Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Huysmans (Cornelis) , dit Huysmans de Malines

Peintre flamand (Anvers 1648  – Malines 1727).

Paysagiste, élève de Gaspar de Witte à Anvers, puis de Jacques d'Arthois à Bruxelles, il travailla à Malines et à Anvers. À l'aube du XVIIIe s., il renouvelle la conception flamande du paysage épique inaugurée par Rubens et illustrée ensuite par Jacques d'Arthois, Achtschellinck et J. Fouquières.

   Les paysages de Huysmans semblent hésiter entre tous les grands courants du paysage à la fin du XVIIIe s. mais finissent par en faire la synthèse sur un mode très lyrique : ses sombres vues sylvestres, animées de vifs effets d'éclairage que retiennent des motifs de rochers, des terrains sablonneux, sont peintes avec une belle vigueur d'empâtement, selon un style héroïque proche de Salvator Rosa ou de Dughet.

   Ses nombreux paysages de forêts sont conservés en Europe à Bruxelles, Anvers, Dresde (Gg), Copenhague, Ermitage, Louvre, Amiens, Caen, Le Havre, Strasbourg et Valenciennes.

 
Jean-Baptiste (Anvers 1654 – id. 1716) . Frère et élève du précédent, il est franc maître à Anvers en 1676. Ses paysages boisés, conservés aux musées de Bruxelles (M. R. B. A., 1697), d'Anvers (1700), de Stockholm (Nm), de Kassel, sont très proches de ceux de Cornelis, et leur production respective reste difficile à distinguer.

Huysum (les Van)

Peintres néerlandais.

 
Justus le Vieux (Amsterdam 1659  – id. 1716). Il fut élève de Berchem en 1675 et travailla surtout à Amsterdam. Il pratiqua presque tous les genres de peinture ; mais ses sujets favoris étaient les compositions florales (Ermitage ; musées d'Avignon et d'Anvers).

 
Jan (Amsterdam 1682 – id. 1749). Fils aîné de Justus, il fut son élève. Actif à Amsterdam, il peignit quelques Paysages arcadiens (Mauritshuis ; 1728, Amsterdam, Historische Verzameling der Universiteit ; 1717, Louvre) ou de rares natures mortes (Grappe de raisin, Amsterdam, musée historique). Mais il est surtout célèbre pour ses Bouquets de fleurs réalisés à partir de fleurs de différentes saisons, ce qui se traduit parfois au niveau de la signature, l'artiste apposant deux dates différentes sur l'œuvre. Parti du style de Mignon et de J. D. de Heem (première œuvre datée de 1706, à Hambourg, Kunsthalle), il orienta son art vers les compositions plus mouvementées et asymétriques (1722, Ermitage : 1726, Londres, Wallace Coll. ; 1736, Londres, N. G. ; Louvre [6 tableaux] ; 1735, Munich, Alte Pin. ; 1727, Glasgow Art Gal. ; Rijksmuseum ; Dresde, Gg), de goût rococo. Très apprécié dans toute l'Europe (il fut l'un des artistes les mieux payés de son temps ; chacun de ses tableaux se vendant plus de 1 000 florins) et fort imité en raison de son extrême habileté dans le rendu minutieux des fleurs et des plantes (Wybrand Hendricks, Jan Van Os, G. Van Spaendonck), Jan Van Huysum, comme Rachel Ruysch, marque — à la fois par ses tendances " baroques " et décoratives et sa facture aussi précise que froide — la fin du grand style floral. Toutefois, le dessinateur reste libre et large et mérite d'être apprécié. Il fut le premier à introduire un fond clair dans ses tableaux, ce qui permet aux bouquets de bien se détacher.

 
Il eut pour frères Justus le Jeune (Amsterdam v. 1684 – id. 1707) , qui fut peintre de batailles (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), Michiel (Amsterdam ?  – id. 1759) et Jacob (Amsterdam v. 1687-1689 – Londres 1740) , qui partit pour l'Angleterre en 1721 et y peignit des bouquets dans le style de son frère aîné Jan.

