Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Schooten (Floris Gerritsz Van)

Peintre néerlandais ( ? v. 1590, actif à Haarlem de 1612 à 1655).

On connaît très peu de chose sur sa vie, si ce n'est qu'il fut doyen de la gilde de Saint-Luc de Haarlem en 1639. Il peignit des scènes de Marchés et des Intérieurs de cuisine dans la tradition de P. Aertsen et de J. Beuckelaer (Haarlem, musée Frans Hals ; Copenhague, S. M. f. K. ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Dresde, Gg), et quelques curieux tableaux où la nature morte occupe tout le premier plan tandis qu'une scène religieuse est reléguée au fond de la composition : le Repas d'Emmaüs (Rijksmuseum). À la fin de sa carrière, il peignit aussi quelques Natures mortes de fruits (Otterlo, Kröller-Müller), mais il fut surtout connu pour ses très nombreux Déjeuners (Louvre ; musées de Riom, d'Anvers, de Glasgow, de Haarlem, de Hambourg, d'Otterlo ; Munich, Alte Pin. ; Bruxelles, M. R. B. A.), dérivés de Floris Van Dyck et de Nicolaes Gillis. Son art, le plus souvent d'un caractère " archaïsant " et austère proche de Clara Peeters et d'Osias Beert (objets volontairement simples, contrastes accentués, rigidité de la composition), évolua toutefois au contact de Willem Claesz Heda, et surtout de Claesz, vers une certaine " monochromie " reposant sur des accords de bruns et de gris. Il signait du monogramme F. V. S.

Schoubroeck (Pieter)

Peintre allemand (Hessheim, près de Frankenthal, v. 1570  – Frankenthal 1607).

Élève de Van Coninxloo à Frankenthal de 1587 à 1595, il retiendra le style maniériste de son maître pour devenir, avec Mirou, un des chefs de l'école de Frankenthal. En 1595, il va en Italie, puis à Nuremberg de 1597 à 1600, avant de s'installer définitivement à Frankenthal. Son style, original et étrange, voisin de celui des Valkenborch, est le témoin d'un prolongement fécond du Maniérisme, et ses meilleurs exemples sont, outre un Paysage daté 1604 (Munich, Alte Pin.), la Tentation de saint Antoine (musée de Dunkerque), œuvre influencée par Bruegel, l'Incendie de Troie (musée d'Anvers) ou bien le Combat des amazones (Dresde, Gg).

Schrimpf (Georg)

Peintre allemand (Munich 1889  – Berlin 1938).

En 1902, apprenti boulanger à Passau, Schrimpf décide de parcourir la Belgique, la France et la Hollande en exerçant divers métiers. En 1913, la colonie d'artistes Fontana Martini l'accueille quelques mois au bord du lac Majeur. Il commence à peindre d'après nature et s'inspire des maîtres anciens, réalisant plusieurs copies de Michel-Ange et de Raphaël. En 1915, au moment de son établissement à Berlin, la revue Die Aktion publie ses dessins, et la galerie Der Sturm présente ses premières huiles de style impressionniste : l'artiste est alors vivement influencé par les peintures d'animaux de Franz Marc. En 1918, de retour à Munich, il devient membre du Novembergruppe et, en 1921, de la Nouvelle Sécession à Berlin. Ses œuvres révèlent l'influence des primitifs allemands et italiens, des Nazaréens et du Douanier Rousseau. Son style est empreint de néo-romantisme : femmes à la fenêtre (Jeune Fille à la fenêtre, le matin, 1925, Bâle, Kunstmuseum), mères et enfants (Enfant jouant, 1923), paysages idylliques (Paysage de la forêt bavaroise, 1933, Munich, Staatsgemäldesammlungen) dans la tradition de Runge et de Friedrich... Ses représentations de figures féminines pensives, absentes (Jeune Fille assise, 1923) illustrent le thème de la solitude et de la mélancolie. En 1922, il séjourne en Italie et rencontre les artistes de Valori Plastici, notamment Carrà, qui lui consacre une monographie en 1924. En 1925, l'exposition de la Nouvelle Objectivité organisée par la Kunsthalle de Mannheim accueille certaines de ses œuvres. En 1927, Schrimpf est nommé professeur de décoration murale à l'école des Arts décoratifs de Munich et enseigne, à partir de 1933, à l'Institut d'éducation artistique de Berlin. La même année, il participe à l'exposition " Nouveau Romantisme allemand " à la Kestner Gesellschaft de Hanovre. Sa mort survient en 1938, peu de temps après qu'il a été destitué de son poste officiel par les nazis. Son œuvre est caractéristique du Réalisme magique, l'aile droite de la Nouvelle Objectivité, qui, comme l'a défini G. F. Hartlaub, " conservatrice jusqu'au classicisme, s'enracine dans l'intemporel ".

Schuch (Carl)

Peintre autrichien (Vienne  1846  – id. 1903).

Parmi les peintres autrichiens et allemands de la fin du siècle, ce fut lui qui expérimenta, avec le plus d'audace, les possibilités de la couleur et de la matière picturale. Il fit ses études à l'Académie de Vienne (1865-1875), puis séjourna à deux reprises, entre 1869 et 1875, en Italie, à Munich et en Belgique ; il fit alors partie de l'entourage de Leibl et se lia d'amitié avec Trübner ; il vécut de 1876 à 1882 à Venise, et finalement à Paris entre 1882 et 1894, où il connut Corot, Courbet, Manet et Monet. Cette même année, la maladie le réduisit à l'inactivité et l'obligea à rentrer à Vienne, où il sombra dans la démence. Schuch ne vendait pas ses tableaux et ne participait à aucune exposition ; aussi son œuvre ne fut-il connu, pendant sa vie, que de quelques initiés. Il fit sensation lorsqu'il fut, pour la première fois, présenté au public, lors de la Berliner Ausstellung de 1906, qui était en quelque sorte un hommage à l'art du XIXe s. Schuch explora les moyens de la peinture pure tant par les grands aplats colorés de ses paysages (Bois de bouleaux, 1881, Düsseldorf, Kunstmuseum) des pentes du Wienerwald que par la facture de ses natures mortes (Pommes sur la table blanche, 1886, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum). Sa touche vigoureuse, ses couleurs claires et ses contrastes lumineux construisent ses tableaux, qu'on a parfois rapprochés de ceux de Cézanne. Ses origines viennoises se distinguent en revanche par sa sensibilité et son goût de la beauté de la lumière et de la matière, qui donnent une importance nouvelle à la couleur. L'artiste est représenté dans plusieurs grands musées allemands : à Hambourg, Brême, Cologne, Hanovre, Berlin, Nuremberg, Munich, mais c'est à Vienne que se trouve l'ensemble le plus représentatif avec des paysages et des natures mortes, particulièrement des années 1870 à 1890.