Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Steenwyck (Harmen Van)

Peintre néerlandais (Delft 1612  – ? Delft v. 1666).

Élève de David Bailly à Leyde entre 1628 et 1633, puis cité à Delft en 1644, il voyagea aux Indes en 1654-55. C'est un très fin spécialiste de natures mortes, surtout de Vanités, comme celles du Rijksmuseum (1652), de Leyde, de Niort, de Londres (N. G.), auxquelles il faut rattacher la belle suite de 5 Natures mortes de l'Ashmolean Museum d'Oxford, prises sous un éclairage précis et froid et disposées devant un fond gris clair. De telles Vanités, simples et intimes, aux dominantes grises et jaunes, sont à rapprocher de la production de Claesz et de Heda dans les années 1620-1630, et elles sont surtout typiques de cette " manière fine ", propre à la peinture de Leyde. Harmen Van Steenwyck eut un frère, Pieter, dont on connaît très peu de chose, si ce n'est que lui aussi fut élève de David Bailly à Leyde v. 1630 et qu'il peignit également des Vanités.

Steenwyck (Hendrick Van) , , dit le Jeune

Peintre néerlandais (Francfort-sur-le-Main 1580  – Londres 1649).

Son père, Hendrick Van Steenwyck le Vieux (Overijss v. 1550 – Francfort-sur-le-Main 1603), fut élève de Jan de Vries et se fit le spécialiste, dans une manière précise et quelquefois sèche, d'intérieurs d'églises.

   Tout comme son père, Hendrik, peignit de claires et précises architectures dans la lignée de Vredeman de Vries ; citons ses Intérieurs d'églises (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Louvre), la Vue d'une place (1614, Mauritshuis), l'Office de nuit dans une église (musée de Caen), Jésus chez Marthe et Marie (1620, Louvre), un de ses plus séduisants chefs-d'œuvre par la délicatesse des architectures rendues dans des tons clairs et la finesse d'une exécution miniaturiste qui donne à ces inventions d'espace parfait et silencieux toute leur fascination poétique. Émigré avant 1617 à Londres, il s'y lia avec Van Dyck et y connut un certain succès. Apprécié du peintre, il collabora avec lui et c'est ainsi qu'il peignit les fonds d'architectures du double portrait de Charles Ier et Henriette d'Angleterre (Dresde, Gg).

Steer (Philip Wilson)

Peintre britannique (Birkenhead, Cheshire, 1860  – Londres 1942).

Fils d'un portraitiste, il suivit les cours de la Gloucester School of Art, se rendit à Paris entre 1882 et 1884, puis revint à Londres, où il passa le reste de sa vie. Il subit d'abord l'influence de Whistler ; ses paysages, peints entre 1888 et 1893, montrent l'intérêt évident qu'il portait à Claude Monet, à P. A. Renoir et même à Georges Seurat (Enfants se baignant, 1894, Cambridge, Fitzwilliam Mus.) ; il fut l'un des rares artistes anglais invités à exposer avec le groupe des Vingt à Bruxelles. Ces premières tentatives furent mal vues par les contemporains de Steer, qui, après 1894, adopta volontairement un style anglais traditionnel issu de l'exemple de Gainsborough, Constable et Turner. Sa réputation est due surtout à de nombreux paysages panoramiques du Yorkshire et des vallées de la Wye et de la Severn exécutés entre 1895 et 1911. Après 1920, Steer abandonna la technique à l'huile pour se consacrer à l'aquarelle, mais il continua à peindre de grands paysages atmosphériques jusqu'au moment où il perdit la vue, un peu avant 1940.

   Membre fondateur du New English Art Club (1896), Steer participa régulièrement à ses expositions et n'exposa à la Royal Academy que de 1883 à 1885. Il fit aussi partie des " London Impressionists " réunis par le marchand Goupil en 1889. Il enseigna à la Slade School de Londres de 1899 jusqu'à sa retraite, en 1930. Des rétrospectives de son œuvre furent organisées à Londres, à la Tate Gal. en 1929 et en 1960 et à la N.G. en 1943.