Hybert (Fabrice)

Artiste français (Luçon 1961).

Après des études scientifiques, Fabrice Hybert suit le cycle de l'école des Beaux-Arts de Nantes. Cette double formation le prédispose à une recherche sur les inventions et l'origine des formes. C'est dans les " peintures homéopathiques " réalisées entre 1986 et 1992 que se met en place l'ensemble de cette recherche. Conçues comme des œuvres de synthèse où s'accumulent des écritures, des dessins ou des photographies marouflés sur la toile, parfois gelés sous une couche dense de résine qui cristallise l'assemblage et unifie le projet, ces " peintures " fonctionnent sur la dynamique de la juxtaposition, du glissement, de l'hybridation. Elles racontent un récit elliptique, souvent difficile à déchiffrer, qui annonce le germe d'un projet d'entreprise suivant l'équation " un dessin, une entreprise ". À partir des formes recensées dans ses dessins, Hybert met en place une série de " prototypes d'objets en fonctionnement " (les POF) dont la diffusion sera gérée par les soins d'une société créée à cet effet sous le vocable d'UR (Unlimited Responsibility). Le M. A. M. de la Ville de Paris lui a consacré une importante exposition en 1994. Ceux de Saint-Étienne et de Strasbourg ont présenté en 1995 une exposition de ses peintures.

Hynais (Vojtěch)

Peintre tchèque (Vienne 1854  – Prague 1925).

Formé auprès de Feuerbach à Vienne (1870-1873), il visite l'Italie (1874) puis fréquente l'atelier de Gérôme à Paris (1878). En 1880, il contribue à la décoration du Théâtre national de Prague. Il travaille à plusieurs reprises pour la manufacture de Sèvres (1892) et est nommé professeur à l'Académie de Prague en 1893.

   Dans la première partie de sa carrière, il développe un style brillant, voisin de celui de Baudry et y mêlant la palette raffinée de Feuerbach (le Jugement de Pâris, 1892, Prague, Národńı Galerie). Par la suite, conservant une technique riche, utilisant une palette plus réduite mais d'une subtile poésie, il produit des compositions dépouillées qui sont parmi les images les plus prégnantes du symbolisme (Allégories de l'hiver, 1901, Prague, loge impériale du Théâtre national). Hynais est un peintre charnière entre peinture de tradition académique et Jugendstil. Dans son affiche pour l'Exposition d'art populaire de Prague (1895), une grande économie de moyens épouse parfaitement les exigences bidimensionnelles du médium.

Hynckes (Raoul)

Peintre néerlandais (Bruxelles 1893  – Blaricum 1973).

Après ses études en Belgique de 1907 à 1912, à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles et à celle de Malines, il se fixe en 1914 aux Pays-Bas. Jusqu'en 1924, il reste impressionniste, puis de 1924 à 1933, ses natures mortes le montrent influencé par le cubisme et, plus particulièrement, l'œuvre de Juan Gris (Nature morte aux verres, 1929, Amsterdam, Stedelijk Museum). À partir de 1933, il va devenir l'un des principaux représentants, avec Carel Willink et Pyke Koch, du réalisme magique néerlandais, et va privilégier le genre de la nature morte à laquelle se trouve toujours associée une tête de mort. Ses compositions, exécutées avec un rendu scrupuleux, sont marquées à la fois par l'influence de la peinture métaphysique et la représentation du thème traditionnel de la vanité. Son art culmine avec le tableau Chaînes (1934, Rotterdam, Museum Boymans Van Beuningen), qui montre sur la crête d'un mur un récipient dans lequel sont contenus des crânes, et Ex Est (Nature morte à la tête de mort, 1940, Amsterdam, Stedelijk Museum), qui représente dans une trappe d'égout une tête de mort au milieu de détritus : cette composition exprime bien à la fois sa vision tragique du monde et la déchéance de l'humanité. Raoul Hynckes est représenté dans de nombreux musées néerlandais.