Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

laboratoire de musée (suite)

Intérêt de ces méthodes

Conservation et restauration

L'analyse des matériaux constituant les peintures, la connaissance des lois qui régissent les interréactions des dits matériaux entre eux, d'une part, et avec le milieu ambiant, d'autre part, doivent améliorer la conservation des peintures ; les méthodes scientifiques permettent de mesurer, d'analyser les incidences de l'environnement — lumière et climat — sur leur conservation.

   Le niveau d'éclairement autant que les caractéristiques des sources utilisées ont une influence sur le comportement des peintures. Le laboratoire dispose de matériel de mesure qui doit permettre d'élaborer les recommandations à l'usage de ceux qui sont responsables de la conservation des peintures. Certains organismes nationaux (l'A.F.N.O.R.) ou internationaux (l'I.C.O.M.) sont habilités à diffuser les travaux conduits par les chercheurs ; dans cette perspective, la stabilité du climat dans lequel sont conservées les peintures est un des éléments sur lequel les spécialistes de la muséologie insistent particulièrement. Les études conduites actuellement tendent à démontrer le rôle primordial que joue le taux d'humidité relative de l'atmosphère dans laquelle les tableaux sont exposés. Les variations brutales de la température entraînant des variations du taux d'humidité sont considérées comme néfastes. Le chauffage central, dont la propension à dessécher l'atmosphère est certaine, est l'un des principaux facteurs de destruction.

   L'étude de la pollution de l'atmosphère et ses incidences sur la conservation des peintures font également l'objet de recherches en France et à l'étranger. Mais c'est à l'examen scientifique des œuvres peintes elles-mêmes que doivent s'attacher les laboratoires de musée. Il est possible de détecter par les méthodes énumérées ci-dessus les altérations profondes du support, les soulèvements de la couche picturale, les interréactions des colorants et des liants pour y remédier. La restauration des peintures peut être guidée par une étude préalable conduite en laboratoire, qui permet de mesurer exactement l'ampleur des altérations et des restaurations effectuées antérieurement.

Expertise

L'expert, si compétent qu'il soit, est, comme le médecin, redevable à l'investigation scientifique de données qui excèdent celles que nous fournit notre vision ; grâce aux microscopes, il est possible de discerner les craquelures obtenues artificiellement, de distinguer les pigments anciens de ceux de fabrication moderne, de découvrir enfin le rythme intérieur de l'œuvre, les rayons X et infrarouges mettant en évidence un état jusqu'ici invisible, état que le copiste ou le faussaire ne pouvait ni concevoir ni reproduire.

Datation

La datation des éléments constituant la matière picturale est à l'étude dans plusieurs laboratoires aux États-Unis, en France et en Allemagne. Il faut retenir quatre méthodes, qui sont encore au stade de la recherche expérimentale. Des travaux récemment entrepris par le Mellon Institute aux États-Unis permettent d'appliquer la méthode de datation par le carbone 14 à l'identification des faux récents (moins de cent ans). En effet, depuis le début du XXe s., les teneurs en C 14 de la biosphère ont changé, et la concentration en C 14 a doublé de 1900 à nos jours. La distinction entre une huile moderne et une huile ancienne pourrait ainsi être effectuée sur des échantillons relativement faibles (30 mg) en utilisant des compteurs miniaturisés.

   Un des pigments les plus utilisés est le blanc de plomb. La mesure des rapports isotopiques du plomb contenu dans les pigments peut donc se révéler très précieuse et permettre de répondre aux questions tendant à préciser où et quand a été faite une peinture.

   Deux autres méthodes de datation sont encore du domaine expérimental : il s'agit du dosage par activation de neutrons, des impuretés contenues dans les blancs de plomb et de la radioactivité naturelle du plomb.

   Mais c'est à la connaissance profonde de l'œuvre peinte que les méthodes scientifiques apportent la plus importante contribution. Les étapes de la création artistique sont mises en évidence par des procédés physiques et optiques, qui restituent également les caractéristiques de la technique du peintre : le broyage du pigment, l'analyse de la préparation, la largeur de la brosse, la disposition des lumières sont autant de révélations pour l'historien d'art.

   Ces méthodes scientifiques sont appelées à transformer les méthodes traditionnelles de l'histoire et de la conservation des œuvres d'art.

Lacasse (Joseph)

Peintre français d'origine belge (Tournai 1894  – Paris 1975).

Fils d'un carrier et lui-même casseur de pierres à ses débuts, il s'inspire des formes minérales dans des compositions au pastel, exécutées dès 1910 et qui sont au nombre des toutes premières réalisations non figuratives en Belgique (Étude I, 1911, Bruxelles, coll. part.). Il entre en 1912 à l'Académie de Tournai, où il découvre le Cubisme, puis à celle de Bruxelles en 1919 et passe dès lors par des phases successives de Figuration décidée et d'Abstraction totale. Installé à Paris en 1925, il est l'animateur de la galerie l'Équipe, ouverte à Montparnasse en 1931, centre d'un mouvement culturel aussi bien théâtral que littéraire. Ses recherches de matière et de couleur ont anticipé sur des effets analogues, qui ne se sont généralisés qu'après 1945. Ses dernières œuvres, généralement de grand format, et soumises à une dominante verte, bleue ou rouge, ne sont pas sans rappeler les compositions géométriques antérieures à 1914. Il réalise également de nombreuses fresques et mosaïques pour des espaces publics (hôtel de ville de Tournai ; université de Clermont-Ferrand). La gal. Jacques Massol à Paris a organisé de 1969 à 1971 une rétrospective de ses premières années. En 1976, la fondation Prouvost organise une importante exposition à Marcq-en-Barœul. Lacasse est représenté au M. N. A. M. de Paris, au musée des Arts décoratifs, au musée d'Art moderne de Bruxelles, au musée de Tournai.