Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

marge

En peinture

Dans une page de livre ou de manuscrit, espace blanc laissé autour du texte. Dans les manuscrits, les marges sont très souvent ornées de rinceaux, de fleurs ou de grotesques et quelquefois de petites scènes qui illustrent le texte qu'elles accompagnent.

En gravure

Feuille de papier que l'on place sous la planche de cuivre pour servir à marger les estampes. Bordure d'une estampe. (Les gravures à toutes marges, non rognées, sont recherchées.)

Mari (Enzo)

Artiste italien (Novare 1932).

Marqué à ses débuts par les formes de l'Abstraction géométrique et de l'Art concret, il s'intéresse au mouvement et à la traduction de la durée dans la peinture : Projet 114 (1953, Milan, atelier de l'artiste) est un tableau en bande qui rappelle les rouleaux de Viking Eggeling et évoque une partition de musique. Enzo Mari va bientôt se préoccuper de phénomènes purement optiques et physiques, rechercher des compositions qui soient variables, utiliser des éléments mobiles et créer des œuvres nécessitant la participation du spectateur. Il va être l'un des acteurs du mouvement lumino-cinétique en Italie et participer aux manifestations de la Nouvelle Tendance organisée par Matko Mestrovic à Zagreb, à partir de 1961, ainsi qu'aux expositions intitulées Arte programmata. De même que pour Bruno Munari, sa réflexion sur l'art l'a très vite conduit à se concentrer sur la réalisation d'objets fabriqués en série qui exploitent les trouvailles de l'art lumino-cinétique et donnent une grande diffusion à l'esthétique industrielle contemporaine. Ses créations dans le domaine du design, très célèbres, sont commercialisées par la firme milanaise Danese. Enzo Mari a réalisé également de nombreux livres-objets et livres pour enfants qui ont contribué à sa renommée.

Maria (Nicola de)

Artiste italien (Foglianise 1954).

Les œuvres de Nicola de Maria se distinguent par leur lyrisme pictural et tentent, au-delà de tout clivage abstraction-figuration, de retranscrire une vision symbolique du monde, se rapprochant tant de la peinture de Paul Klee ou de Kandinsky que de celle de Wols ou de Twombly.

   Dès 1978, avec Philosophy of Magic and of Art, Maria souligne ses rapports avec l'improvisation picturale, qu'il associe par la suite à son goût de l'exotisme (I am African, I am Asian, 1980) et de la poésie chinoise (Parole cinesi Lipo, Tu Fu, Wang Woi). Plus récemment, ses œuvres manifestent une attention pour la nature et ses cycles (Regno dei fiori, 1984-85), témoignant d'une préoccupation liée à l'espace et au temps : souci de cohérence que l'artiste pousse parfois jusqu'à peindre les murs de l'espace où sont installés ses tableaux. En 1981, le M. N. A. M. de Paris présente son travail lors de l'exposition " Identité italienne ". Une rétrospective lui a été consacrée en 1985 par le Stedelijk Van Abbe Museum d'Eindhoven. Ses peintures sur papier ont été présentées à Paris (gal. Lelong) en 1992.

Marieschi (Michele)

Peintre italien (Venise 1710  –id. 1743).

On connaît mal les circonstances de sa formation et de sa vie : sans doute cet artiste commença-t-il sa carrière comme scénographe. Il semble avoir effectué un voyage en Allemagne au cours de sa jeunesse. On le trouve en tout cas à Fano en 1735 ; peu de temps après, le maréchal Schulenberg lui achète des Vedute. En 1741, Marieschi publie ses 21 vues gravées de Venise. Son œuvre peint comprend des Vues de Venise (Bowhill, coll. du duc de Buccleuch ; Bristol, City Museum ; Louvre ; Bergame, Accademia Carrara ; musée de Budapest ; Venise, Ca' Rezzonico), où se devine l'influence directe de Canaletto, et des Caprices (Naples, Museo Filangieri ; Milan. Castello Sforzesco ; Venise, Accademia ; Stockholm, Nm.), fantaisies architecturales qui présentent, comme sur des scènes de théâtre, des palais, des ruines antiques ou de pittoresques masures. Les figures prestement enlevées qui animent parfois ces compositions ont été attribuées, par certains critiques, à d'autres artistes, tels que les Guardi, Diziani ou G. B. Tiepolo.

Marin (John)

Peintre américain (Rutherford, New Jersey, 1870  – Cape Split, Maine, 1953).

Il commença tard ses études artistiques après avoir voulu être ingénieur et travaillé comme architecte. De 1899 à 1901, il suivit les cours de Thomas Anshutz à la Pennsylvania Academy of Fine Arts et effectua un court passage à l'Art Students League de New York en 1905. Cette même année, il arriva à Paris et resta six ans en Europe. Au contraire de la plupart de ses compatriotes, il ne se soucia pas de suivre un enseignement académique et ne prit pratiquement aucune part aux discussions qui animaient alors le milieu artistique parisien. Admirateur de Whistler, il acquit à Paris une certaine réputation en gravant des vues de villes européennes à la manière de ce peintre. Il exposa à Paris au Salon d'automne en 1907, 1908 et 1910 ainsi qu'au Salon des indépendants de 1909. Le gouvernement français lui acheta alors une toile, Moulins à Meaux (auj. disparue). La même année commençait la longue association de Marin avec Stieglitz, qui exposa ses premières œuvres avec celles d'Alfred Maurer. Enfin, toujours en 1909, un voyage à New York marqua un tournant décisif dans son style. Le désir de transcrire dans ses aquarelles les rythmes de New York obligea le peintre à simplifier sa manière, à la rendre plus allusive et à trouver des formules proches de celles de Cézanne, à qui il avait accordé peu d'attention en Europe (Brooklyn Bridge, 1910, Metropolitan Museum). En 1910, Marin rentra définitivement aux États-Unis. En 1913, il participa à l'Armory Show et, l'année suivante, il découvrit le Maine (Coucher de soleil, 1914, New York, Whitney Museum) ; il partagea son temps entre cette région et New York jusqu'à la fin de sa vie. Les côtes rocheuses de cet État devinrent l'un de ses sujets favoris. Marin jouit d'un assez grand succès grâce à Stieglitz. Il exposa régulièrement dans les différentes galeries de ce dernier, dont 291 et An American Place.

   En 1936, le M. O. M. A. lui consacrait une première rétrospective. Son style évolua peu entre les années 20 et sa mort. Tout l'œuvre de Marin tend à être une notation rapide et aérée où l'écriture " moderne " n'est pas une fin en soi, mais un moyen pour recréer une impression momentanée. Il est particulièrement bien représenté dans les musées américains.