Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Nicolò di Liberatore, dit également l'Alunno

Peintre italien (Foligno v.  1430  – id.  1502).

Mentionné pour la première fois en 1452, il est actif à Foligno, en Ombrie, et dans les Marches, où il peint dès 1466 un premier polyptyque avec un Couronnement de la Vierge et des saints (Vatican), puis un autre en 1468 avec la Madone et des saints (musée de Sanseverino). Il est l'héritier et le continuateur des modes intensément expressifs de Bartolomeo di Tommaso da Foligno ; il subit l'influence de B. Gozzoli, mais il se trouve dans les Marches en présence d'une culture d'origine vénitienne, dont certains éléments se retrouvent dans le Couronnement de la Vierge, dans lequel il use d'une couleur émaillée et d'un modelé sec et gracile rappelant Bartolomeo Vivarini. Vers 1480, il connaît également la peinture du Vénitien Carlo Crivelli, dont il dut certainement subir l'influence ; cependant, il n'est pas exclu qu'à son tour, par l'intense psychologie de ses personnages et par sa couleur dense et sombre, il ait exercé quelque ascendant sur le peintre vénitien. Parmi ses dernières œuvres, on peut citer le polyptyque avec la Nativité et des saints (1492, Foligno, Pin. ; prédelle au Louvre).

   L'œuvre de Nicolò, fort abondant, comprend quelques fresques, dont une Crucifixion à S. Maria in Campis à Foligno, sa plus ancienne peinture connue (1456), de grands polyptyques comportant plusieurs étages (Nocera Umbra, Pin. ; Gualdo Tadino, Pin. ; Brera ; Vatican ; San Severino, Pin.) et des bannières de procession (Assise, Pin. ; Avignon, Petit Palais ; Bologne, P.N. ; Deruta, Pin. ; musée de Karlsruhe ; Pérouse, G. N.).

Nieulandt (Willem Van) , dit Terranova

Peintre et graveur flamand (Anvers 1584  – Amsterdam 1635/36).

Élève à Amsterdam de Jacob Savery entre 1594 et 1599, influencé très durablement par son style et celui de son frère Roelandt, il partit en 1599 ou en 1602 pour Rome, où il travailla chez Paul Bril. Il était à Anvers en 1606 et se fixa à Amsterdam en 1629.

   L'artiste peignit de nombreux sujets religieux (Annonce aux bergers, 1607, musée de Tours ; 1609, château de Nijenhuis, fondation Hannema-De Stuers) et des paysages dans le goût de Paul Bril, avec des ruines ou des architectures évoquant l'Antiquité ou l'Italie : Campo Vaccino (1609, Copenhague, S. M. f. K.), Vue de Rome (1611, musée d'Anvers), Vue du Forum (1626, musée de Budapest). On distingue encore mal aujourd'hui ses œuvres de celles réalisées par son oncle Willem Van Nieulandt le Vieux, qui mourut à Rome en 1626.

 
Son frère Adriaen (Anvers 1587 – Amsterdam 1658) fut également peintre. Cité à Amsterdam en 1607, il peignit tout d'abord des Intérieurs de cuisine (1616, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) dans le style de Pieter Cornelisz Van Rijck, puis des paysages agrémentés de scènes mythologiques ou religieuses rappelant la manière de Poelenburgh : Sacrifice de Manoé (Ermitage), Jacob en prière (1642, musée de Lille), Triomphe de Bacchus (1652, Copenhague, S. M. f. K.), l'Entrée à Jérusalem (1655, id.), Allégorie de la Paix de Münster, 1648 (1650, Rijksmuseum).

Nigro (Mario)

Peintre italien .

Après avoir débuté dans l'activité scientifique à l'université de Pise, il commence à peindre en 1948 et, travaillant d'emblée dans la voie de l'abstraction géométrique, il adhère au Movimento Arte Concreta qui venait d'être créé à Milan. En 1950, Tableau à damier blanc et noir présente une structure régulière en damier avec des contrastes de valeur qui doit beaucoup à Mondrian et plus encore à la période du Bauhaus de Josef Albers. En 1950-1951, il commence sa série intitulée " structure rythmique : espace total " dont la structure, constituée de formes et de couleurs entrelacées, permet la création d'un espace original tout en annulant l'espace traditionnel par un jeu de superpositions. En 1958, Nigro quitte son activité professionnelle à l'hôpital de Livourne pour se consacrer exclusivement à la peinture et s'installe à Milan. Depuis 1975, sa recherche est fondée sur le concept de " temps total ". Ses œuvres sont alors composées, selon un programme conçu à l'avance, de tirets obliques disposés régulièrement en quinconce, qui divisent le champ du tableau et créent des rythmes soumis à des accélérations et à des ralentissements. À partir de 1978, il élargit sa conception à l'espace entier en peignant directement sur le mur ses structures (Métaphysique de la couleur) sans pour autant abandonner la toile ou d'autres supports (Rembrandt, 1991).

Nikifor

Peintre polonais .

Sourd et muet, d'une santé très fragile, il a trouvé dans la peinture, et surtout l'aquarelle, un moyen d'expression. C'est au cours d'un de ses nombreux séjours à l'hôpital qu'un médecin eut l'idée de lui donner une boîte de couleurs. Son art, dont la naïveté semble authentique, est pourtant influencé par les icônes, que rappellent les couleurs fraîches et le dessin épais et vigoureux de ses portraits, nimbés comme des images de saints, ou de ses fantasques architectures. Ne sachant ni lire ni écrire, Nikifor accompagne parfois ses tableaux de lettres explicatives, mais impénétrables.

Nisart (Pedro)

Peintre espagnol (actif à Majorque durant le 3e quart du XVe s. et dont le nom fait supposer une origine étrangère).

Son style, marqué par le quattrocento italien et l'esthétique flamande, paraît justifier cette hypothèse. Son œuvre maîtresse est le Retable de saint Georges (musée diocésain de Palma), commandé en 1468 et peint avec la collaboration de Moguer. Le saint guerrier est représenté selon l'iconographie empruntée peut-être à un original de Van Eyck acquis par le roi Alphonse V à Valence en 1444. Le fond du retable et les scènes de la prédelle relatent un épisode de la conquête de Palma sur les Maures en 1229.

Nocret (Jean)

Peintre français (Nancy v. 1617  – lParis 1672).

Formé à Nancy et à Rome, il est à Paris en 1644. Hormis un voyage au Portugal en 1657, il travaille dans la région parisienne. Reçu à l'Académie en 1663 avec un Repentir de saint Pierre, il joue un rôle important dans la décoration peinte des châteaux de Saint-Cloud (1660) et des Tuileries (1667-1670), mais toutes ces œuvres ont disparu et il n'est plus connu que comme portraitiste de cour (Philippe d'Anjou, Prado ; Duchesse de La Vallière, Versailles ; Famille de Louis XIV, id.). Ses œuvres sont souvent confondues avec celles de son fils Jean-Charles (Paris 1648 – id. 1719) , lui aussi portraitiste (il est reçu à l'Académie en 1674 avec le Portrait de son père, Versailles) en même temps que peintre d'histoire : il a contribué au décor du grand appartement de la reine à Versailles (1675-76). On ne connaît plus dans ce genre que le Renoncement de Louise de La Vallière (1675, musée de Brest).