Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Folmer (Georges)

Peintre et sculpteur français (Nancy 1895  – Neumühl 1977).

Après des études à l'École des beaux-arts de Nancy, il se fixe à Paris à la fin de la Première Guerre mondiale. Exposant régulier au Salon des indépendants et des Tuileries, Folmer réalise huiles et aquarelles figuratives, pour s'orienter ensuite vers le Cubisme. Sa rencontre avec Félix Del Marle, en 1926, lui permet d'entrer en contact avec les artistes de la revue lilloise Vouloir. Influencé par ses nouveaux amis, Folmer accentue le caractère géométrique des formes (Tête cubiste, 1930) et poursuit, de 1930 à 1938, l'élimination du sujet. En 1939, il est au côté de Frédo Sidès à la gal. Charpentier pour l'avant-première du Salon des Réalités nouvelles, qui ouvrira ses portes en 1946, et dont Folmer sera secrétaire général de 1956 à 1968. Les tableaux peints à partir de 1945 appartiennent pleinement au courant de l'art constructif : aplats colorés, absence de profondeur, division géométrique du plan, esthétique fondée sur les rapports purs de lignes et de couleurs (Triade, 1951 ; Ligne, 1952). L'occupation de l'espace conditionne la conception plastique de Folmer qui, dès 1945, amène ses œuvres dans la troisième dimension en réalisant ses premières Constructions spatiales. Se refusant à les appeler sculptures, il tente plutôt d'amener son art géométrique pictural à de nouvelles conditions, en lui trouvant des situations complémentaires dans l'espace. Toujours soucieux d'enrichir et de renouveler son langage plastique, Folmer introduit le mouvement dans ses œuvres à partir de 1963 (Rotopeintures, tableaux grilles, Rotocorps). Totalement intégré au milieu de l'Abstraction géométrique, Folmer jouera un véritable rôle de fédérateur et défendra le courant de l'art constructif face à la montée de l'art lyrique. Théoricien actif, il travaille à la synthèse des arts, dès 1951, au sein du groupe Espace, puis avec le groupe Mesure, qu'il fonde en 1960. En 1972, le Salon des Réalités nouvelles lui rend hommage lors d'une importante rétro-spective. Ses œuvres sont conservées aux musées de Grenoble, Nantes, Rennes, Cholet et Kaiserslautern (Allemagne).

Foltýn (František)

Peintre tchèque (Královské Stachy, Bohême du Sud, 1891  – 1976).

Il fit ses études à l'École des métiers d'art de Plzeň, à l'École supérieure des arts et métiers de Prague et fréquenta à Paris l'Académie Julian et celle de la Grande Chaumière. Vers 1922, il adhère passagèrement au large courant de l'art social et du réalisme poétique tchèques. Peu après, il retourne à Paris. Marqué par le Cubisme synthétique, Foltýn peint v. 1925 des tableaux où il associe des formes non figuratives à des éléments tirés du réel pour aboutir finalement à une peinture abstraite " pure ". Il devient membre des groupes Cercle et carré (1930) et Abstraction-Création (1932). Les compositions de cette période, en général dépourvues de titre, sont conservées principalement à la Gal. d'art de Moravie, à Brno. Rentré en Tchécoslovaquie en 1934, Foltýn reste quelques années attaché à cette conception de la peinture abstraite. Mais, au début des années 40, il revient progressivement au paysage et à la nature morte traditionnelle.

fond d'or

Dans la peinture du Moyen Âge (manuscrits ou tableaux de chevalet), or appliqué à la feuille ou en poudre sur toute la partie du subjectile dénuée d'illustration.

   Les peintres byzantins, qui ne pratiquaient pas la troisième dimension, se servaient de l'or comme fond et environnement aux figures divines. Les peintres du Moyen Âge continuèrent à utiliser les fonds d'or jusqu'à une période avancée. Les bords en sont généralement ornés de motifs gravés au poinçon. Encore au XIVe s. et au début du XVe le décor symbolisant l'espace était peint sur des fonds d'or. Ceux-ci ne furent abandonnés d'une manière presque définitive, au profit du paysage, que dans la première moitié du XVe s. L'or était appliqué sur une préparation spéciale de gypse et de colle, puis poncé à la dent de loup ou avec une agate.

fondu

Le fondu indique la manière dont les couleurs juxtaposées se mêlent et se confondent en diminuant progressivement d'intensité. La technique du fondu consiste à réduire en vigueur un ton sur ses bords, ou à juxtaposer deux couleurs que l'on réunit ensuite, à la différence des couleurs appliquées en plage, telles que les posaient les peintres " cloisonnistes ".

