Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Codde (Pieter Jacobsz)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1599  – id.  1678).

Il aurait été l'élève de Hals, dont il subit en tout cas l'influence, travailla à Haarlem, à Leyde et surtout à Amsterdam, et ne peignit pratiquement que des réunions mondaines, et des scènes d'intérieur dans un genre très à la mode au début du siècle, installé par Buytewech. Sa production connue s'étend de 1625 à 1660, mais il date rarement après 1640. Citons la Danse (1627, Louvre), Joueurs de tric-trac (1628, Mauritshuis) et le tableau du musée de Lille, Étudiant dans son cabinet de travail ou le Fumeur (v. 1630-1633). En 1637, il termine la Compagnie des arquebusiers du capitaine Reynier Rael, dite aussi Compagnie maigre, laissée inachevée par Hals (Rijksmuseum), ce qui prouve qu'il avait aussi une certaine célébrité comme portraitiste.

   Maître de Willem Duyster, Codde, par le raffinement de son style et l'aisance aristocratique, sinon maniérée, de ses représentations — sa célèbre touche dite net, " lisse " — est, avec Dirck Hals, Jan Molenaer, Jacob Duck et Palamedes, l'un des " peintres de conversations " les plus caractéristiques du courant " monochromiste " de la première moitié du Siècle d'or. Chez lui, l'emploi de fonds jaunes clairs et d'un noir satiné pour les vêtements est remarquable.

Coebergher (Wengel ou Wenceslas)
ou Wengel ou Wenceslas Koeberger

Peintre et architecte flamand (Anvers 1561  – Bruxelles 1634).

Élève de Maerten de Vos en 1573, il séjourna à Paris en 1583, étudia ensuite la peinture, l'architecture et l'archéologie à Rome en 1598, puis peignit à Naples. De retour à Anvers en 1601, mentionné de nouveau à Rome en 1603, il est reçu maître à Anvers en 1604. Artiste cultivé, en lien de correspondance avec l'érudit français Peiresc, protégé par les archiducs Albert et Isabelle, il fut nommé en 1605 peintre, architecte et ingénieur de leur cour archiducale de Bruxelles. Son activité d'architecte fut considérable, alors que son œuvre peint s'arrête en 1615. Auteur de sujets religieux, il participa à Rome dès 1598 à la décoration de l'église S. Maria in Vallicella et peignit à Naples une Naissance du Christ en l'église S. Sebastiano. Wenceslas Coebergher fut un représentant notable du Maniérisme italianisant. La Mise au tombeau (1605, Bruxelles, M. R. B. A.) et le Saint Sébastien (peint pour les arbalétriers d'Anvers, auj. au musée de Nancy) se situent dans l'esprit de Maerten de Vos.

Coecke Van Aelst (Pieter)

Peintre, architecte et éditeur flamand (Aelst 1502  – Bruxelles 1550).

Selon Van Mander, il aurait été à Bruxelles l'élève de Barend Van Orley. Il visita l'Italie dans sa jeunesse et s'établit à Anvers, où il fut reçu franc maître en 1527. Là, il épousa la fille du peintre Jan Van Dornicke et travailla d'abord dans l'atelier de son beau-père, dont il prit la direction après la mort de celui-ci. Étant donné que les tableaux de cette première partie de sa carrière reprennent, sous une forme modernisée, les compositions d'un peintre anonyme qu'on désignait sous le nom de " Maître anversois de 1518 ", on est contraint d'admettre que celui-ci n'est autre que Jan Van Dornicke.

   Coecke n'a signé aucun de ses tableaux. Ils lui ont été attribués par comparaison de style avec quelques dessins signés ou portant son nom, avec le triptyque de la Descente de croix de Lisbonne (M. A. A.), authentifié par un document, et avec la suite de gravures connue sous le nom de Mœurs et Fachons des Turcs, qui fut éditée d'après les dessins que Coecke avait rapportés d'un long séjour en Turquie en 1533. Les tableaux les plus anciens, dont de nombreuses Adoration des mages (Prado ; Ségovie, église du Sauveur ; Bruxelles, M. R. B. A. ; Gênes, Gal. di Palazzo Bianco), plusieurs Sainte Famille (musées de Louvain et de Tours) conjuguent l'influence de Van Orley avec le maniérisme anversois du Maître de 1518, alias Jan Van Dornicke.

   À son retour de Constantinople, l'artiste adopte le style de la Renaissance et s'appuie sur les œuvres tardives de Raphaël et de ses disciples. Son dessin devient mouvementé à l'instar de celui de Giulio Romano, et ses figures sont empreintes d'une élégance maniérée. Parmi les tableaux marquants de cette époque (1533-1540), citons la Montée au Calvaire du musée de Bâle, le Jugement dernier de l'Escorial, les Adieux du Christ à sa Mère, du musée de Glasgow, Saint Luc peignant la Vierge, v. 1535-1540, du musée de Nîmes, deux volets avec des portraits et des saints au Prado, le Christ au Jardin des oliviers de l'Ermitage, et Triptyque de la Résurrection du musée de Karlsruhe.

   Les tapisseries dont il dessina les projets comptent parmi les plus remarquables de la Renaissance flamande. Trois suites sont connues : celle de la Vie de saint Paul, celle de l'Histoire de Josué (Vienne, K. M.) et celle des Péchés capitaux ; la première et la troisième ont donné lieu à plus d'une édition (Résidence et Bayerisches Nationalmuseum à Munich, Vienne [K. M.] et Patrimoine national d'Espagne). Coecke dessina également des projets de vitraux, et ses traductions, en flamand et en français, de cinq des Livres d'architecture de Serlio, qu'il édita lui-même à Anvers à partir de 1539, eurent un énorme retentissement. Il avait épousé en secondes noces Mayken Verhulst, peintre de talent ; leur fille épousera Pieter Bruegel l'Ancien.

   Dans le domaine pictural, Coecke fait figure de chef d'atelier, utilisant des assistants, d'où le mérite inégal des œuvres qui lui sont attribuées. L'aspect artisanal de la peinture l'intéresse moins que l'invention. Coecke se veut avant tout " artiste ". À ce titre, il peut être considéré comme le chef de file de la Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux. Il a assuré le passage du Maniérisme de la Pré-Renaissance, dit " Maniérisme anversois ", au Romanisme de la seconde moitié du siècle.

Coelho da Silveira (Bento)

Peintre portugais ( ? 1617  – ? 1708).

Cité pour la première fois en 1648, il séjourna peut-être en Espagne et succéda à Domingos Vieira dès 1678 dans la charge de peintre royal. Sa Descente de croix (1656, Lisbonne, coll. vicomte de Sacavem) semble influencée par l'œuvre de Josefa de Obidos. Dessinateur rapide et fécond, sa personnalité artistique est comparable à celle de son contemporain espagnol Matias Arteaga, disciple de Valdés Leal. Bien qu'il néglige les détails de l'exécution, ses peintures religieuses, dont les couleurs brillantes se détachent sur un fond sombre, ne manquent ni de verve ni d'intensité (le Christ apparaissant à la Vierge, l'Ascension, Lisbonne, église Saint-Roque ; la Cène, v. 1705, Évora, église Saint-Antoine).