Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Caillaud (Aristide)

Peintre français (Moulins, Deux-Sèvres, 1902  – Jaunay-Clan 1990).

Berger dans son enfance, il vint en 1937 à Paris pour se consacrer à la peinture, tout en pratiquant différents métiers, parmi lesquels celui de charcutier. Fait prisonnier durant la Seconde Guerre mondiale, il commença à dessiner dans un camp. De retour en France, il continue à peindre, attire dès 1946 l'intérêt de la critique et participe en 1949 à l'Art brut avec Dubuffet. Il réalise quelques expositions personnelles à Paris (1950, gal. Stiebel et gal. Barreiro ; 1954, gal. Craven) et participe en 1953 à la manifestation Paule Marot et ses amis au musée des Arts décoratifs de Paris, puis exécute des tapisseries pour les Gobelins (le Village). Attiré par l'art religieux, il réalise en 1952 le Triptyque de la Vierge pour la paroisse de Jaunay-Clan (Deux-Sèvres). Parmi ses tableaux d'inspiration religieuse, citons notamment la Mise au tombeau (1955), la Pêche miraculeuse (1956). L'art de ce peintre se rattache à celui des naïfs par son dessin cloisonné, sa composition encyclopédique, aux perspectives imaginaires, et par la richesse de ses couleurs émaillées appliquées en touches fines, claires, sur des fonds sombres. Les sujets sont variés, composites et légendaires, et se distinguent par une imagination fantastique d'une grande séduction : la Bergère (1954), la Route Napoléon (1955), Paris (1956), la Corrida (1957), l'Hélicoptère rouge (1957), Son œuvre est essentiellement présentée dans les coll. part. ainsi qu'au M. N. A. M. de Paris. Le musée du Donjon à Niort lui a consacré une exposition en 1986.

Caillebotte (Gustave)

Peintre français (Paris 1848  – Gennevilliers, Hauts-de-Seine, 1894).

Son père, juge au tribunal de la Seine, le laissa en possession, à vingt-cinq ans, d'une importante fortune, dont il profita pour se consacrer à la peinture et devenir le soutien des impressionnistes, violemment combattus. Il participe, en 1876, à la deuxième exposition de leur groupe (le Déjeuner) après avoir abandonné, l'année précédente, l'atelier Bonnat à l'École des beaux-arts. Son œuvre la plus connue fut longtemps les Raboteurs de parquets (1875, Paris, Orsay). Ses scènes d'intérieur et ses portraits (Jeune Homme au piano, 1876 ; Au café, musée de Rouen) s'apparentent à l'art de Degas, ses paysages à celui de Bazille, ses canotiers à celui de Renoir ; c'est dans ses scènes de la vie ouvrière et ses vues de Paris que s'affirme sa personnalité : Place de l'Europe, 1877, Chicago, Art Inst. ; les Peintres en bâtiment, 1877 ; le Jardin de Gennevilliers, 1893. Dès 1876, Caillebotte avait acquis des œuvres de ses amis impressionnistes. Il en possédait 67 en 1883, qu'il légua à l'État.

   Après de difficiles négociations, signe du divorce qui régnait alors entre l'art vivant et les pouvoirs officiels, seule une partie du legs fut finalement retenue (auj. au musée d'Orsay, Paris). Une rétrospective Caillebotte a été présentée (Paris, Chicago) en 1994-1995.

Cairo (Francesco)

Peintre italien (Milan, 1607  – id. 1665).

Héritier du style que Cerano, Morazzone et Procaccini créèrent en Lombardie, dans les trente premières années du XVIIe s., c'est surtout l'influence de son compatriote Morazzone qui marqua son œuvre de jeunesse et que l'on décèle dans un groupe de peintures déjà mentionnées en 1635 et exécutées ou Victor-Amédée II de Savoie (Christ au jardin des Oliviers, Lucrèce, Hérodiade, Sainte Agnès, Turin, Gal. Sabauda). On date de cette période 2 tableaux d'autel, composés pour les églises milanaises de S. Antonio Abate (Vierge en gloire) et de S. Teresa (Vision de sainte Thérèse, auj. chartreuse de Pavie), et de nombreux tableaux, commandes de particuliers ; la subtile perversion que dénote le choix des sujets y est parfois accentuée par un luminisme d'inspiration caravagesque (Judith, Sarasota, Ringling Museum). L'influence de Venise opère dans les œuvres de maturité de Cairo une profonde transformation stylistique, orientée vers le Baroque lombard et génois. Vers 1639, un voyage à Rome l'avait sans doute mis en contact avec la culture néo-vénitienne de Pierre de Cortone et de Sacchi et familiarisé avec certaines inflexions issues de la culture romaine, de Van Dyck et de Corrège. Sa Pala de la chartreuse de Pavie (1660) et sa Vision de saint Antoine (Plaisance, S. Teresa) comptent parmi les chefs-d'œuvre de la peinture baroque de l'Italie du Nord. Il est représenté à Turin (Gal. Sabauda) et à Milan (Brera).

Cajés (Eugenio)
ou Eugenio Caxés

Peintre espagnol (Madrid 1574  – id. 1634).

Fils de Patricio Cajés, artiste toscan († 1612) venu à l'Escorial, il représente, comme son ami Vicente Carducho, l'époque de transition du Maniérisme au Naturalisme baroque. Un séjour possible à Rome lui permit sans doute de connaître les œuvres du Cavalier d'Arpin et du Baroche. Malgré d'évidentes réminiscences du Corrège sensibles dans d'audacieux raccourcis (l'Étreinte à la Porte dorée, Madrid, Académie S. Fernando) et la suavité morbide des visages (Sainte Léocadie, Tolède, église S. Leocadia), il atteint une expression intense très personnelle (Christ au Calvaire, 1619, Madrid, couvent de la Merci). Ses personnages d'une corpulence un peu massive sont très caractéristiques avec un faciès aux traits un peu épais et des vêtements aux plis souples (Vierge avec l'Enfant endormi, Prado ; Adoration des Mages, musée de Budapest). Peintre de roi, il participa en 1634 au décor du salon des Royaumes du Buen Retiro et collabora maintes fois avec Carducho à l'exécution de fresques, de retables et de cycles (cath. de Tolède, Sagrario ; monastère de Guadalupe).

Calame (Alexandre)

Peintre suisse (Vevey  1810  – Menton  1864).

Élève à Genève de Diday, dont il sera le rival, il s'imposa dans les Salons parisiens par un métier nerveux et brillant (Orage à la Handeck, 1839, médaille d'or au Salon ; Genève, musée d'Art et d'Histoire) et fut l'un des meilleurs peintres romantiques des cimes alpestres (Paysage montagneux, Louvre). Il se perfectionna au contact des peintres de Barbizon, puis, en Hollande, par l'étude des paysagistes du XVIIe s., enfin en Italie sur les traces de Poussin et de Claude Lorrain. Qu'elles embrassent la majesté des sommets (Mont Rose, 1843, musée de Neuchâtel) ou la violence des éléments déchaînés (Orage à la Handeck, 1839, musée de Genève), ses œuvres s'ordonnent selon un jeu de contrastes lumineux qui donnent à ses paysages leur puissance dramatique. Au sein de ces chaos sublimes et insolites qu'il décrit dans un langage tourné vers l'effusion et l'angoisse, il sait apporter de subtils accords incandescents dans les lointains (la Vallée de Zermatt, 1854, id.). On lui doit aussi lithographies et eaux-fortes. Apprécié dans toute l'Europe, il eut une clientèle nombreuse.