Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Jacobsz (Dirck)

Peintre néerlandais (Amsterdam v.  1497  – id. 1567).

Fils et élève du peintre Jacob Cornelisz Van Oostsanen dont il peignit le Portrait au chevalet peignant sa femme (v. 1550, Toledo, Museum of Art), Dirck Jacobsz fut aussi marqué par l'exemple de Scorel, dont il fut le condisciple dans l'atelier de son père. Il se consacra presque exclusivement au portrait ; on lui doit notamment l'un des plus anciens tableaux corporatifs connus en Hollande : la Confrérie des arquebusiers d'Amsterdam (1529, Amsterdam, Rijksmuseum). Ses portraits, si scoréliens d'esprit, se distinguent toutefois par une plus grande importance accordée au paysage, sur le fond duquel se détachent les modèles, et s'imposent par la fermeté du dessin et la franchise un peu austère du coloris. Comme d'excellents exemples de l'art de Dirck Jacobsz, on citera l'attachant Portrait de femme (musée de Besançon), jadis attribué à Scorel, les Volets de retable de 1530, représentant des donateurs (Stuttgart, Staatsgal.), ou le portrait du marchand d'Amsterdam Pompejus Occo (v. 1534, Amsterdam), où le modèle se détache très lisiblement sur un fond de paysage imaginaire. Dirck Jacobsz apparaît ainsi comme l'un des meilleurs représentants de la jeune école amsterdamoise du XVIe s.

Jacomart (Jaime Baço, dit)

Peintre espagnol (Valence v.  1411  – id. 1461).

Il travaille sous la protection du roi Alphonse V d'Aragon en 1460, et de son fils, Juan II. Un document nous indique qu'en 1442 le souverain l'appelle à Naples et le nomme " peintre de la Couronne ". Les nombreux privilèges qui lui sont accordés prouvent l'estime qu'on lui porte. À partir de 1451, il est de nouveau mentionné à Valence jusqu'à sa mort (1461). Les archives témoignent d'une abondante production, qui, malheureusement, ne nous est pas parvenue. On sait ainsi que, en 1441, il signe le contrat de retables pour l'église de Burjasot et pour la cathédrale de Valence ; en 1447, il décore 20 étendards aux armes royales ; en 1458, il est rétribué pour un Retable de sainte Catherine destiné à la chapelle du palais qu'il fait exécuter par un autre artiste, et en 1460 il commence le retable de l'église de Catí, seule œuvre conservée et documentée. Cependant, la personnalité de l'artiste pose encore de difficiles problèmes, car ce retable révèle une grande parenté stylistique avec le Retable de sainte Ursule, signé par Juan Reixach (Barcelone, M. A. C.), ce qui prouverait que Jacomart a de nouveau abandonné l'exécution d'une commande à son collaborateur. Il n'est plus possible de lui attribuer le Retable de sainte Anne, exécuté pour la chapelle funéraire des Borgia à Játiva, depuis la découverte d'un document (Archivio di Stato de Roma) établissant son paiement à Pedro Reixach en 1452.

   L'importance historique de Jacomart, attestée par les documents, justifie un rôle d'initiateur, qu'il est difficile aujourd'hui de définir faute de saisir avec certitude sa responsabilité personnelle dans les œuvres exécutées en collaboration avec les Reixach.

Jacopo di Casentino

Peintre italien (Florence 1297  – actif dans la première moitié du XIVe s.).

Mentionné dans un document en 1339 (il participe alors à la création de la compagnie de Saint-Luc à Florence), il signa " Iacobus de Casentino me fecit " un petit triptyque avec une Madone à l'Enfant en trône, les Stigmates de saint François et deux saints, et la Crucifixion (Offices). Ses œuvres les plus importantes, la Madone en trône entre les deux saints Jean et des anges (Florence, tabernacle de l'Arte della lana) et le Retable de San Miniato avec des scènes de la vie du saint (Florence, S. Miniato al Monte), sont d'une époque antérieure. Elles mettent en évidence une culture encore archaïque, qui reste fidèle au giottisme de l'époque d'Assise, donc du début du trecento. Les œuvres plus tardives de Jacopo di Casentino (Madone à l'Enfant, S. Stefano à Pozzolatico ; petit polyptyque autref. dans la coll. O. Bondy à Vienne : Madone et saints du Städel. Inst. à Francfort) présentent certains traits qui le rapprochent de l'art plus minutieux et plus délicat de Bernardo Daddi.

Jacopo di Cione

Peintre italien (documenté à Florence de 1365 à 1398).

Frère d'Andrea (Orcagna) et de Nardo di Cione, on sait qu'en 1368 il est chargé de terminer le Triptyque de saint Matthieu (Offices), commencé par son frère Andrea. Le passage stylistique de cette œuvre à d'autres peintures qui lui sont attribuées — comme le grand retable avec le Couronnement de la Vierge et des Scènes de la vie du Christ, peint pour l'église S. Pietro Maggiore (Londres, N. G.) de 1370-71 (prédelle partagée entre plusieurs musées, à Providence, Philadelphie, Rome et Madrid), ou le Couronnement de la Vierge (1372-73), peint pour la Zecca, auj. à l'Accademia de Florence — reste quelque peu difficile à expliquer. Sous l'influence probable de Giovanni da Milano, l'artiste tend en tout cas, dans ces œuvres, à adoucir et à orner la tradition figurative des Orcagna. Mais ses formes restent incurablement dures et annoncent directement celles de Niccolò di Pietro Gerini, avec qui il collabora.

Jacquand (Claudius)

Peintre français (Lyon 1803  – Paris 1878).

Élève à Lyon de Fleury Richard, il se fixa à Paris en 1824. Lithographe à ses débuts, il se spécialisa par la suite dans les compositions historiques profanes (Thomas More en prison, 1827, musée de Lyon ; Ribera à Naples, 1839, musée de Nantes ; Marie de Médicis chez Rubens, id. ; le Pérugin chez les moines, musée de Dijon) ou sacrées. Il participa à la décoration de la salle des Croisades au château de Versailles et exécuta des tableaux pour des églises parisiennes : Saint-Philippe-du-Roule, Saint-Jacques-du-Haut-Pas.

Jacque (Charles)

Peintre français (Paris 1813  –id.  1894).

Il reçut une première formation de graveur, le plus souvent inspirée par les Néerlandais du XVIIe s. Venu à Barbizon en 1849, il y resta six années, qui comptèrent parmi les plus fécondes de sa production (Bœufs à l'abreuvoir, 1849, Orsay). Il assimila avec bonheur l'exemple de Millet et de Rousseau (Moutons à l'abreuvoir, musée de Reims). La rupture de son amitié avec ces peintres le livra à lui-même. Il se confira alors dans un art plus sec, renouvela peu son inspiration et donna les innombrables scènes de bergerie qui firent sa réputation (la Grande Bergerie, 1881, Orsay) et lui valurent d'être représenté dans toutes les collections européennes et américaines regroupant les peintures de l'école de Barbizon.