Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Fontana (Lucio)

Peintre et sculpteur italien (Rosario, Argentine, 1899  – Comabbio, province de Varese, 1968).

Il se forma à l'Académie de Brera à Milan. Intéressé par les techniques et les thèmes les plus divers, il recherche de nouvelles formes plastiques en utilisant des matériaux tels que porcelaine, céramique, terre cuite, bronze, béton armé, verre, matières plastiques ou phosphorescentes. Il réalise des sculptures figuratives (le Pêcheur, 1931, Milan, musée Civico d'Arte Contemporanea) qu'il poursuit pendant quelques années, non sans succès (Victoire de l'air, présentée dans le Salon d'honneur de la VIe Triennale de Milan en 1934). Parallèlement, il commence une série de sculptures abstraites (1934) et adhère en 1935 à l'association Abstraction-Création à Paris. Il exécute ensuite une série de céramiques à partir de 1936, qu'il poursuivra jusqu'en 1949, où, par instants, il s'exprime dans un langage figuratif marqué par un expressionnisme aigu. Sa première exposition personnelle eut lieu à Milan en 1930. Il participa dès lors aux plus importantes manifestations artistiques de l'avant-garde. De 1939 à 1946, il travaille en Argentine, où il rédige le Manifeste blanc (1946), puis, de retour en Italie, fonde le Mouvement spatial (" Movimento spaziale "). L'espace, le temps, l'énergie sont au centre de ses préoccupations. À partir de 1949, avec ses Concepts spatiaux, il renouvelle radicalement la méthode de conception et d'exécution d'un tableau. La surface de la toile ne sert plus à déposer des couleurs : c'est un espace monochrome qu'il faut faire exister en tant que tel et les seules actions permises ne sont plus additives mais, pour ainsi dire, soustractives : la perforation puis la lacération. L'espace naît d'un geste créateur qui lui donne son énergie et le met en mouvement. C'est de cette manière que Fontana a contribué après la guerre aux courants de l'Art informel (surgissement de la forme à partir du chaos) et de l'Abstraction lyrique. Il a étendu sa notion de concept spatial à la sculpture (sphères fendues : Concept spatial/Nature, 1959, Berlin N. G.) et a conçu, vers la fin de sa vie, des tableaux sur deux plans, le premier découpé dans un matériau rigide et le second étant une toile perforée (Concept spatial/Petit Théâtre, 1965, Milan, fondation Fontana).

   Il a de plus utilisé le néon pour quelques " décorations spatiales lumineuses " (Triennale de Milan, 1951 ; pavillon de l'Italie, exposition de Turin, 1961) et réalisé des environnements utilisant la lumière noire (Ambiance spatiale, 1967). La Biennale de Venise de 1966 lui a consacré une exposition personnelle. Des rétrospectives de son œuvre ont été organisées à Turin et Paris et Milan en 1972, ainsi qu'à Paris (M. N. A. M.) en 1987. Ses œuvres sont conservées dans des collections particulières et dans les plus importants musées (Rome, Milan, Amsterdam, Londres, New York, Buenos Aires) ainsi qu'à Paris (bronze, terre cuite, toiles au M. N. A. M.).

Fontana (Prospero)

Peintre italien (Bologne 1512  –id. 1597).

Excepté une formation dans l'atelier de Innocenzo da Imola, les activités artistiques de jeunesse de Fontana demeurent méconnues. Sa présence à Gênes, probable de 1528 à 1539, bien que discontinue, lui permet des contacts avec Perino del Vaga, Pordenone et Giulio Romano dont les influences sont déterminantes dans son évolution. À partir de 1544, il demeure une dizaine d'années à Rome où il bénéficie du soutien du pape Jules III. Il peint alors à fresque certaines salles du Castel Sant'Angelo (1544-1545), du belvédère (1551), de la villa Giulia et du palais Firenze (1553-1555). De sa rencontre avec Vasari à Rimini, vers 1547, résultent des œuvres intéressantes telles que l'Adoration des mages (musées de Berlin) et la Déposition (Bologne, P. N.) qui manifestent sa maturité stylistique, une fusion d'éléments toscans et romains, auxquels s'ajoutent des influences flamandes évidentes, notamment dans les paysages. Grâce à cette rencontre, Fontana collabore de 1563 à 1565 aux fresques du Palazzo Vecchio à Florence sous la direction de Vasari. Au début des années 1570, il travaille à Città di Castello où il remplace Doceno à la décoration du palais et du petit palais Vitelli à Sant'Egidio. Toutefois, la majorité de ses œuvres se trouve à Bologne : il succède à Pellegrino Tibaldi pour la décoration à fresque de la chapelle Poggi à San Girolamo Maggiore (Histoires de saint Jean-Baptiste à la voûte et les Évangélistes dans les pendentifs, 1561) que documentent les échanges culturels avec Fontainebleau où il a probablement séjourné en 1560. Fontana produit aussi de nombreux tableaux d'autel : Assomption et Annonciation (Milan, Brera), dans lesquels il adhère au climat de la Contre-Réforme, schéma auquel il reste attaché dans sa dernière phase d'activité.

 
Sa fille Lavinia (Bologne 1552 – Rome 1614) , commence sa carrière à Bologne (Saint François de Paule bénissant Louise de Savoie, 1590, Bologne, P. N.), puis travaille pour les églises S. Giacomo et S. Michele in Bosco. Marquée par le Maniérisme (Vénus et l'Amour, 1592, musée de Rouen), elle se spécialisa dans le portrait (Portrait de femme ; la Famille Gozzadini, Bologne, P. N. ; Portrait de franciscain, Modène, Pin. Estense ; Autoportrait, Offices ; le Sénateur Orsini, musée de Bordeaux) et connut de vifs succès, en particulier à Rome, où elle passa les quinze dernières années de sa vie.

Fontanesi (Antonio)

Peintre italien (Reggio Emilia 1818  – Turin 1882).

Après des études à Reggio et à Turin, les troubles du Risorgimento conduisent Fontanesi à Genève (1850), où il fréquente l'école du paysagiste romantique Alexandre Calame, au métier nerveux et brillant et dont il subit l'influence. Il s'en détache au cours de la décennie suivante sous l'impulsion d'expériences nouvelles, comme son voyage à Paris (1855) et sa rencontre déterminante avec Auguste Ravier (1858).

   Il peint alors des paysages larges et paisibles, que baigne une lumière dense et pathétique et dans lesquels on retrouve l'impression suscitée par les œuvres de Corot, de Daubigny et des peintres de Barbizon (l'Étang, le Matin, 1856-1858, Turin, Museo Civico).

   Ses œuvres de maturité sont marquées par une technique plus animée, par des compositions plus recherchées visant un effet de solennelle mélancolie et par une atmosphère dramatique obtenue par le jeu du clair-obscur qui n'est pas étrangère au souvenir des tableaux de Constable et de Turner, qu'il avait vus à Londres en 1866 (le Gué, 1861 ; Avril, 1872-73 ; l'Étable, 1872-73). Fontanesi est de retour en Italie en 1867 et obtient la chaire de paysage à l'Accademia Albertina de Turin (1869), où il travaille et enseigne jusqu'à sa mort (à l'exception d'un passage à l'Académie de Tōkyō en 1876-1878). La plupart de ses œuvres sont à Turin (Museo Civico).