Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Marstrand (Wilhelm)

Peintre danois (Copenhague 1810  – id. 1873).

Il se forma à l'Académie royale de Copenhague dans l'atelier d'Eckersberg. Il séjourna en Italie de 1855 à 1860. Sa production, assez anecdotique, fut abondante en peintures de genre et d'histoire, en portraits qui lui valurent le succès (Portrait de Hans Christian Ørsted, 1851, château de Frederiksborg). Des tableaux monumentaux de la cathédrale de Roskilde (1863-1866) le montrent sous un aspect de peintre officiel, tandis que les esquisses de Venise (v. 1854), au coloris vif et voluptueux, révèlent un tempérament romantique. Marstrand fut professeur (1848), puis directeur de l'Académie de Copenhague (1853-1859 ; 1863-1873).

Marti Alsina (Ramón)

Peintre espagnol (Barcelone 1826  – id. 1894).

Orphelin à huit ans, il fit des études universitaires et suivit les cours de l'école des Beaux-Arts de la Lonja de Barcelone. Sa vocation de peintre s'affirma très vite. En 1848, il part pour Paris, puis revient à Barcelone, où il est nommé en 1850 professeur à l'école des Beaux-Arts. Sa carrière fut très tourmentée, compliquée par une vie sentimentale orageuse ; il dut organiser presque industriellement sa production, dirigeant jusqu'à sept ateliers à la fois. Il ne renia pourtant jamais ses convictions, refusant la charge de peintre de la reine, démissionnant de son poste de professeur en 1870, après la promulgation de la constitution de 1869.

   Sa peinture, d'une matière généreuse et lourde, est largement représenté au M.A.C. de Barcelone. À côté des paysages catalans, des aspects urbains de Barcelone et de Paris, d'un tableau d'histoire comme la Compagnie de Santa Barbara au siège de Gérone, ses portraits, ses visages de paysans catalans, ses nus, d'une sensualité puissante, ses natures mortes affirment la vigueur d'un tempérament et d'un lyrisme naturaliste comparables à ceux de Courbet : la Sieste (Barcelone, musée d'Art moderne).

Martin (Agnes)

Peintre américain d'origine canadienne (Maklin, Saskatchewan, 1912-Taos, Nouveau-Mexique, 2004).

Elle commence à peindre à la fin des années 40, dans l'esprit de l'Expressionnisme abstrait, proche de celui qui est défini par Gorky, Rothko et Gottlieb. En 1958, elle expose pour la première fois à la gal. Betty Parsons de New York, alors que s'affirme sa démarche, caractérisée par une composition rigoureusement plane du tableau et une utilisation de la ligne pour elle-même et non plus pour souligner un contour. À partir de 1963, son travail atteint sa pleine maturité. Sur la toile peinte en blanc, ou sur du papier, Agnes Martin trace au crayon noir ou de couleur une grille régulière, constituée de lignes horizontales et verticales se coupant à angle droit, et dont le module, toujours rectangulaire, varie suivant l'espacement des lignes. Elle utilise toujours des formats carrés, dont les dimensions correspondent au mieux à l'amplitude normale du geste (généralement 183 cm pour les toiles, 22,5 cm pour les œuvres sur papier). En 1967, arrivée au point ultime de sa démarche, Agnes Martin cesse de peindre, se retire dans le désert du Nouveau-Mexique et ne reprend son activité qu'en 1972. Son travail prend alors une autre orientation. La toile, où une marge est laissée en réserve, est divisée en larges plages rectangulaires (4 ou 6) peintes dans deux gammes de couleur (rose et bleu) opalescentes et subtiles. Issues de cette recherche, les œuvres les plus récentes présentent simplement une division bipartite. Partant du réel, comme en témoignent les titres de ses tableaux (Grass, 1967, crayon vert sur papier, coll. Stedelijk Museum, Amsterdam), Agnes Martin tente d'en traduire l'essence, se basant sur une conception symbolique et métaphysique du monde. Défini par l'artiste elle-même comme classique, son travail assure la transition entre l'œuvre de peintres tels que Newman et Rothko et des recherches plus récentes comme celles de Sol Lewitt. Son œuvre est présenté dans les plus importants musées américains. L'artiste a exposé à Paris en 1973 et 1988 à la gal. Yvon Lambert. Une rétrospective lui a été consacrée (Paris, M. A. M. Ville de Paris ; Amsterdam, Stedelijk Museum) en 1991 et à New York, Milwankee, Miami, Houston et Madrid en 1993.

Martin (Henri)

Peintre français (Toulouse 1860  – Labastide-du-Vert, Lot, 1943).

Comme le montrent ses premières toiles et ses académies, ce Toulousain fut d'abord un fidèle disciple de Jean-Paul Laurens (Paolo di Malatesta et Francesca da Rimini aux enfers, 1883, musée de Carcassonne). En 1885, un séjour en Italie lui fit découvrir des paysages lumineux et l'équilibre serein de Giotto, mais l'artiste vit aussi les tableaux des Macchiaioli et de Cremona et rencontra Segantini, dont la singulière technique vermiculée et vibrante l'a sans doute autant influencé que le pointillisme de Seurat. Martin peignit dès lors par petites touches hachées et parallèles. Il réalisa en 1889 sa grande évocation historique de la Fête de la Fédération (Toulouse, faculté des lettres), puis il se tourna vers le Symbolisme, exécutant de préférence des toiles allégoriques aux figures poétiques, aux apparitions célestes parmi des arbres vaporeux (Sérénité, le bois sacré, 1899, musée d'Orsay). Son désir d'expression mystique (l'Inspiration, 1895, musée d'Amiens) transparaît aussi bien dans ses beaux portraits symbolistes (Portrait de Mme Sans, 1895, Toulouse, musée des Augustins) que dans ses décorations murales aux allégories élégiaques (1893-1895, Paris, Hôtel de Ville, salon d'entrée sud). Il avait choisi Jean-Paul Laurens et Dampt pour incarner la Peinture et la Sculpture.

   Henri Martin transformait ainsi la " modernité " en idées générales : Jean Jaurès et Anatole France devinrent aussi symboles dans les Bords de la Garonne (1906, Toulouse, Capitole) ou l'Étude (1908, Paris, Sorbonne).

   Henri Martin s'est également intéressé à la vie contemporaine plus populaire, peignant des paysans (les Faucheurs, 1903, Toulouse, Capitole ; les Vendanges, 1925-1928, et le Labour, 1929, Cahors, préfecture du Lot), des ouviers (le Travail, 1914, Paris, Palais de justice) ou les promeneurs du dimanche (le Luxembourg, 1935, Paris, mairie du Ve arrondissement).

   Ses œuvres sont alors de plus en plus marquées par le Fauvisme, et ses études de figures aux zébrures de couleurs pures ont une grande force (Gustave Charpentier, v. 1931, Paris, musée du Petit Palais). D'autre part, cet artiste fut un paysagiste très sensible aux couleurs et aux vibrations de sa terre languedocienne. Il a laissé de nombreuses évocations de villages perdus, de vieux clochers et de ponts croulants, en particulier des vues du gros bourg où il termina ses jours, de sa maison et de son jardin (le Village de Labastide-du-Vert, 1903-1909, musée de Lyon).