Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Arias Fernandez (Antonio)

Peintre espagnol (Madrid v. 1614  – id. 1684).

Cet artiste madrilène, disciple de Pedro de las Cuevas en même temps que Pereda, connut une renommée précoce pour avoir peint à 14 ans le retable des Carmelitas Descalzos de Tolède, aujourd'hui perdu. En 1639, il participe au décor du salon des comédies de l'Alcázar de Madrid avec 2 portraits ; celui de Charles V et Philippe II (université de Grenade) annonce par sa conception monumentale et son modelé sec et sculptural ses œuvres postérieures : Sainte Marie l'Égyptienne (1641) et le Christ rassemblant ses vêtements (1645, Madrid, Carboneras). Son œuvre la plus célèbre, la Monnaie de César, (1646, Prado), rappelle, comme la Vierge et l'Enfant (id.), l'art de Maino par la netteté de la mise en page et ses couleurs claires et brillantes.

Arikha (Avigdor)

Peintre, dessinateur, graveur et écrivain d'art israélien (Rădăuţi, Roumanie, 1929).

Survivant d'un camp de concentration, il rejoint la Palestine en 1944 et sert dans l'armée tout en dessinant. À Paris en 1949, il s'inscrit à l'École des beaux-arts, visite l'Italie puis séjourne à Stockholm et à Londres. Il illustre Rilke, Lagerkvist, Gogol et Beckett ; il se lie avec ce dernier, dont il dessinera et gravera souvent le portrait, d'une durable amitié. À partir de 1958 sa peinture devient abstraite : dramatiques, ses toiles opposent des formes vives et anguleuses dans un coloris vibrant de rouges, de blancs, et surtout de noirs. Il reçoit alors des commandes pour des travaux décoratifs (tapisseries, vitraux, mosaïques). Après 1965, il abandonne la peinture, se tourne vers l'histoire de l'art et se consacre au dessin d'après nature et à la gravure. À la fin de 1973, il commence à peindre d'après nature (Anne de dos, M. N. A. M.). Il se consacre depuis à la peinture et au dessin, toujours vivement exécutés, le plus souvent en une seule journée : portraits d'Anne Atik, sa femme, de ses filles, de ses amis, autoportraits ; vues de son appartement et de son atelier ; natures mortes de tous types ; paysages de New York ou de Jérusalem ; modèles nus. Virtuose des techniques de la gravure, il élargit sa technique de peintre à l'aquarelle et au pastel. Tendus, vibrants, d'une belle saveur picturale et en même temps d'une totale rigueur, les tableaux d'Arikha témoignent, comme ses dessins à la fois énergiques, élégants et sensuels, de sa grande culture et de son intime connaissance des peintres du passé : historien d'art, il est l'auteur d'études et d'expositions consacrées à de nombreux peintres, dont Ingres et Poussin. Il expose régulièrement à la galerie Marlborough, à Londres et à New York. Les musées de Houston, de Dijon, d'Édimbourg, notamment, lui ont consacré des expositions. Il est représenté dans les principaux musées d'Israël, au M. N. A. M. de Paris (Marie-Catherine, 1982), à Marseille (Miroir dans l'atelier, 1987, musée Cantini), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Boston, Copenhague et Édimbourg (La reine mère Élisabeth, 1983, Scottish N. P. G. ; Lord Home, 1988, id.).

Arkhipov (Abraham Efimovitch)

Peintre russe (Egorovo 1862  – Moscou 1930).

Il étudie à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou de 1877 à 1888 et trouve rapidement dans la peinture de genre son moyen d'expression favori. Membre de la Société des Peredvijniki (peintres ambulants), il occupe une place importante en tant que peintre du peuple. Il est l'un des fondateurs de l'Union des artistes russes en 1904. Son œuvre se trouve justifiée par la nouvelle direction que prend l'art après la Révolution. Arkhipov adhère à l'A. K. R. R. (voir RÉALISME SOCIALISTE) en 1924. Il prolonge la tradition des Peredvijniki dans sa peinture de la vie agricole : Paysanne du gouvernement de Riazan (1928, Moscou, Gal. Tretiakov), le Petit Pâtre (1928, id.). A. Guerassimov et B. Ioganson se réclament de son enseignement.