   Il est représenté à Ottawa (N. G. : la Vallée de la Severn, 1901-1902 ; le Bord de la falaise, Bridgeworth, 1901 ; le Four à chaux, 1908, esquisse à Johannesburg, Art Gal. ; la Récolte des algues, Harwich, 1913-1932 ; le Modèle, 1921 ; la Tamise à Chelsea, 1923), à Melbourne et à Perth (Australie), à Dublin et dans de nombreux musées de Grande-Bretagne (musées d'Aberdeen, Bradford, Plymouth : la Plage de Walberswick ; Cambridge, Fitzwilliam Museum : Vue de Richmond Hill, 1893 ; Oxford, Ashmolean Museum : Soirée, 1897, Vue de Richmond, 1906, la Grand'Place de Montreuil, 1907, Vue de Montreuil, 1907 ; musées de Leeds, Liverpool, Manchester, Southampton).

Stefano da Verona, dit aussi Stefano da Zevio

Peintre italien (Vérone [ ? ] 1375  – [ ? ] v. 1438).

Les documents relatifs à sa vie et à ses œuvres, dont une seule est datée (Adoration des mages, 1435, Brera), sont très rares. Vasari, qui documente ses œuvres, est peu convaincant quant à son hypothèse de formation chez Gaddi. Stefano fut certainement formé dans le milieu des miniaturistes lombards (Michelino da Besozzo avait voyagé en Vénétie en 1410) et de la région vénitienne, dont témoignent plusieurs manuscrits. De récentes découvertes d'archives ont mis en lumière son ascendance française (il serait le fils de Jean d'Arbois, peintre à la cour de Philippe le Hardi). La Madone au buisson de roses (Vérone, Castel Vecchio) généralement considérée comme une œuvre de jeunesse, est parfois attribuée par la critique récente à Michelino da Besozzo, montrant la très grande complicité des deux artistes à leurs débuts. Dans cette œuvre, seul le thème s'apparente à celui, privilégié, des " jardins du paradis " de la peinture d'outre-Alpes, car Stefano en donne une interprétation fort personnelle et tout italienne : les personnages, clos dans leur songe, donnent à la scène une atmosphère de rêve ; ils sont placés presque de biais dans l'enclos d'une roseraie, sur un fond d'or où s'entrelace le vol lent des anges. Stefano révèle dans cette œuvre la qualité fondamentale de son style : l'accord infiniment délicat des lignes et des sentiments, où se dissout toute référence précise à la réalité. La même préciosité de madrigal se retrouve dans le petit chœur des anges de la Nativité, fresque de la chapelle de S. Fermo à Vérone, et dans le panneau avec la Madone et des anges (Rome, Gal. Colonna), une des plus hautes expressions du Gothique international en Italie. Les anges musiciens sont harmonieusement disposés au pied du trône et ceignent la Vierge d'une sorte d'auréole. Son unique œuvre datée, l'Adoration des mages (Brera), apparaît donc comme fort tardive (1435). Elle met cependant en évidence des affinités avec l'art de Michelino da Besozzo et avec la miniature gothique internationale. Mais l'iconographie propre à ce thème riche de personnages, de costumes et d'animaux exotiques est reprise avec un lyrisme ample et une exquise délicatesse, tandis que les rythmes linéaires se nouent et se dénouent du premier au dernier plan. Dans l'œuvre si rare de Stefano (encore appauvrie par la ruine des fresques véronaises de S. Eufemia et la perte des fresques de Mantoue), on doit distinguer un ensemble admirable de dessins (Louvre, Albertina, Offices) qui, par son importance et sa qualité, désigne l'artiste comme un grand " maître de la ligne " à partir duquel se forma Pisanello au cours de la deuxième décennie du XVe s.