Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lebourg (Albert)

Peintre français (Montfort-sur-Risle, Eure, 1849  – Rouen 1928).

Élève de l'École des beaux-arts de Rouen, puis de celle de Paris, il partit pour Alger, où il fut nommé professeur de dessin à l'École des beaux-arts (1872-1876). En Afrique, il se consacra au paysage de plein air. Rentré à Paris, il travailla auprès de Jean-Paul Laurens, mais se rallia vite à la cause des impressionnistes, et, par deux fois, en 1879 et 1880, participa aux expositions de leur groupe. Dès lors, il peint d'un pinceau habile, qui juxtapose et parfois brouille les tons, des vues, surtout de Paris, des régions parisienne et rouennaise (Route au bord de la Seine à Neuilly, en hiver, Paris, Orsay ; Remorqueurs à Rouen, 1903, id.), paysages lumineux et tranquilles où les formes sont souvent dissoutes par le soleil ou la brume. Il est représenté dans de nombreux musées de Paris (Orsay, Petit Palais, musée Carnavalet) et de province (Agen, Lille, Lyon, Rouen, qui conserve une importante série de ses paysages inspirés par les sites et les côtes de la Normandie).

Leck (Bart Anthony Van der)

Peintre néerlandais (Utrecht 1876  – Blaricum 1958).

L'un des fondateurs en 1917 du mouvement De Stijl, Bart Van der Leck, qui a reçu une formation de maître verrier, s'est consacré tardivement à la peinture. Peu marqués par les nouvelles tendances artistiques, ses premiers tableaux, qui témoignent d'une vision originale, datent de 1912-13 : le Marchand de fruits (Otterlo, Kröller-Müller) présente dans une composition en frise, sans profondeur, des formes simplifiées, peintes avec un nombre limité de couleurs. Ces caractères donnent au sujet — représenté d'une façon déjà très stylisée — un aspect monumental. Influencé par l'art de l'Égypte ancienne (Travail au port, 1916, Otterlo, Kröller-Müller), Bart Van der Leck cherche une plus grande simplification encore avec la Tempête (Otterlo, Kröller-Müller), où les couleurs, utilisées en aplats, sont le rouge, le bleu, le jaune et le noir ; les formes sont très stylisées, la composition est fondée sur l'horizontale et la verticale. Le sujet est ainsi conduit à la limite de l'abstraction. Cette œuvre va marquer Mondrian, que Bart Van der Leck rencontre en 1916. Avec le tableau Mine (1916, La Haye, Gemeentemuseum), un triptyque qui témoigne de son évolution par son absence de sujet lisible et la réduction de son langage plastique, c'est Mondrian qui l'influence à son tour : sur un fond noir pour les volets, blanc pour la partie centrale sont disposés des tirets rouges, bleus ou jaunes, horizontaux, verticaux ou obliques, qui créent des cadences. En 1917, dans Composition 1917-3 (Otterlo, Kröller-Müller), intitulée également la Sortie d'usine, les éléments principaux sont très clairement mis en ordre et dénombrés : les 73 tirets, tous de la même largeur, rouges, bleus, jaunes ou noirs, sont disposés sur un fond blanc, dans une trame orthogonale et selon des groupes. Cette année-là, Bart Van der Leck participe à la fondation du Stijl et publie notamment un article dans le premier numéro de la revue de Théo Van Doesburg. Il quitte le mouvement dès 1918 mais approfondit néanmoins sa recherche : en 1918-1920, Composition (Amsterdam, Stedelijk Museum) est uniquement constituée de 8 figures géométriques : 4 carrés, 4 triangles disposés rigoureusement. Après 1920, Bart Van der Leck revient à la peinture figurative, le sujet restant traité dans un vocabulaire géométrique élémentaire. Il produira peu, vivant pratiquement isolé à Blaricum et exécutant quelques travaux de décoration, peinture murale et d'art appliqué. Il reviendra pour quelques rares et précieux tableaux à la peinture non figurative à la fin de sa vie, réalisant dans cet esprit de dépouillement quelques chefs-d'œuvre qui anticipent largement sur l'Art minimal. Son œuvre est conservée au musée Kröller-Müller, à Otterlo, ainsi qu'au musée de Grenoble.

Lecomte du Nouy (Jules-Jean Antoine)

Peintre français (Paris 1842  – id. 1923).

Issu d'une famille noble piémontaise, il entre en 1862 dans l'atelier de Gleyre, puis dans celui de Gérôme. En 1872, il voyage en Italie et en Orient —Égypte et Turquie— , où il fait de nombreux croquis relatifs aux fouilles archéologiques en cours. Sous l'influence de Gérôme, il peint des œuvres orientalistes, souvent inspirées d'œuvres littéraires contemporaines (le Roman de la Momie et les Porteurs de mauvaises nouvelles [1871, Tunis, ministère des Affaires culturelles] de T. Gautier ; les Orientales de V. Hugo, sources de son célèbre tableau, Ramsès dans son harem ; Homère mendiant, 1881, musée de Grenoble). Son goût pour l'histoire l'amène aussi à traiter des sujets tels que Garde-Côtes gaulois (1888, Paris, Orsay), dans le style précis et réaliste de son maître. En 1875, il est chargé du décor de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul de l'église de la Trinité à Paris. Il peint également plusieurs portraits (A. Crémieux, 1878, Paris, Orsay), notamment pour la cour de Roumanie, où son frère occupe les fonctions d'architecte officiel.

Leduc (Ozias)

Peintre canadien (Saint-Hilaire-sur-Richelieu, Québec, 1864  – Saint-Hyacinthe, id., 1955).

Autodidacte, il s'initie à la peinture en observant les décorateurs d'églises Luigi Capello et Adolphe Rho. À l'âge de vingt-six ans, il entreprend des décorations à son propre compte. À la même époque, il décide d'accorder plus de temps à la peinture de chevalet, ses décorations d'église, encore mal connues, représentant cependant une part importante de son œuvre (coupole de Saint-Enfant-Jésus à Montréal, 1916 ; chapelle du palais épiscopal de Sherbrook, 1922-1933). On lui doit plusieurs natures mortes en trompe l'œil, dont la plus célèbre est le Repas du colon (1893, Ottawa, N. G.). Leduc se rend à Paris en 1897 avec Suzor-Coté pour une année d'études libres. Il semble y avoir admiré les œuvres d'artistes forts différents, de Jules Lefebvre à Fantin-Latour en passant par Le Sidaner, Mucha, Henri Martin et René Ménard. Il délaisse dès lors ses couleurs sombres et son réalisme attendri tel qu'il s'était manifesté dans son Enfant au pain, 1892-1899, Ottawa, N. G. of Art, pour une peinture de rêve, extrêmement douce et soignée (Fin du jour ou les Portes de fer, 1913, Montréal, musée des Beaux-Arts). Ses tableaux d'église évoluent dans le même sens avec une note particulière empruntée probablement au symbolisme de M. Denis. L'Heure mauve (1921, Montréal, musée des Beaux-Arts) et l'Immaculée Conception (esquisse, 1922, Ottawa, N. G.) sont considérées comme des œuvres majeures de l'artiste.