   Dans les différentes techniques du lavis, le fondu est obtenu en étendant la couleur avec de plus en plus d'eau.

Fontainebleau (école de)

Ce terme est couramment utilisé pour désigner un courant pictural né en France au XVIe s. autour du château de Fontainebleau. En fait, on l'applique surtout aux œuvres anonymes à sujets mythologiques et souvent licencieux, aux allégories compliquées qui relèvent le plus souvent du Maniérisme international et pas nécessairement de l'art bellifontain, remarque déjà justement formulée par L. Dimier en 1900 dans son ouvrage sur Primatice. Il importe donc de situer historiquement le problème que pose cette école.

Conditions historiques

En 1530, le roi François Ier appelle à Fontainebleau Rosso et lui adjoint, en 1532, un collaborateur de génie, Primatice. C'est sur le chantier des grands ensembles décoratifs du château que l'école de Fontainebleau va naître ; les comptes des Bâtiments du roi fournissent les noms des artistes adjoints à Rosso et à Primatice : des Italiens comme Pellegrino (arrivé en 1528, mentionné dans les comptes entre 1534 et 1536), qui travaillait surtout aux stucs, des Français comme Simon Le Roy (mentionné en 1534, 1535, 1536) et Claude Badouin (mentionné aux mêmes dates). La plupart des autres artistes cités ne sont guère pour nous que des noms, excepté le Français Charles Dorigny, l'Italien Juste de Juste (1505-1559) [un des derniers descendants de la célèbre famille de sculpteurs] et le Flamand Léonard Thiry (mentionné à Fontainebleau en 1536-1550). Les comptes citent les artistes classés, selon leur importance, en quatre catégories, et nous ne rappelons ici que ceux des premières catégories, évidemment les plus importants. Ces artistes travaillèrent aux " ouvrages de stuc et de peinture ", ce qui ne permet pas toujours de préciser s'ils furent exclusivement peintres ou sculpteurs, comme Barthélemy da Miniato, Nicolas Bellin de Modène (av. 1538), Claude Badouin, Virgile Baron (entre 1538 et 1548). À cette période apparaît le nom d'Antonio Fantuzzi, rangé parmi les peintres de quatrième catégorie. Dans la première catégorie, entre 1541-1550, avec les précédents artistes (sauf Baron), on rencontre Luca Penni, J. B. Bagnacavallo, Francesco Caccianemici, tous trois italiens, les Français Michel Rochetel et Germain Musnier. Dans la troisième catégorie figure alors le Français Antoine Caron ; après 1552 apparaissent les noms de Nicolò Dell'Abate et, après 1556, de Ruggiero de Ruggieri.

   Ces artistes, qui, sous la direction de Rosso et de Primatice, constituèrent l'école de Fontainebleau, réalisèrent les grands ensembles décoratifs du château, dont il ne reste plus aujourd'hui que la galerie François-Ier (1534-1537), la chambre de la duchesse d'Étampes (1541-1544), la porte Dorée et la salle de Bal (1552-1556).

Caractères essentiels

Les caractéristiques de l'école sont tout d'abord l'impératif du décor et, par conséquent, de l'ornement. Sa destination d'art de cour implique nécessairement des sujets recherchés, volontiers allégoriques, le plus souvent voluptueux. L'influence italienne y est prépondérante, imposée par ses créateurs, dont le style se rattache au Maniérisme, qu'ils illustrent. Cependant, l'importance du milieu, le goût du roi, la survivance du Gothique, la composition hétérogène des équipes où se mêlent Italiens, Français et Flamands ont, dès l'origine, nuancé cet italianisme. Intervient aussi de façon importante l'influence de la prestigieuse collection d'œuvres d'art rassemblée par François Ier au château, où les grands chefs-d'œuvre de Vinci, de Raphaël, d'Andrea del Sarto voisinaient avec de remarquables exemples de sculpture (Michel-Ange), d'orfèvrerie (Cellini), de tapisserie (d'après Giulio Romano) et avec une collection de copies et de moulages d'après l'antique.

   De l'origine décorative de l'école, outre l'importance de l'ornement, que nous avons déjà mentionnée, découlent deux autres caractères. La fresque donne le goût des couleurs claires, et l'abondance des projets confère au dessin une primauté que le rôle essentiel joué par la gravure souligne encore jusque dans l'aspect très linéaire des motifs.