Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Collin (Raphaël)

Peintre français (Paris 1850  – Brionne 1916).

Il fut élève de Bouguereau et de Cabanel, dans l'atelier desquels il côtoya Lepage, Cormon, Morot et Benjamin Constant. À son tour professeur à l'Académie Colarossi, il initia au pleinairisme de nombreux peintres scandinaves et le premier peintre japonais impressionniste, Kuroda, en 1886. Tout au long de sa vie, il entretient un goût privilégié pour le Japon, collectionne les céramiques nipponnes et peint lui-même des faïences de 1871 à 1889 pour Théodore Deck (musée de Limoges et Académie royale de Worcester). Décorateur, il réalise des panneaux pour la Sorbonne (Fin d'été), pour l'Hôtel de Ville (salon des Belles-Lettres : la Poésie, dont l'esquisse est au Petit Palais), pour l'ancien plafond du Théâtre de l'Odéon et pour le théâtre de Belfort. Peintre, il met en scène des idylles, des baigneuses, imposant une conception du nu peu académique mais très " Belle Époque " et pour laquelle il distille, en plus ou moins grande quantité, une gaieté et un chromatisme empruntés aux impressionnistes. Ses portraits, souvent du Tout-Paris, peuvent séduire par leurs qualités anecdotiques et surtout par leurs travaux préparatoires, dont deux sont au musée Rodin, avec leurs touches rapides. Graveur, il illustre Daphnis et Chloé (1890) — thème qu'il avait déjà peint en 1877 (musée d'Alençon) — et les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs (1906). Un ensemble de ses dessins et de nombreuses toiles ont été exposés à Tōkyō (1983, Ishibashi Foundation) dans le cadre de " l'Académie du Japon et les Peintres français ".

Collin de Vermont (Hyacinthe)

Peintre français (Versailles 1693  – Paris 1761).

Formé par Rigaud et Jouvenet, il séjourne à l'Académie de France à Rome (1716-1720) et est reçu à l'Académie en 1725 (Bacchus confié aux nymphes, musée de Tours). Comme Bertin, il reprend les compositions solides de Jouvenet, mais les traite dans un métier plus lâche (Annonciation, dessin au Louvre ; Pietà, 1740, Paris, église Saint-Merri) et donne volontiers un tour mondain à ses scènes d'histoire (Pyrrhus enfant, 1747, musée de Besançon).

Collins (Charles Allston)

Peintre britannique (Hampstead 1828  – Londres 1873).

Fils de W. Collins, il étudia à la R. A. et fut influencé notamment par Etty. Il se rapprocha des préraphaélites (Bérengère, alertée par la vue de la ceinture de Richard Cœur de Lion, son mari, offerte en vente à Rome, s'alarme pour la vie de celui-ci, 1850, City of Manchester Art Gal. ; Pensées de couvent, 1850-51, Oxford, Ashmolean Mus.) mais ne fut pas accepté au sein de la fraternité. Il continua cependant à peindre avec Millais et Hunt (la Bonne Moisson de 1854, 1855, Londres, V. A. M.) mais abandonna la peinture pour la littérature à la fin des années 1850. Il épousa alors une fille de Dickens, pour qui il illustra, en 1870, la couverture du Mystère d'Edwin Drood.

Collins (William)

Peintre et graveur britannique (Londres 1788  – id.  1847).

Élève de Morland, il entra comme étudiant à la R. A. en 1807. Nommé A. R. A. en 1814 et R. A. en 1820, il peignit des scènes rustiques et sentimentales, dont le Départ difficile (1815, Birmingham, City Art Gal.) et Heureux comme un roi (1836, Melbourne, N. G. ; esquisse à Londres, V. A. M.) sont les meilleurs exemples. Il pratiqua aussi l'aquarelle, notamment lors de ses voyages en France (Pêcheuse près de Boulogne, Vue d'Eu, Londres, V. A. M.) et en Italie (Une rue de Naples, la Villa d'Este à Tivoli, Vue de la côte près de Sorrente, id.), et se spécialisa dans les marines et les scènes de la vie des pêcheurs : Côte irlandaise (Dublin, N. G.), Seaford, côte du Sussex (Londres, V. A. M.), Jeunes Pêcheurs (Cambridge, Fitzwilliam Museum).