Arman (Armand Fernandez, dit)

Artiste français naturalisé américain (Nice 1928-New York 2005).

Il étudie à Nice et à l'École du Louvre à Paris. Il cherche sa voie d'abord dans la peinture (Allures aux bretelles, 1959, musée de Nice), puis, en 1959, entreprend à Nice ses premières " accumulations " d'objets de séries enserrés dans des boîtes ou des vitrines et inaugure ainsi un nouveau mode d'appropriation du réel quotidien (Home, Sweet Home, 1960, accumulation de masques à gaz dans une boîte, Paris, M. N. A. M.). À ce titre, il participe en 1960 à la fondation du groupe des Nouveaux Réalistes, dont le critique Pierre Restany avait rédigé le programme. Après la manifestation du " Vide " réalisée par Yves Klein, qui proposait une exposition de murs vides, Arman lui oppose celle du " Plein ", en transformant la même petite galerie parisienne Iris Clert en poubelle remplie de détritus. Plus tard, Arman manifeste ses " colères " en brisant des objets ménagers ou des instruments de musique, dont il assemble les morceaux en panoplie (Chopin's Waterloo, 1962, Paris, M. N. A. M.). À la virulence expressive de ses compositions, surtout dans les " violons éclatés ", il associe un effet esthétique plus avoué que dans ses accumulations. Il est revenu à celles-ci dans les œuvres exposées au début de 1969 à Paris, gal. Sonnabend et Fels, où il exploite à des fins décoratives le thème des instruments du peintre : couteaux à palette, tubes de couleurs, pinceaux ; en revanche, l'accumulation de crucifix détériorés relève d'un humour désacralisant plus incisif. Dans les " accumulations Renault " (1969, Paris, musée des Arts décoratifs), l'objet industrialisé — et par excellence celui qui entre dans la construction de l'automobile — est traité comme un véritable matériau pictural par la manière dont il sollicite le sens visuel et tactile, une fois enchâssé dans le Plexiglas. De même, la saturation de la surface rejoint la technique américaine du " all over ", où la répétition du geste et du motif permet d'occuper entièrement l'espace (Feux arrière R4 dans Plexiglas).

   L'artiste a utilisé le ciment comme matériau d'enveloppe à partir de 1972. Dans les œuvres graphiques (Colères d'encre, 1972) voisinent des compositions à partir d'éléments mécaniques (roues dentées) ou d'objets (violons, crosses de violons).

   En 1976-77, Arman emploie un vocabulaire d'objets divers utilitaires, comme des outils (marteaux, pioches, scies), qu'il soude ensemble, échappant ainsi à la forme cubique. Dans les années 1980, l'usage du bronze entraîne une unification des matériaux, qui, s'éloignant largement du caractère critique et violent des premières accumulations, se figent dans les jeux de formes et de rythmes. À partir de 1987, dans des accumulations de brosses de peintre colorées sur des toiles, l'artiste est revenu, par l'intermédiaire de l'outil du peintre, au cadre du tableau. Arman a réalisé de nombreuses accumulations monumentales dans le cadre de commandes publiques, en France et aux États-unis : le Fossile mécanique de Dijon à l'Institut universitaire de technologie de Dijon, 1974, constitué de rouages industriels dans du béton ; l'Heure de tous et Consigne à vie, 1985, devant la gare Saint-Lazare, Paris ; Long Term Parking, 1982, Jouy-en-Josas, fondation Cartier, constitué de 59 voitures empilées sur 18 mètres de haut et prises dans 1 900 tonnes de béton. Une rétrospective de l'œuvre d'Arman a été organisée en 1983 par le musée Picasso d'Antibes.