Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Münter (Gabriele)

Peintre allemand (Berlin 1877  –Murnau 1962).

À Munich en 1901, elle suit les cours du Kunstlerinnen-Verein avant d'opter en 1902 pour l'école de Die Phalanx et elle est l'élève de Kandinsky, dont elle restera l'amie jusqu'en 1916. Elle est membre de la Nouvelle Association des artistes de Munich et du Blaue Reiter, et sa principale période d'activité est parallèle à celle de Kandinsky. L'artiste subit pourtant peu l'influence de ce dernier et s'exprima dans un style non sans analogie avec celui de Jawlensky, où les lisières noires de formes très simples contribuent à l'exaltation d'une couleur parfois claire, plus souvent en tonalités sourdes et rapprochées (Rue de village en hiver, 1911, Munich, Städtische Gal.). Le Cubisme l'incita ensuite à durcir son dessin et sa composition (l'Homme au fauteuil, 1913, Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen). En 1927, elle rencontre le philosophe et historien d'art Johannes Eichner, qui lui redonne confiance dans son activité artistique. Elle se retire définitivement à Murnau en 1931.

   Gabriele Münter revient alors à une manière plus souple et chaleureuse (Nature morte au cheval blanc, 1935, Munich, Städtische Gal.). Elle a légué au Lehnbachhaus de Munich nombre de ses œuvres et celles que Kandinsky lui avait laissées.

Munthe (Gerhard)

Peintre norvégien (Elverum 1849  – Lysaker, près d'Oslo, 1929).

Il se forma dans les académies des peintres Johan Fredrik Eckersberg et Knud Larsen Bergslien, à Oslo (1870), puis chez son parent Ludvig Munthe, à Düsseldorf (1874-1876) et enfin à Munich (1877-1882), où il étudia en solitaire les paysages hollandais du XVIIe s. Ses premiers paysages de la Norvège orientale, peints dans des tons assourdis où dominent les gris, représentent des scènes de la vie quotidienne. À partir de 1880, ses couleurs s'éclaircissent, deviennent plus lumineuses et riches (la Moisson, 1884) ; en 1886, il rejoint Harriet Backer, Werenstiold et d'autres peintres d'atmosphère de " la ferme de Fleskum ", mais il reste plutôt fidèle au Naturalisme : Soir à Eggedal, 1888 ; le Jardin du paysan, 1888 ; Printemps, 1889, Oslo, Ng. Un tout autre aspect de son art apparaît dans des compositions (exposées en 1893) où il exploite des motifs tirés de vieilles ballades, de légendes et de contes norvégiens, le plus souvent librement interprétés, en mettant l'accent sur le rôle décoratif de la surface et la sonorité suggestive de la couleur. Dans ce style volontiers archaïsant, Munthe décora, de 1910 à 1916, la grande salle d'un bâtiment gothique, le Håkonshall de Bergen (détruit en 1944). Il dessina des ex-libris et illustra plusieurs ouvrages, notamment les " sagas royales " norvégiennes de Snorre Sturlason (1896-1899), ainsi que des chansons populaires. Il a également peint des projets (tapisseries, meubles) dans un style proche du Jugendstil, et cette contribution fut déterminante pour l'évolution de l'art décoratif norvégien du XXe siècle.

Mur (Ramón de)

Peintre espagnol (documenté de 1412 à 1435 dans la région de Tarragone).

Son style, malgré son archaïsme, se rattache au Gothique international. Cet artiste indépendant, doué d'imagination, utilise un coloris parfois surprenant. Ses longues silhouettes d'un graphisme précis s'apparentent davantage à la peinture franco-flamande qu'à celle de ses contemporains catalans.

   Son œuvre principale est le Retable de Guimerá (v. 1412, musée de Vich), dont les panneaux représentent des Scènes de l'Ancien Testament et des Scènes du Nouveau Testament ; on y décèle le sentiment de la nature (Buisson ardent, Caïn et Abel) ainsi qu'un réalisme pittoresque (Passage de la mer Rouge). Ramón de Mur serait également l'auteur du Retable de la Vierge de Cervera (panneau central : Barcelone, M. A. C.) et du Retable de saint Pierre de Vinaixa (v. 1420, musée de Tarragone).

