Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Llanos y Valdés (Sebastián de)

Peintre espagnol (Séville ? v. 1605  – id. 1677).

Ce peintre, l'un des meilleurs de Séville dans le troisième quart du XVIIe s., retient l'attention par diverses particularités : le don qui précède son nom dans les documents de l'Académie des peintres, dont il fut l'un des premiers membres, semble indiquer une origine aristocratique. Était-il un amateur à vocation tardive ? (Ceán Bermudez note qu'on trouve ses œuvres dans des coll. part. plus que dans les églises.) Par ailleurs, il est curieux qu'on ne sache rien de sa formation ni de sa carrière avant 1658, alors qu'il signe des œuvres assez nombreuses entre cette date et 1675. Son apprentissage chez Herrera, dont il supportait avec patience les colères, sa bataille avec son irascible ami Alonso Cano restent légendaires. Enfin, ses peintures connues apparaissent curieusement archaïques. Sans que l'influence, alors triomphante, de Murillo soit absente de sa Madeleine de 1658 (Séville, Casa de Pilatos) ou de ses Saint Joseph, celle de Zurbarán, reste frappante dans les draperies cassées en triangle et les types de chérubins de son Immaculée enfant de 1665 (Séville, coll. Gómez de Barreda), la pose de son Christ en croix de 1666 (Séville, cathédrale), le type de composition et la rigidité des figures de sa grande Vierge du rosaire avec de jeunes clercs de 1667 (Dublin, N. G.). Chez ce peintre robuste et paisible, la note baroque du temps apparaît surtout dans les têtes coupées de martyrs (Saint Jean-Baptiste et Saint Paul, 1670, Séville, église du Salvador ; S. Laureano, musée du Greco à Tolède, Vatican et musée de Göteborg), dont Herrera dut créer la formule, mais dont Valdés Leal eut la spécialité.

Llimos (Robert)

Peintre espagnol (Barcelone 1943).

Étudiant à Barcelone de 1953 à 1960 dans les écoles d'art Prats, Massana et San Jordi, Llimos s'installe à New York en 1975. Il y vit depuis cette date ainsi qu'à Barcelone. Sa première exposition est organisée en 1967 par la gal. Ariel de Cuidad de Mallorca. Peintre figuratif, Llimos reçoit l'influence de l'Art conceptuel de 1969 à 1973. À l'issue de cette période, il renoue avec un art figuratif expressionniste. Il peut être, de ce fait, considéré comme l'un des précurseurs, en Espagne, du retour de la peinture expressionniste dont témoignera l'Europe au début des années 80. Intérieurs, paysages et personnages constituent les thèmes privilégiés de la peinture de Llimos, traités selon des contrastes colorés fortement marqués. À New York, il consacre un cycle de peintures dédiées à la Méditerranée (les Méditerranéens, Muses dansant, Apollon et les Muses...) en écho à la tradition de la peinture de Cézanne, de Matisse ou de Dufy. La figure humaine, inspirée par les formes de la statuaire antique, acquiert dans la peinture de Llimos une place de plus en plus importante, se plaçant au premier plan du tableau. L'œuvre de l'artiste est présent dans les coll. de la Fundació Caixa de Barcelone.

Lo Savio (Francesco)

Artiste italien (Rome 1935  – Marseille 1963).

Dès la fin des années 50, dans le contexte de l'art informel tardif, Francesco Lo Savio tente de rapprocher la peinture de sa source primaire : la lumière. Ce qui mobilise le peintre dans un premier temps, c'est l'imperceptibilité des transitions lumineuses et la densité de la matière visuelle, traduite par des voiles de couleurs. Avec les Filtri (1959), dont le support pictural est transparent (papier de soie et treillis), le tableau devient le lieu d'un transit, d'un mouvement continu de lumière métamorphosant les formes et les couleurs des matériaux translucides. Ces premières expériences, bidimensionnelles et consacrées à une réflexion sur la mobilité et l'immobilité des projections lumineuses, dans une confusion entre peinture et mur, contiennent la tentation de confondre peinture et architecture. À partir de 1960, Lo Savio travaille la tridimensionnalité des métaux dont les qualités chromatiques noires opaques et uniformes recèlent des capacités d'attraction lumineuse (Métal noir opaque uni, 1960). L'emploi d'un matériau lourd tel que l'acier confère à l'œuvre une présence physique supplémentaire intégrant l'espace objectal des métaux à l'environnement architectural. L'exigence de ce dialogue avec l'architecture conduit Lo Savio aux Articulations totales de 1962. Ces cubes ouverts de ciment blanc dont l'espace interne est de métal noir opaque et uniforme se connectent alors globalement au milieu.

   En 1962, Lo Savio, ressentant la nécessité d'un changement d'échelle, retourne à l'architecture et projette une habitation transformant ses Articulations totales en espace habitable. À cheval sur les années 50, dont il garde l'empreinte, et les années 60, l'œuvre de Francesco Lo Savio trouva certaines équivalences chez des artistes tels que Donald Judd et Carl André. En 1968, son travail est présenté à la Biennale de Venise. Une rétrospective a été organisée en 1986 au Rijksmuseum Kröller-Müller d'Otterlo.

Loarte (Alejandro)

Peintre espagnol (actif à Tolède et à Madrid entre 1619 et 1626).

Il réalise des tableaux religieux influencés par Tristan (Saint François, Tolède, couvent des Capucins) ou par Orrente (la Multiplication des pains, 1622), mais il doit sa renommée à ses natures mortes, datées entre 1623 et 1626, par lesquelles il se révèle un continuateur de Fray Juan Sánchez Cotán avec une facture plus libre et des contrastes lumineux plus accentués (Fruits et gibier, 1623, Madrid, Fondation Santamarca). La tendance à la symétrie le rapproche de Juan Van der Hamen (Fruits et panier, 1624 ; Légumes et viande, 1625). Certaines natures mortes sont animées de figures : la Marchande de volailles (1626).

Locatelli (Andrea)

Peintre italien (Rome 1695  – id. 1741).

Paysagiste, il travailla d'abord dans la lignée du Classicisme bolonais et romain, sur les traces de Poussin et de Gaspard Dughet. Influencé ensuite par Salvator Rosa et F. Van Bloemen, il adopta une manière plus libre et fut, à côté de Pannini, parmi les premiers représentants de cette peinture " en plein air ", oscillant entre idéal et réalité, dont le rôle fut essentiel dans la formation de certains " vedutisti " romains et de paysagistes comme J. Vernet ou R. Wilson. Il se distingua toujours par la clarté, la vérité atmosphérique et l'élégance de ses compositions, qu'il n'abandonna pas, même lorsqu'il traita des sujets rustiques (Fête des vendanges, Rome, Galleria Pallavicini). Ses tableaux (marines, paysages de fantaisie avec des ruines, danses de paysans, vues de Rome et de la campagne romaine) sont conservés dans les musées de Boston (M. F. A.), Budapest, Montpellier, Munich, Périgueux, Vienne (Akademie), Rome (Rome, G. N., Gal. Corsini, Académie de Saint-Luc, Gal. Pallavicini), Wiesbaden, Stockholm (Nm) et à l'Ermitage.