Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Mastelletta (Giovanni Andrea Donducci, dit il)

Peintre italien (Bologne 1575  – id. 1655).

Ce peintre virtuose élève de Ludovico Carracci, est, au début du XVIIe s., l'un des derniers représentants de la veine romantique et fantastique du maniérisme que Nicolò Dell'Abate et Bertoja avaient exploitée avec tant de bonheur au XVIe s.

   L'expérience naturaliste, qui intéressa à divers degrés tous les artistes émiliens (et pas uniquement ceux qui ont été formés à la fin du XVIe s. et au début du XVIIe), ne le touche que pour lui faire acquérir une plus grande densité picturale, un sens de l'atmosphère plus vif dans ses fonds de paysages.

   Nostalgique évocateur du passé, Mastelletta est toutefois sensible à l'influence vénitienne de Tintoret et de Palma le Jeune, comme en témoignent les grandes toiles (Miracles de saint Dominique) pour l'église S. Domenico de Bologne, exécutées entre 1613 et 1615.

   Il doit surtout sa renommée à ses paysages animés de personnages, dans lesquels son esprit fantastique et inquiet se libère pleinement : série à la Gal. Spada à Rome, Paysage avec dames et cavaliers (Rome, Gal. Borghèse), Moïse sauvé des eaux (Modène, Pin. Estense), Repas au bord de la mer (Rome, G. N., Gal. Corsini), Adoration des bergers (Parme, G. N.), le Christ servi par les anges (Bologne, P. N.).

mastic

Dans le vocabulaire des restaurateurs de tableaux, matière plastique utilisée pour des remplissages ou des rebouchages isolés.

   Les mastics, de même composition que les enduits et de consistance très voisine, peuvent être utilisés comme apprêt : ils assurent l'adhésion des couches picturales aux supports. On peut leur incorporer des pigments de charge.

Matejko (Jan)

Peintre polonais (Cracovie  1838  – id.  1893).

Il fit ses études à l'École des beaux-arts de Cracovie (1852-1858), puis à Munich (1859) et à Vienne (1860). En 1873, il est professeur et directeur de l'École des beaux-arts de Cracovie et fait par la suite de fréquents séjours à Paris et à Vienne. Mis à part des portraits, presque toutes ses toiles (musée de Varsovie) sont consacrées à l'histoire de la Pologne, dont elles présentent un vaste panorama : Stanczyk (1862), le Sermon de Skarga (1864), Rejtan (1866), la Cloche du roi Zygmunt (1874). Ces œuvres — compositions monumentales et effigies des rois polonais (1890), dont les reproductions illustrent les manuels scolaires — sont très populaires. Depuis sa jeunesse, le romantique Matejko conçut son art au service de sa patrie, privée d'indépendance politique, et voulut éveiller, le pinceau à la main, le sentiment national. Loin de l'objectivité froide des peintres d'histoire de son époque, il évoque le passé historique, accusant les aristocrates au pouvoir d'être responsables de l'asservissement de la Pologne, partagée entre la Russie, l'Allemagne et l'Autriche (Stanczyk, Skarga, Rejtan). D'un style d'abord assez proche de celui de Delaroche, il brosse ensuite ses vastes compositions avec une force d'expression notable. En signe de reconnaissance du peuple polonais, un sceptre lui fut remis au château royal de Wawel comme symbole de sa primauté artistique (1878). La peinture murale qu'il exécuta en collaboration avec ses élèves J. Mehoffer et Wyspianski à l'église Notre-Dame de Cracovie en 1890-91 le désigne comme l'un des plus grands décorateurs polonais et l'initiateur de ce genre dans son pays. Les qualités picturales de l'artiste se révèlent surtout dans ses portraits, en particulier ceux de ses amis. Son Autoportrait (1892, musée de Varsovie) est considéré comme son chef-d'œuvre.

Mates (Juan)

Peintre espagnol (Villafranca del Panadés ? – Barcelone 1431).

Son activité est documentée à Barcelone de 1391 à 1431. L'identification, grâce à un document, peint entre 1411 et 1414 pour la cathédrale de Barcelone, (Retable de saint Martin et de saint Ambroise) a permis de lui attribuer par analogie un groupe de peintures dont certaines avaient été un moment rassemblées sous le nom du " Maître de Penafel " (Retables de saint Michel et de sainte Lucie, Barcelone, coll. Blavaria). Encore insuffisamment apprécié, Mates apparaît comme la personnalité la plus séduisante de l'école catalane, au temps de la domination de Borrassá. Parmi ses œuvres, on peut citer le Retable de saint Jacques de Vallespinosa (cathédrale de Tarragone), la Mise au tombeau (Barcelone, M. A. C.), le Retable de saint Sébastien (1417, Barcelone) et un Retable des deux saints Jean (partie centrale à Madrid, fond. Thyssen ; panneaux latéraux au musée de Castres et à la coll. Carreras Candi de Barcelone).

   Le goût de l'arabesque, de l'élégance décorative et une sensibilité parfois non dépourvue d'humour apparentent Mates à certains Valenciens et au Maître du Roussillon. Un retable de la main du peintre au musée de Cagliari (Sardaigne) prouve que sa réputation dépassa les frontières de la Catalogne.

Mates (Pedro)
ou Pedro Matas

Peintre espagnol (S. Feliu de Guixols ? – documenté à Gérone de 1512 à sa mort, en 1558).

Ses œuvres signées des capitales MTS, MAS ou M ont été regroupées un temps sous le nom du Monogrammiste catalan. Sa personnalité, aujourd'hui mieux définie, révèle un artiste parfaitement intégré dans le milieu artistique de Gérone, le foyer artistique le plus vivant de Catalogne dans le premier quart du XVIe s. où sont venus travailler les Flamands Perris de Fontaines, Ayne Brú, Juan de Borgoña et le Murcien Pedro Fernandez. Après le départ de ces artistes, Mates assume de nombreuses commandes dans toute cette région. Ses deux principaux retables, conservés au musée de Gérone, sont consacrés à la Madeleine (1526) et à la Vie de la Vierge ; celui de Saint Pierre est demeuré dans l'église de Montagut. Mates apparaît comme un narrateur habile à composer les scènes, à équilibrer les groupes avec un souci de mesure et d'harmonie. Fortement influencé par les gravures de Dürer, il prolonge surtout la tradition des grandes figures nobles et paisibles, telles que Huguet les peignait à Barcelone au siècle précédent. Mais il y ajoute l'espace, de beaux paysages verdoyants baignés de lumière ainsi que des architectures à l'antique.