Cologne (école de)

Tirée de l'oubli par les romantiques (en particulier les frères Boisserée) au début du XIXe s., Cologne reste de nos jours la plus populaire des écoles allemandes. Si la critique actuelle ne montre plus l'enthousiasme des écrivains du siècle dernier — ceux-ci pensaient que Cologne avait concentré tout l'effort artistique du XVe s. —, elle reconnaît l'intérêt et l'originalité de cette école, qui donna, pendant plus d'un siècle, l'expression la plus complète de l'inspiration religieuse en Allemagne.

   Située sur la rive gauche du Rhin, au carrefour des routes de France, d'Allemagne et des Pays-Bas, l'ancienne Colonia Agrippinensis, forte d'une activité séculaire — à l'époque de Charlemagne, les arts de la miniature et de l'orfèvrerie y florissaient —, a été dès le Moyen Âge non seulement la ville la plus riche de la Basse-Allemagne, célèbre par le luxe de ses églises, mais surtout la métropole économique et religieuse des pays rhénans. Un clergé puissant, une aristocratie et une bourgeoisie opulentes et dévotes, des prédicateurs ardents — Maître Eckart, Johann Tauler, Heinrich Suso — contribuèrent à y créer un climat particulièrement propice à l'éclosion d'une école de peinture " contemplative et lyrique ".

   C'est à partir du début du XIVe s. que l'on peut suivre avec plus de précision l'évolution de l'art colonais. Durant la première moitié du siècle, plusieurs petits retables à volets anonymes (musées de Berlin ; Cologne, W. R. M.), rapprochés parfois de l'œuvre du miniaturiste Johannes von Valkenburg, montrent l'adhésion des peintres colonais au style gothique linéaire. La fin du XIVe s. et le premier quart du XVe sont dominés par la personnalité du Maître de Sainte Véronique (longtemps confondue avec celle d'un hypothétique " Maître Wilhelm "), adepte du " style doux ", manifestation germanique du style gothique international. L'influence de l'atelier de ce maître fut considérable, persistante et étendue jusqu'en Westphalie et en Basse-Saxe. Les couleurs claires, le modelé à peine indiqué, le mysticisme tendre de ses œuvres se retrouvent chez plusieurs excellents artistes (le Maître du Calvaire Wasservass) et surtout, liés au réalisme souabe, chez Stephan Lochner, au milieu du XVe s., le maître le plus célèbre de l'école de Cologne. Les Vierges de cet artiste, si elles sont moins immatérielles, moins ingénues que celles du Maître de Sainte Véronique, restent recueillies et suaves. Au lendemain de la mort de Lochner (1451), son prestige continuera de s'exercer, et les Colonais resteront fidèles à son goût de la somptuosité chromatique et à sa fraîcheur narrative, mais en se laissant fortement marquer par la manière flamande. Le style un peu raide de D. Bouts (dont un retable se trouvait à l'église Saint-Laurent) influence ainsi le Maître de la Légende de saint Georges, le Maître de la Passion de Lyversberg, le Maître de la Vie de Marie, le Maître du Diptyque de Bonn, familiers aussi de l'art de Rogier Van der Weyden, qui avait peint en 1451 une Adoration des mages pour l'église Sainte-Colombe. À la fin du siècle, le Maître de la Sainte Parenté, encore influencé par Lochner, le Maître de Saint Séverin, le Maître de la Légende de sainte Ursule, le Maître du Retable d'Aix-la-Chapelle et surtout le puissant Maître du Retable de Saint Barthélemy (qui a dû connaître les peintres d'Utrecht) donnent à l'école de Cologne un dernier éclat. Liés à l'esthétique flamande ou hollandaise, ces artistes font preuve d'une veine expressive pleine de saveur et d'un souci exceptionnel de perfection technique.

   Les dernières manifestations de la peinture colonaise portent l'empreinte, au XVIe s., des romanistes tels que Joos Van Cleve, Jan Joost Van Kalcar. Leur influence et celle de Derick Baegert, qui travaille à Wesel, déterminent l'évolution de Bartholomaus Bruyn, dernier nom à citer de l'école de Cologne, qui s'éteint avec le fils de Bruyn et Anton Woensam le Jeune.