Mura (Francesco de)

Peintre italien (Naples 1696  – id. 1782).

Entré très jeune dans l'atelier de Solimena, il resta toujours fidèle à l'œuvre du maître. L'enseignement que lui offre le plafond de S. Domenico Maggiore, auquel Solimena travailla jusqu'en 1709, est fondamental dans la détermination de son goût pour la grande décoration fondée sur les " machines " scénographiques architectoniques. Avec le plafond de l'église SS. Severino et Sossio (Vision de saint Benoît, 1742), qui présente de remarquables solutions chromatiques. Mura, en reprenant le coloris solaire de Solimena dans des tons éclaircis, donne le meilleur de sa production.

   Il déploie ensuite ses dons de décorateur et de fresquiste dans les fresques du Palazzo Reale de Naples, dans celles de S. Giuseppe dei Ruffi et dans le cycle de Montecassino ; mais c'est sans doute au cours de son séjour à Turin (1741-42) qu'il s'affirme le plus heureusement. Les Scènes de la vie de Thésée, peintes au Palazzo Reale, mettent en évidence l'harmonieuse rencontre de l'élégante composition de Solimena et de la luminosité des dernières œuvres de Giordano. Le plafond de la Nunziatella, exécuté à Naples en 1751, laisse apparaître une tendance à l'académisme romain, issu de la manière de Maratta, de même que des œuvres immédiatement postérieures, comme les Allégories du palais Chierici à Turin ou l'Allégorie des Arts du Louvre, monumentales, aux couleurs claires et délicates. Dans la dernière période de son activité, cette influence le conduira à des formes d'orientation nettement classicisantes.

muralisme

Ce courant artistique du XXe s., essentiellement mexicain, est caractérisé par l'exécution de grandes peintures murales dont l'inspiration puise aux sources populaires et nationales.

   Se référant à la tradition de la peinture murale précolombienne et porté par le mouvement de revendication sociale issu de la révolution de 1910, le muralisme mexicain se donne pour ambition de créer un " art monumental et héroïque, humain et populaire " (Siqueiros). L'exaltation de la conscience nationale à travers le passé préhispanique et les héros de l'indépendance fournit les thèmes didactiques d'œuvres puissantes, souvent baroques et expressionnistes, destinées à des bâtiments publics. Né dans les années 20 (fresques collectives de l'École nationale préparatoire de Mexico, 1922-1925), le courant muraliste a encore permis quelques réalisations intéressantes après la Seconde Guerre mondiale (décoration de la cité universitaire de Mexico, 1952 ; Polyforum culturel de Mexico inauguré en 1972 [Siqueiros] ; fresques du Musée national de Mexico, du même artiste). Aux principaux artistes représentatifs de ce courant, Diego Rivera (1886-1957) auquel on doit la décoration de la salle des Actes de l'École nationale d'agriculture à Chapingo, José Clemente Orozco (1883-1949), qui décora notamment en 1939 la coupole de l'Hospicio Cabañas de Guadalajara, David Alfaro Siqueiros (1896-1974), il convient d'ajouter la démarche parallèle de Jesús Guerrero (1910-1973) et de Carlos Merida (1893-1984). L'influence de ce courant n'est pas absente des œuvres publiques commandées par l'administration des États-Unis d'Amérique à l'époque du New Deal (" Federal Arts Project ", 1934-1943). Depuis les années 70, un art mural populaire, presque toujours collectif, réapparaît aux États-Unis dans le contexte de luttes sociales et ethniques (Noirs, Chicanos, etc.) ; son esprit communautaire est caractéristique, tout comme dans les réalisations sud-américaines ou irlandaises. Des artistes américains ou européens (coopérative des Malassis) manifestent également un regain d'intérêt pour la peinture murale.