Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Claesz (Allaert ou Aert) , dit aussi Aertgen Van Leyden

Peintre néerlandais (Leyde 1498  – id.  1564).

Formé dans l'atelier d'Engebrechtsz, Aertgen subit des influences diverses, notamment celles de Lucas de Leyde, de Vermeyen et de Heemskerk. La Nativité souvent copiée, dont Rubens possédait un exemplaire et dont des versions sont conservées à Cologne, Anvers, Saint-Pétersbourg et au Louvre, se rapporte probablement à sa jeunesse, v. 1525. L'influence de Heemskerck apparaît plus nettement dans la Résurrection de Lazare (Rijksmuseum) et dans le triptyque du Jugement dernier, peint en 1555 pour la famille Van Montfoort (musée de Valenciennes) et détermine son style tardif, tourmenté, dynamique et foisonnant.

Claesz (Pieter)

Peintre néerlandais (Burgsteinfurt, Westphalie, v. 1597  – Haarlem 1661).

Installé avant 1617 à Haarlem, où il travailla jusqu'à sa mort, Pieter Claesz, qui prit quelquefois le surnom de Berchem, fut le père du peintre Nicolaes Pietersz Berchem, né en 1620. Il est, avec Heda, le maître de l'école haarlémoise de nature morte de tendance " monochromiste ". Il peignit quelques Vanités, mais surtout des Déjeuners et des Banquets.

   Ses œuvres de jeunesse, exécutées de 1621 à 1630 env. (Nature morte, 1624, Rijksmuseum ; Vanitas, 1624, Dresde, Gg ; Nature morte aux instruments de musique, 1625, Louvre), sont assez proches de Floris Van Dyck et de Nicolaes Gillis ; la vision de haut en bas y est accentuée et les couleurs assez soutenues.

   Sa période véritablement " monochrome " s'étend de 1630 à 1640 env. : un des meilleurs exemples en est la Nature morte de 1636 (Rotterdam, B. V. B.), plus concentrée et plus cohérente, où les objets sont davantage liés et où la tonalité générale très sourde s'organise autour d'une gamme de gris-bruns.

   De 1640 env. jusqu'à sa mort, son style évolue sous l'influence de J. D. de Heem dans un sens plus décoratif et plus monumental, comme le montrent les Natures mortes de Bruxelles (1643, M. R. B. A.), des musées de Strasbourg et de Nantes (1644), de La Haye (1644, Mauritshuis) et de Londres (1649, N. G.). Par le raffinement et l'intimité de ses compositions, Pieter Claesz a ouvert, comme Heda, la voie à une nouvelle conception de la nature morte. Son œuvre a connu, de son vivant même, un grand succès et il a influencé de nombreux artistes, parmi lesquels P. Overschee et Jan de Bray.

Claeuw (Jacob de)

Peintre néerlandais (Dordrecht v.  1620  – id. [?] apr. 1676).

Beau-fils de Jan Van Goyen et beau-frère de Jan Steen, Jacob de Claeuw est cité en 1642 à Dordrecht, en 1646 à La Haye, où il est membre de la Confreria Pictura, et de 1651 à 1665 à Leyde. Il ne peignit que des natures mortes, d'abord influencées par Frans Ryckhals ; puis son style, aux couleurs riches et chaudes, s'orienta vers une description exacte d'objets rares et précieux, ce qui l'apparente à David Bailly ; citons la Nature morte aux fruits (Haarlem, musée Frans Hals) et les Vanitas (musée de Leyde ; Rijksmuseum ; musée de Karlsruhe, 1676). Son art eut une grande influence sur la formation de Van Beyeren.

clair-obscur

Peinture

On appelle clair-obscur la technique consistant à moduler la lumière sur un fond d'ombre, en créant des contrastes propres à suggérer le relief et la profondeur. De cette façon, les figures ou objets représentés sur une surface plane donnent l'illusion du relief en jouant, afin d'y parvenir par le savoir-faire technique de l'artiste, des passages subtils de la lumière à l'ombre pour modeler les formes. Léonard de Vinci et Giorgione ont été les précurseurs de ce procédé développé par Corrège et pratiqué notamment par Titien, Caravage, Velázquez, Rembrandt, Georges de la Tour, etc. Dans son Cours de peinture par principes (1708, nouvelle édition, Paris 1989) qui résume toute l'esthétique du XVIIe siècle, l'écrivain Roger de Piles (1635-1709) consacre un long développement au clair-obscur dans lequel il précise notamment que " la science des lumières et des ombres qui conviennent à la peinture est une des plus importantes parties, et des plus essentielles de cet art. "

Gravure

On appelle clair-obscur ou camaïeu les bois gravés et imprimés en plusieurs teintes au repérage. On distingue parfois le camaïeu, auquel les Allemands ont été fidèles, où une planche donne le dessin complet et les autres le relief, et le clair-obscur, où toutes les planches sont indispensables à la composition technique, méthode pratiquée notamment par Ugo da Carpi et Nicolo Vicentino. Mais cette distinction, concernant l'exécution plutôt que le procédé lui-même, ne se perçoit que difficilement. Le procédé semble avoir été mis au point en Allemagne entre 1507 et 1510 par Lucas Cranach et Hans Burgkmar ; Ugo da Carpi, dont la découverte est peut-être indépendante de la leur, en obtint le privilège à Venise en 1516. Dans une certaine mesure, les clairs-obscurs italiens imitent le lavis. Pourtant, les bonnes épreuves de la première moitié du XVIe s. s'en distinguent souvent par des couleurs assez vives (vert, violet, orangé), d'une évidente recherche. Les bistres dominent dans l'œuvre d'Andrea Andreani (v. 1600) et dans ses nombreuses réimpressions de bois anciens. Le clair-obscur, qui avait disparu avec Büsinck, connut un renouveau au XVIIIe s. (Zanetti, Skippe, J.-B. Jackson). Munch et les expressionnistes allemands ont pratiqué des bois gravés en couleurs, de tons parfois violents, d'un type tout à fait différent.

Clairin (Georges)

Peintre français (Paris 1843  –Belle-Île-en-Mer, Morbihan, 1919).

Élève de Picot et de Pils, il entra aux Beaux-Arts en 1861 et exposa à partir de 1866. Portraitiste virtuose (Mademoiselle de Villeneuve, 1875, Paris, musée des Arts décoratifs), intime de Sarah Bernhardt (Portrait de Sarah Bernhardt, 1876, Paris, Petit Palais), il fut un peintre d'histoire médiocre (Moïse sur la mer Rouge, 1884, musée de Nevers) mais un orientaliste habile au goût rutilant (Après la victoire ou les Maures vainqueurs en Espagne, 1885, Agen, hôtel de ville). Grand voyageur, il réalisa de nombreuses décorations assez enlevées, en particulier pour l'Opéra de Paris, où Charles Garnier lui confia l'exécution de 3 plafonds (1874), pour la Sorbonne et pour les théâtres de Cherbourg et de Tours.