Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
F

Forabosco (Gerolamo)

Peintre italien (Padoue 1604 ou 1605  – id. 1679).

Il fut l'élève de Padovanino, qui lui transmit un certain attachement pour la tradition vénitienne du XVIe s. Dans ses compositions religieuses, comme le grand Sauvetage miraculeux (église paroissiale de Malamocco, près de Venise), son chef-d'œuvre, il révèle aussi, dans la richesse chromatique de sa matière, une influence de Strozzi et peut-être de Mazzoni. C'est cependant dans les portraits qu'il manifeste le plus d'originalité, traduite dans un riche style pictural et toujours caractérisée par une fine pénétration psychologique (Portraits de courtisanes, Vienne, K. M., et Offices ; Padouanne, Rome, G. N., Gal. Corsini).

Forain (Jean-Louis)

Peintre et graveur français (Reims 1852  – Paris 1931).

Cet artiste à l'esprit caustique fut le plus féroce des successeurs de Daumier. Comme lui, il observa avec ironie l'égoïsme sordide d'un certain monde bourgeois, de vieux messieurs concupiscents, de petits rats ambigus, de maquerelles et de jeunes femmes sans scrupules (Dans les coulisses, 1906, Londres, Courtauld Inst. ; le Repos du modèle, musée de Dunkerque). Le succès de Forain comme caricaturiste mondain fait trop oublier qu'il fut surtout un dessinateur politique et social, imposant avec force ses idées humanitaires. Il collabora à l'illustration de tous les journaux satiriques de l'époque, le Scapin (1876), le Courrier français, le Fifre (1889-90), les Temps difficiles (1893), le Figaro (jusqu'en 1925). Il y fustigeait les affameurs, les parlementaires véreux, les juges et les avocats dans d'amers croquis incisifs et des lithographies vivantes, presque toujours soulignés d'une courte légende cruelle. Il y exprima aussi ses révoltes de polémiste lors du scandale de Panama et, paradoxalement, dans le Pss't (1898-99) ses opinions antidreyfusardes virulentes durant l'Affaire Dreyfus. Si les affiches de Forain ont le plus souvent la vigueur de ses charges (la Bohème, de Puccini), ses pastels sont très influencés par Degas, qu'il admirait vivement. Il exposa d'ailleurs assez régulièrement avec les impressionnistes entre 1879 et 1886. Son œuvre peint est moins connu et mérite pourtant l'admiration. Ses tableaux montrent une mise en page étudiée (le Veuf, Salon de 1885, Orsay), un coloris sombre éclairé par endroits de lumières crues et une pâte épaisse, posée en touches larges et espacées (la Plaidoirie, 1907, id.). Il s'y éleva parfois jusqu'à un romantisme douloureux (la Maison retrouvée, 1918, musée de Nantes). Très lié avec J.-K. Huysmans, dont il avait illustré les Croquis parisiens (1880), Forain réalisa aussi de belles eaux-fortes religieuses (le Calvaire, 1909 ; Pietà, 1910), très marquées par Rembrandt, et des toiles fortes inspirées par l'Évangile (le Repas à Emmaüs, 1926). Une exposition au musée Marmottan, à Paris, a présenté en 1978 les différents aspects de son œuvre en insistant sur les œuvres moins connues de la fin de sa vie, d'une facture à la fois plus mouvementée et plus elliptique.

format

Dimensions (hauteur sur largeur ou diamètre) des livres, des épreuves photographiques, des papiers, des panneaux, des châssis et des cadres. Échelle fixe et normalisée de dimensions, établie pour classer, dans le commerce, les châssis, les panneaux et les cadres.

Papier

Les marques, ou filigranes, laissées en creux dans le papier par les lettres ou figures en fil de métal fixées au fond de la forme, ont donné leurs noms à certains formats de papier : grand-aigle (0,74 × 1,05 m) ; petit-aigle (0,60 m × 0,94 m) ; raisin (0,50 m × 0,64 m) ; carré (0,45 m × 0,56 m) ; écu (0,40 × 0,51 m ou 0,40 m × 0,52 m) ; coquille (0,44 m  Z 0,56 m) ; pot (0,31 m × 0,40 m) avec tolérance de 1 cm ; couronne (0,36 m  Z 0,46 m ou 0,37 m × 0,47 m en édition).

Châssis, panneaux et cadres

Selon les genres de peinture, ils sont divisés en 3 catégories et échelonnés de 1 à 120 points. Le format rectangulaire le plus proche du carré est appelé format figure ; le format rectangulaire le plus allongé est appelé format marine ; le format intermédiaire est appelé format paysage. Les formats standard du commerce se succèdent irrégulièrement. À chaque numéro correspondent des dimensions précises.

formisme
ou expressionnisme polonais

Nom donné au courant représenté par le groupe d'artistes polonais fondé en 1917 à Cracovie, puis à Varsovie, à Poznań et à Lvov, en réaction contre l'art officiel, et dont les répercussions se firent sentir jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Les " formistes " eurent une activité très considérable dans plusieurs domaines de la vie artistique en Pologne (expositions, conférences, théâtre, théories d'art, philosophie) par le truchement de leur propre revue, Formisci (" les Formistes "). Leur style associe les éléments du Cubisme, de l'Expressionnisme et du Futurisme au folklore polonais. L'autonomie de l'œuvre d'art et sa genèse psychologique sont le point de départ de leur programme antinaturaliste. Leon Chwistek, Tytus Czyzewski, Konrad Winkler, les frères Andrzej et Zbigniew Pronaszko, S. I. Witkiewicz, le théoricien du groupe, et A. Zamoyski furent les meilleurs représentants du Formisme.

Forte (Luca)

Peintre italien (v. 1600/1615 av. 1670).

Il fut à Naples l'un des premiers et des plus importants peintres de natures mortes, mais on ignore encore aujourd'hui les données de sa biographie et la chronologie de son activité. Deux lettres adressées en 1649 au grand collectionneur de Messine Antonio Ruffo révèlent les sommes importantes qu'il obtenait pour ses natures mortes de fruits. Formé dans le climat artistique hispano-napolitain, il adhéra profondément à la tradition, tant locale que romaine, du Caravagisme, et eut connaissance des œuvres de Salini et de Cerquozzi. Il ressentit également l'influence d'Aniello Falcone à travers l'œuvre de Porpora, dont il se réclame dans sa maturité pour l'éclairage et la composition tout en annonçant les voies de la peinture de genre à Naples. La Nature morte à la tubéreuse et à la coupe de cristal (Rome, G. N., Gal. Corsini), monogrammée, est sans doute son œuvre la plus ancienne. Forte est représenté à Bologne (P. N. et coll. Molinari-Pradelli) ainsi que dans des coll. part. italiennes et étrangères.