrinthe d'objets solidaires. Cet art, chargé d'humour et de dérision, s'inscrit directement dans la lignée de Dada. Après une première exposition personnelle à Zurich en 1981, ils sont présents à la Biennale de Paris (1985), à la Documenta 8 de Kassel (1987) ainsi qu'à la 20e Biennale de São Paulo (1989). Le musée de Grenoble leur a consacré une exposition personnelle en 1988 et les galeries contemporaines du Centre Pompidou à Paris en 1992.

Weissenbruch (Hendrik Johannes)

Peintre néerlandais (La Haye 1824  – id. 1903).

Issu d'une famille très attirée par l'art, il fut élève de J. J. Löw, de A. Schelfhout peut-être, puis de l'Académie de La Haye (1843-1850) sous la direction de B. J. Van Hove. Il travailla surtout à La Haye (Dekkersduin), Scheveningen, Haarlem, Nieuwkoop, Noorden, et ce n'est qu'en 1899 qu'il partit pour Barbizon (Aux environs de Barbizon, 1900, Rijksmuseum) pour une très courte période. En dépit de son caractère personnel très modeste, Weissenbruch peut être considéré comme le représentant le plus éminent de l'école de La Haye, et figure certainement parmi les meilleurs paysagistes du XIXe s. hollandais.

   Ses premières œuvres — vues de villes et paysages panoramiques — sont très détaillées et d'une facture minutieuse : Vue près de Geestbrug (1868, Rijksmuseum ; réplique agrandie au Gemeentemuseum de La Haye). À partir des années 1875 env., cette conception analytique du paysage évolua en faveur d'une touche plus large et plus rapide ainsi que d'une composition de plus en plus simplifiée. L'importance du motif fait place à celle de l'atmosphère (Plage, 1887, La Haye, Gemeentemuseum). Les ciels, aux lumières infiniment nuancées, qui occupent souvent les trois quarts du tableau, sont d'un grand lyrisme et rappellent parfois Van Goyen.

   Weissenbruch exécuta de très nombreuses aquarelles (À la plage de Scheveningen, 1879, La Haye, musée Mesdag ; Moulin au bord de l'eau, 1895, Toledo, Ohio, Museum of Art), cette technique constituant le mode d'expression caractéristique de l'Impressionnisme hollandais à cette époque. On lui doit également des scènes et des vues urbaines (Marché aux poissons, La Haye, Gemeentemuseum ; Souvenir de Haarlem, id.).

Weissenbruch (Johannes, dit Jan)

Peintre néerlandais (La Haye 1822  – id. 1880).

Cousin de H. J. Weissenbruch, il fut élève de l'Académie de La Haye (1839-1847) et de S.L. Verveer. S'il travailla surtout à La Haye, il fit également des séjours en Gelderland à Leerdam, à Culemborg, et en Belgique.

   Ce sont essentiellement ses Vues de villes, peintes dans la tradition de Saenredam, Van der Heyden et Berckheyde, qui firent sa réputation : Vue sur l'église Saint-Denis à Liège et Ruelle à Batavia (Rijksmuseum), Ruelle à Rhenen (Amsterdam, Stedelijk Museum), Mariakerk à Utrecht (Rotterdam, B. V. B.). La lumière du soleil y joue un rôle prépondérant. C'est dans son œuvre graphique, où il use d'une plus grande liberté, que le peintre laisse épanouir le mieux son talent (Rotterdam, B. V. B. ; Rijksmuseum ; Haarlem, musée Teyler ; La Haye, Gemeentemuseum). Jan Weissenbruch fut un des fondateurs de la société Pulchri Studio à La Haye.