Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Cagli (Corrado)

Peintre italien (Ancône 1910  – Rome 1976).

Formé d'abord dans l'ambiance de la " Scuola romana ", il séjourne ensuite à Paris et à New York. Depuis 1948, il s'est fixé à Rome. Ses premières œuvres (1930), de tendance cubiste, s'insèrent dans une structure classique et figurative en y intégrant des éléments repris de la Renaissance italienne. S'opposant à la rhétorique du mouvement Novecento, sa peinture, narrative, traduit des mythes modernes en de vastes compositions : fresques, détrempes, mosaïques (fontaine monumentale de Terni). Le problème des rapports entre peinture et architecture l'a toujours préoccupé, et les données de son art s'y prêtaient, étant nées d'exigences formelles et expressives et d'un goût poussé pour l'expérimentation technique ; l'artiste est en effet hostile à toute concession intimiste ou sentimentale. À partir de 1933, Cagli exécuta plusieurs cycles pour des édifices publics, que le régime fasciste détruisit en partie : œuvres pour la Mostra edilizia (Rome, 1933), Course des Barbares (Castel dei Cesari), décorations pour la Quadriennale de Rome (1934) et pour les Triennales de Milan (1933, 1937). Il décora également le pavillon italien de l'Exposition internationale de Paris (1937) et, en 1960, peignit la fresque du palais de l'E. U. R., à Rome.

   Après la guerre, il pratique une peinture de caractère fantastique, où alternent les modes abstrait et figuratif. Son goût pour l'étrange le conduit à une forme de Surréalisme néo-métaphysique qui, à l'exemple des " frottages " de Max Ernst, se développe à partir des possibilités techniques du matériau et où hasard et maîtrise interviennent au même titre. Une iconographie complexe, utilisant des symboles ésotériques ou des alphabets primitifs, constitue le fondement des cycles de cette période (les Tarots, Motifs cellulaires, les Empreintes, 1949-1950), résultats de continuelles recherches d'ordre technique : papier collé, empreintes à l'emporte-pièce, éclaboussures (les Métamorphoses, 1957 Papiers, 1958-59). En 1959, il donne une série de sculptures, puis des encres de couleur (les Siciliennes, 1962-63).

   Cagli a participé à de nombreuses expositions (Rome, Milan, Paris, États-Unis ; deux expositions personnelles à la Biennale de Venise en 1952 et 1964) et remporté le prix Marzotto (1958).

Cagnacci (Guido)

Peintre italien (Sant'Arcangelo di Romagna 1601  – Vienne 1663).

En 1627, il résidait en Romagne, où il laissa quelques peintures religieuses (Madone et saints, Rimini, S. Giovanni Battista) dont le style affirme de nettes tendances naturalistes. On peut donc supposer qu'il étudia, à Rome où il semble avoir été l'élève du Guerchin, l'œuvre de Caravage et de ses disciples. En 1644, il met en place 2 grandes toiles (Gloire de saint Mercurial ; Gloire de saint Valérien) dans la cathédrale de Forlì (auj. à la pin.). Il se rend ensuite à Venise v. 1650, puis à Vienne, v. 1660, où il est appelé par l'empereur Léopold et où il meurt en 1663 (et non en 1682, comme on l'a cru longtemps). On conserve de sa dernière période d'activité de nombreuses toiles, dont les sujets profanes et sensuels (nus féminins) sont empreints de naturalisme (Mort de Cléopâtre, Milan, Brera et Vienne, K. M. ; Mort de Lucrèce, musée de Lyon), mais aussi d'une poésie subtile (Conversion de Marie-Madeleine, Pasadena, Norton Simon Museum). Une rétrospective a été consacrée à Cagnacci à Rimini, en 1993.

Cagnaccio di San Pietro (Natale Scarpa, dit)

Peintre italien (Desenzano 1897 – Venise 1946)

Marqué par le Futurisme à ses débuts, Cagnaccio di San Pietro se rapproche après 1920 de la peinture figurative et du " réalisme magique ", en particulier de Casorati et de Funi. Il porte l'accent sur la rigueur de la composition, la précision du dessin, la densité des volumes dans ses œuvres qui comportent essentiellement des nus, des portraits et de quelques natures mortes. Son tableau Enfants jouant (1925) étonne par son utilisation de la perspective en vue plongeante, son attention portée aux détails, sa lumière froide et brutale et l'hiératisme des attitudes. L'Orgie (1928) reprend les mêmes principes dans l'expression d'un sujet où perce un point de vue moral. Cagnaccio di San Pietro s'est tenu à l'écart du Novecento, mais l'acuité de sa vision l'a rapproché de la Neue Sachlichkeit allemande, en particulier de Christian Schad (Jeune fille au miroir, 1932, Rome, G. A. M.). Cagnaccio di San Pietro a participé à la Biennale de Venise en 1924-1926 et 1930. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Venise, Museo Correr) en 1991.

Cahn (Marcelle)

Peintre français (Strasbourg 1895  –Neuilly-sur-Seine 1981).

Ayant étudié à Berlin dans l'atelier de Lovis Corinth et fait connaissance des œuvres des artistes du Sturm avant 1914, elle s'est rendue après la guerre à Zurich, où elle a rencontré en 1923 Edvard Munch. Elle vint s'installer ensuite à Paris et suivre les cours de l'Académie moderne dans l'atelier de Fernand Léger et d'Amédée Ozenfant. Influencée par le Purisme, elle crée un style personnel (Femme et voilier, M. A. M., de Strasbourg) qu'elle va conduire jusqu'à l'Abstraction (Composition abstraite ou Le Lavabo, 1925, musée de Grenoble). Elle rencontre Mondrian, se lie avec Jean Arp et en 1930 devient membre du groupe Cercle et carré, formé par Michel Seuphor et Torres-Garcìa en 1929. Peu après, elle quitte Paris pour Strasbourg.

   À la fin de la guerre, elle s'installe de nouveau à Paris et participe régulièrement au Salon des réalités nouvelles fondé en 1946, où elle montre des compositions abstraites fondées principalement sur l'utilisation de lignes noires continues qui créent des rythmes et engendrent des formes sur un fond blanc.

   Au cours de ses dernières années, elle s'est consacrée à la pratique du collage dans un esprit très constructiviste et a réalisé de petits assemblages dans l'espace, dont il sera exécuté, en 1976, une sculpture au format monumental dans le collège d'Is-sur-Tille (Côte-d'Or). Une exposition itinérante organisée par le C. N. A. C. (1972-1974) a confirmé la personnalité de cette artiste modeste mais authentiquement originale par le style très pur qu'elle a atteint dans la création abstraite.

   Elle est représentée notamment à Paris (M. N. A. M.) et dans les musées de Strasbourg, de Lille et de Grenoble.